La gauche s'unit peu avant les élections
L’équipe échouée est de retour
Avec l’alliance électorale qui vient d’être formée par les forces de l’opposition, le renouveau de la gauche hongroise a échoué. Le gâteau proposé par la coalition politique récente a pour ingrédients principaux Attila Mesterhazy (MSZP, Parti Socialiste Hongrois), Gordon Bajnai (Együtt-PM, Ensemble 2014), Ferenc Gyurcsany (DK, Coalition Démocratique) et Gabor Fodor (Liberalisok, Parti Libéral Hongrois). Cerise sur la tarte, Gabor Kuncze, ancien chef du parti des démocrates libres ayant quitté la vie politique il y a plusieurs années vient de les rejoindre. Aucun visage nouveau donc sur la gauche de la scène politique, qui nécessitait pourtant une réforme complète après sa défaite fatale aux dernières élections législatives de 2010. Ceux qui se souviennent encore des événements politiques d’après 2006 ayant abouti à la baisse de popularité radicale de la coalition des socialistes et des libéraux, pourraient croire légitimement qu’une équipe de gauche comme celle-ci n’a aucune chance d’emporter les élections de 2014. Mais ceux qui se rappellent aussi des élections de 2002, doivent être conscients que la politique peut toujours réserver des surprises douloureuses. Même un gouvernement bien réussi au profit duquel tous les sondages prévoient un deuxième mandat peut échouer au jour des élections. Viktor Orban a déjà connu la situation de devoir vider son bureau de premier ministre le jour au lendemain même si pendant la campagne politique personne ne croyait qu’il fallait penser à préparer les cartons.
Avec Gyurcsány
En observant les événements politiques des mois et des années précédents, il paraît évident que Ferenc Gyurcsany reste loin le personnage le plus charismatique et le plus important de l’opposition. Il s’agit d’une situation paradoxale car c’est justement par son discours de mensonge (le fameux « discours d’Őszöd ») qu’il a prononcé en tant que premier ministre de l’époque que le déclin de la gauche hongroise a commencé. Après la victoire spectaculaire du Fidesz et l’échec total de la gauche en 2010, personne n’aurait pensé qu’en 2014, la gauche oserait attaquer les élections avec Gyurcsany. D’autant plus que jusqu’à récemment le MSZP et le Együtt-PM ont refusé d’accueillir l’ancien premier ministre échoué dans leur équipe. Il ne s’agissait pas seulement d’un refus passif, de nombreuses déclarations condamnant la personne et le comportement du chef du DK ont vu le jour même en fin 2013.
Mais Gyurcsany s’est engagé dans des actions spectaculaires qui lui ont permis d’une part de se trouver de nouveau au centre d’attention de la gauche hongroise et d’autre part d’affaiblir le binôme Mesterhazy-Bajnai. Il a su manœuvrer d’une manière tellement habile qu’il est devenu incontournable, tant que finalement Mesrterhazy et Bajnai se sentaient obligés de l’admettre dans l’équipe. Peu importe que c’est le nom d’Attila Mesterhazy qui figure à la tête de la liste, que celui de Gordon Bajnai y est deuxième, et que celui de Ferenc Gyurcsany n’arrive qu’après. Il est évident qui c’est ce dernier qui tient le gouvernail. C’est ce que révèle également l’interview donné par le trio Mesterhazy-Gyurcsany-Fodor dans l’émission « Egyenes Beszéd » de la chaîne hongroise ATV le 14 janvier dernier. Au studio, Gyurcsany était assis au milieu, et – malgré les tentatives de Mesterhazy – il a joué le rôle de l’intervenant principal. Il n’y a plus de doute : celui qui vote pour l’alliance de gauche vote pour Ferenc Gyurcsany. Et qui vote pour Gyurcsany, soutient le retour des mensonges, de la corruption, des tromperies et de l’incohérence gouvernementale. Car si la gauche prend le gouvernail, Gyurcsany va le tirailler sens dessus dessous jusqu’à ce que les trois officiers tombent de la cabine et joignent les matelots qui font tout ce que le capitaine demande.
