La question de l'indépendance catalane: quelles conséquences ?
Voici le point de vue de Micaela Holmberg, étudiante à Sciences Po Paris sur le campus de Poitiers, spécialisé sur l'aire hispanique.
Un référendum avec très peu de légitimité
Que se passerait-il réellement si la Catalogne venait à devenir indépendante, à créer un Etat ? Serait-il reconnu par l'ONU ? Pourrait-il entrer dans l'Union Européenne ? Que se passerait-il avec ceux qui étaient contre le référendum, qui ne sont pas allés voter ou qui ont voté non ?
De nombreuses questions soulevées
L'une des premières est probablement celle de la légitimité du référendum. Un référendum est un appel que peut faire un gouvernement à l'avis de la population. Dans un état fédéral, du type espagnol, chaque région ayant un certain degré d'autonomie peut organiser un référendum sous la condition que le gouvernement de Madrid le valide. La question se pose alors de savoir quoi faire si le référendum n'est pas autorisé. Est-ce dire que la voix du peuple n'est pas intéressante ? Ou est-ce simplement maintenir l'État de Droit en respectant la Constitution ?
Intéressons-nous au référendum catalan qui eut lieu le dimanche 1er octobre 2017. Ce référendum n'a aucune légitimité, il n'a aucune valeur. Selon le premier Ministre espagnol on peut même dire que "Aucun référendum n'a eu lieu en Catalogne". "Pourquoi ?" direz-vous alors. Parce que le gouvernement Catalan n'a pas respecté la Constitution fédérale en organisant le référendum alors que Madrid ne l'avait pas accepté. Ceci fait des organisateurs du référendum non des citoyens qui exercent leur liberté d’expression, mais des personnes commettant des délits en allant intentionnellement à l’encontre de la loi. C’est donc la responsabilité de l’État que de faire régner l’ordre et la loi en les arrêtant.
Ne pas laisser se dérouler ce référendum n'est pas dire que la voix des Catalans n'est pas intéressante ou qu'ils méritent moins que d'autres de s'exprimer ; c'est faire respecter la Constitution qui dit que l'Espagne est indivisible. De fait, les catalans se sont déjà exprimés à plusieurs reprises sur leur idée quant à l’avenir de la région : en 2012, puis en 2014 mais aussi à chaque fois qu’il leur a fallu élire un parlement. En 2014 comme 2017 beaucoup sont allés voter malgré l’opposition du gouvernement central. Alors qu’en 2014, 80,76% des voix étaient pour l’indépendance, en 2017, elles représentent 90,18%. Mais avec une participation d’un peu plus de 40%, quelle valeur peut-on vraiment accorder à ce résultat ?
Un futur incertain au sein de l’Union Européenne
Alors que le référendum en soi n’a pas de légitimité, une autre question semble aujourd’hui essentielle : que se passerait-il si la Catalogne sortait vraiment de l’Espagne ? Tout comme les conséquences du Brexit qui nous semblaient lointaines avant le référendum, les catalans ne réalisent peut-être pas les conséquences qu’aurait la validation du référendum. En quittant l’Espagne, la Catalogne quitterait aussi un grand nombre de traités internationaux et dirait non à beaucoup d’aides financières reçues par l’Espagne. L’État nouvellement créé ne serait en effet pas membre de l’Union Européenne (UE), n’aurait pas l’euro ni les aides européennes. Mais plus loin dans le futur que ces conséquences immédiates, la Catalogne pourrait-elle un jour rentrer dans l’UE ? Y serait-elle acceptée ?
Pour devenir Etat membre de l’UE, c’est le consensus qui fait la règle. En effet, les 27 Etats membres doivent être d’accord pour lancer le processus qui en règle générale dure des années. Qu’est-ce qui assure que l’Espagne et tous autres États membres ayant des conflits regardant leurs frontières accepteraient que la Catalogne y rentre ? Quel exemple est-ce que ça donnerait à la Corse, la Bavière et tant d’autres régions européennes ayant des aspirations autonomistes ?
Jean-Claude Juncker, Président de la Commission Européenne dit lui-même lors d’une intervention à une université au Luxembourg que si la Catalogne s’indépendantise, d’autres régions le feront et « je ne le veux pas ». De fait, selon lui une Union Européenne de 28, bientôt 27 États est difficile à gérer, une UE de 90 états serait impossible.
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