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Corruption « à la roumaine »

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Cristian David, ancien ministre libéral de l'Intérieur roumain, soupçonné de corruption, a été arrêté le 21 janvier dernier. Existe-il une corruption à la roumaine?

Un ancrage qui sclérose toujours le pays

01/19/2015 - 09:52
Le rapport de Transparency International pour 2014 situe la Roumanie en 69ème position, en termes de corruption avec un score de 43. Aucun changement chiffré par rapport à 2013 n’a pas été enregistré. Le nouveau président roumain Klaus Johannis a dorénavant déclaré la guerre à la corruption, mais ce défaut est déjà bien installé tant dans la société civile qu’au plus haut niveau politique.

La corruption en Roumanie serait un héritage de la période communiste sous le régime de Nicolae Ceausescu. Cependant, même après vingt-cinq ans de transition démocratique, les Roumains se détachent difficilement des vieilles habitudes. De plus, la Roumanie est couronnée constamment parmi les pays les plus corrompus de l’Union européenne. Si, du point de vue interne, l'Etat est appauvri par des pratiques de corruption à tous les niveaux; à l'extérieur cette corruption est devenue un instrument politique. Elle est utilisée par Bruxelles pour faire pression sur la classe politique roumaine, en vue de l’adhésion à l’espace Schengen.

Une société minée par la corruption

La corruption « à la roumaine » se ressent à plusieurs échelles. Si, dans des pays tels que la France ou le Royaume-Uni, les pratiques de corruption caractérisent le haut niveau économique ou politique; en Roumanie, ce mal est avant tout une habitude à haute fréquence populaire. Il n’est donc pas étrange de donner par exemple un bakchich lors d’une hospitalisation afin d’être mieux soigné, ou encore de faire des cadeaux aux enseignants dans les écoles publiques aussi insignifiants qu’ils soient.

Ces derniers temps, on découvre en Roumanie de nombreux hauts responsables politiques impliqués dans des cas de trafic d’influence, ou encore dans des détournements de fonds. Ces histoires d’argent sale ont touché l’ex famille présidentielle. En effet, le gendre et le frère de l’ancien président roumain Traian Basescu ont été accusés d'avoir recourru à des pots-de-vin et des trafics d’influence.

Les incarcérations ne surprennent plus les Roumains. Ils font confiance à la Direction nationale anti-corruption (DNA), un mécanisme créé en 2004 pour traquer des corrompus au plus haut niveau. Un bilan officiel montre qu’environ 1000 personnes ont été mises en détention pour des cas de corruption de haut niveau en 2013. Ce haut niveau inclut des ministres, des hommes d’affaires et même un ancien premier ministre – Adrian Nastase, qui a fait sa purge de deux ans de prison pour fraude électorale de 1,5 millions d’euros.

A côté de la DNA, le travail de vérification des hommes politiques et fonctionnaires publics est également mené par l’Agence nationale pour l’intégrité (ANI). Créée en 2008 à la demande de Bruxelles, cette agence cible la lutte contre la corruption via la prévention, la dénonciation et l'application des sanctions suite aux investigations menées.

Une tâche difficile à laver

Même si le diagnostic est donné, les mesures pour combattre la corruption restent plutôt palliatives. Le nouveau président roumain Klaus Johannis, élu en novembre dernier, a des objectifs nobles dans ce sens; mais n’oublions pas la responsabilité plutôt honorifique du siège présidentiel dans le régime semi-présidentiel du pays.

Les intentions rhétoriques du président roumain sont à relativiser, dans le contexte d’un manque de soutien des politiciens. C’est notamment le cas des parlementaires roumains qui ont voté en décembre dernier une « super-immunité ». Plus exactement, il s'agit d'une amnistie qui interdit la poursuite pour abus de pouvoir ou corruption des personnes politiques (députés et sénateurs), pendant leur fonction. Cet épisode est connu en tant que « mardi noir » de la démocratie en Roumanie. Bruxelles ne peut techniquement rien y faire, sauf peut-être calculer ce dérapage dans son rapport annuel de Mécanisme de Coopération et de Vérification (MCV), un mécanisme de suivi post-adhésion.

Ceci dit, il convient de mentionner l’instrumentalisation de la corruption par certains Etats membres de l’UE, afin d'exercer une pression politique sur la classe politique roumaine. Cette dernière devrait avoir un double intérêt à faire des progrès dans la lutte contre la corruption, vu les vetos français et néerlandais répétés contre l’adhésion dans l’espace Schengen du pays. Cette adhésion ne se base plus sur des questions purement techniques (sécurité des frontières, dont la Roumanie remplit apparemment les critères), mais essentiellement politiques.

De ce point de vue, tant le problème de la corruption que la question des Roms sont devenus des boucs émissaires pour empêcher l'adhésion du pays à l'espace Schengen. Cependant, il faudrait creuser ces réticences car du côté bruxellois les enjeux sont nombreux. Par ce réfus, malgré les engagements pris par le pays, l'UE veut aussi éviter une nouvelle frontière maritime pour l'espace Schengen. Celle-ci amènerait de nouveaux immigrants clandestins, et plus de forces déployées pour assurer le contrôle des côtes. L'UE veut aussi forcer la Bulgarie également à faire des progrès. Les deux pays ne sont pas séparés dans ce processus, même si cette séparation a été invoquée par Bucarest. Du côté de Bucarest, on entend parler d'une victimisation récurrente. 

Enfin, la justice roumaine mérite des éloges pour ses investigations, tout en reconnaissant le travail considérable qui s'annonce encore à faire. La stricte surveillance de Bruxelles permet de multiplier les enquêtes, mais des questions restent sans réponses. Comment prospérer et attirer des investissements dans une économie noire qui représente 31% du PIB national ? Comment démanteler des habitudes quotidiennes des Roumains? Comment l’Etat roumain récupérera-t-il ses pertes, sachant que les incarcérations devraient être accompagnées par de lourdes amendes? Enfin quels mécanismes devraient être mis en place pour des résultats accélérés ? Ce qui est sûr pour le moment c’est le ras-le-bol des Roumains.

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Comments

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J'ai lu cet article un ans apres,et je suis sideree de voir qu'il y a deja la marque "corruption a la roumaine".Comme la brie,le calvados,le chili,pour autres, pour nous, les roumains, c'est la corruption.Et les roms,bien sur.Rien sur nos qualites, personalites, createurs.Brancusi,Elvira Popescu,Cioran,Ionesco, Eliade,Zamfir,ils sont universels,bien sur,pas roumains.La Roumanie a invente la corruption et les roms.C'est tout.C'est triste et injuste.

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Le monde est injuste, en effet...
Toutefois, pour gagner le respect des autres, il faut commencer par se respecter soi-même!
Faites le ménage chez vous au lieu de pleurnicher sans cesse et jeter la faute sur les autres... sortez dans la rue et finissez-en avec la corruption, et on vous respectera beaucoup plus, j'en suis sûr.

Concernant les Roms, il faut prendre le taureau par les cornes: ils existent, c'est un fait! commencez par vous en occuper au lieu de les marginaliser et uniquement les montrer du doigt à chaque fois.
En Roumanie, on ne sait même-pas combien il y en a exactement...

*** Le respect se gagne, ne s'impose pas! ***

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