Primaires de la droite : pour qui voter?
François Fillon et la droite fidèle
Tout au long des derniers mois, les médias français ainsi que les sondages ont placé Alain Juppé comme le candidat indiscutablement en tête de la primaire de la droite et du centre. En somme un rempart contre le Front National, rassembleur des français et porteur de la parole de l’identité heureuse. Mais qui est alors en face ? Nous avions tous prévu le retour de Nicolas Sarkozy mais voilà qu’il a dû faire ses adieux. Maintenant, c’est François Fillon qui conduit les primaires, et il est bien le seul à pouvoir mettre Marine Le Pen à l’écart de l´Elysée.
Un système politique affaibli
Après avoir tenu le coup de la surprise électorale, soutenir le maire de Bordeaux serait une erreur. Pour ceux qui s’en scandaliseraient, je peux vous l’affirmer : Marine Le Pen attend avec impatience qu’il remporte la primaire. D’après elle, Juppé serait un candidat transparent et clairement opposé aux thèses « patriotes », le symbole et l’incarnation d’un système que le FN combat avec acharnement. Ce système protège le candidat. D’un côté, il bénéficie d’un soutien indéfectible du centre, et d’un autre côté d’une gauche animée par le désir de participer à l’« open bar » des primaires rivales, pour faire pencher la balance–d´après BMTV, environ 15% des électeurs de gauche auraient participé. Bref, ce n’est manifestement qu’une dernière et désespérée opération suicide des traditionnels partis français qui s’effrondrent face à la lente recomposition de l’espace politique et à la montée farouche du populisme, et qui essaient pour autant de sauver les meubles Républicains.
La quête de la droite fidèle
Or, le choix pour les électeurs de gauche de se rallier au candidat du camp contraire est pénible et Juppé semblerait le seul en mesure de récupérer leur vote. Cependant, pourquoi personne ne questionne-t-il qui sera le candidat des primaires le plus à même de rallier d’abord la droite ? Il ne faut pas noyer le poisson dans l’eau en ce qui concerne la volatilité du vote, notamment sarkozyste, mais aussi d’un vote catholique identitaire qui est davantage preneur des positionnements FN. Hélas, bien que le facteur Juppé pourrait effectivement rallier certains secteurs de gauche, cela ne suffirait pas si en même temps il mettait à l’écart une grosse partie de sa famille politique. François Fillon est celui qui peut pour autant parvenir à tendre la perche aux fuites républicaines vers le Front National, pourvu qu’il calme les esprits dans sa famille politique. De surcroît, même si Juppé reste le favori parmi les électeurs de la gauche, selon les sondage, Fillon remporte quand même 52% de tolérance auprès d’eux.
En réalité, faute d’avoir une révolution inattendue dans la gauche française, la campagne présidentielle se joue à sa droite. Cette droitisation acheminée ces dernières années autour de l´axe identité-immigration-sécurité a d’un côté mis la gauche hors d’état de nuire et de l’autre, a même donné à l’extrême droite française une autre allure. Ainsi, 50% des Français interviewés dans le sondage Sofres en février 2016 ont exprimé leur accord avec l’affirmation « Marine Le Pen comprend les problèmes des Français ».
Un homme averti en vaut deux
A l’aune de la défaite des grands partis lors des élections européennes et lors du premier tour des élections régionales, il est nécessaire d’agir en conséquence afin d’éviter une surprise au cours de la prochaine élection présidentielle. Le laxisme rassembleur de Juppé et ses propos parfois naïfs quant au multiculturalisme risquent de briser la droite française et d’encourager largement la fuite souverainiste vers le FN. Cette crainte a déjà été exprimée lors du soutien de Nicolas Sarkozy à Fillon quand il a prévenu les électeurs de ne pas prendre la voie de l’extrême droite. Un homme averti en vaut deux.
Puisque voter Juppé en comptant sur la gauche est une épée de Damoclès qui peut se détourner le cas échéant. Regardez ce qui s’est passé aux États-Unis, où des swing states remportés ou très contestés par Bernie Sanders - dont en l´occurrence Michigan, Wisconsin et Iowa - ont finalement basculé vers le camp républicain. Comme Hillary Clinton, Alain Juppé ne peut compter à priori sur le soutien de la gauche dans un éventuel second tour présidentiel. Et compte tenu de la droitisation du débat en France, la candidature Fillon semble la plus rationnelle à l’égard de l’unité de son parti, mais aussi à l’égard de ceux qui s’étaient envolés vers le FN.
La gravité du moment fait appel à une droite forte et unie pour faire barrage au national-populisme de l’extrême droite. Une droite forte qui permet au même temps à la gauche de se recomposer et de tenir le coup dans l’élection présidentielle la plus importante de la Vème République. Pour tout cela, ceux qui le peuvent : Votez Fillon.
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