Sans programme
Ce n’est pas seulement la personne de Ferenc Gyurcsany qui témoignent du manque de renouveau de la gauche en Hongrie. Il ne faut pas oublier qu’Attila Mesterhazy était secrétaire d’État du gouvernement Gyurcsany, tandis Gordon Bajnai était d’abord son ministre d’Économie avant de devenir en 2009, lui-même Premier ministre soutenu par le même parti. Ce dernier a profité de son gouvernement éphémère pour introduire des mesures d’austérité ayant lourdement pesé sur la population. Finalement, Gabor Fodor, l’ancien chef du parti SZDSZ (Alliance des Démocrates Libres) représente le partenaire de coalition traditionnel des gouvernements mentionnés. Aucun changement de figure, en fin de compte. Et les gouvernements de gauche précédents étaient tous caractérisés par l’incapacité et l’incohérence. Cela serait pareil pour les années à venir s’ils emportaient les élections de ce printemps. Car, en théorie, les membres de cette alliance qui se prend pour une coalition « qui va changer le gouvernement », à savoir le MSZP, le Együtt-PM, le DK et les Liberalisok, représentent des valeurs différentes dans les domaines clés telles que l’économie ou de la politique sociale. Il ne reste que quelques semaines jusqu’aux élections, et la coalition de gauche n’a toujours pas de programme claire. S’ils arrivaient au gouvernement, le risque d’instabilité gouvernementale serait haut, pouvant même aboutir à la paralysie de l’État. Et cela aurait des conséquences lourdes pour la Hongrie qui est aujourd’hui sur le bon chemin pour sortir de la crise. Le fait que dans un gouvernement hypothétique de gauche, Gyurcsány se trouverait certainement dans une position dirigeante ne signifie pas que la politique gouvernementale aurait une ligne claire. L’ex-Premier ministre l’a déjà prouvé : son génie ne réside pas dans sa capacité de réconciliation des intérêts, mais dans son talent de rester au pouvoir à tout prix.
Pays en danger
Malgré tout, on ne peut pas se soulager. Jusqu’à la publication des résultats, la victoire de la droite aux élections n’est pas garantie. L’alliance de la gauche est dangereuse car elle a plusieurs visages, et pour chaque électeur, elle essaie de montrer celui qui est censé être le plus attractif. Mesterhazy s’adresse facilement à l’électorat socialiste signifiant une masse toujours considérable. Derrière Gyurcsany, il y a un parti qui est supposé d’être soutenu par 5% des électeurs. Gabor Fodor peut représenter un alternatif à de nombreux électeurs libéraux. Gordon Bajnai joue pour les électeurs qui comptent sur une nouvelle ligne de gauche, et il tente de s’adresser aux électeurs indécis. La gauche finalement, essaie de souligner sa diversité et de s’alimenter de la haine générée contre le premier ministre actuel, Viktor Orban.
Mais il ne faut pas se laisser tromper: si on met dans une soupe tout ce qu’on trouve dans le frigo, dans la cave et par terre, elle ne sera pas forcément délicieuse. Faire la cuisine sans une bonne recette va plutôt provoquer une indigestion grave ce qui finit toujours par un régime douloureux. Et les Hongrois ont déjà suffisamment fait le régime.
This article deliberately presents only one of the many existing points of views of this contorversial subject. Its content is not necessarily representative of its author's personal opinion. Please have a look at Duel Amical's philosophy.
L’éveil en plein cauchemar ?
"Chaque génération est partie – à moins que l’on ait laissée - découvrir le monde. Elle a étudié, elle a travaillé, elle a passé quelques années d’études et acquis des expériences professionnelles à l’étranger. Puis, elle s’est posée la question si cela valait la peine de rentrer, de ramener les connaissances acquises à l’étranger. Moi, je suis rentré en Hongrie et je me suis posé comme objectif que nous fassions de la Hongrie, ensemble et à tout prix, un pays où il est possible et même profitable de rentrer" - a dit Viktor Orbàn, premier ministre hongrois en janvier 2014.
Il est encore possible de mettre fin au déclin
La théorie de Viktor Orbàn est bien sage. Il est dommage que les manfiestations populaires ne donnent pas l’impression que la Hongrie soit un pays sans nuage et en plein bonheur. Les sondages montrent que pendant les quatres dernières années le taux de délinquance n’a pas diminué, au contraire, il a augmenté. En plus, aujourd’hui le nombre des manifestations ne cesse croître dans le pays, notamment celles des professeurs qui refusent la politique de l’éducation nationale ayant pour but d’éduquer des sujets. Viktor Orbàn a reécrit la Constitution à son goût, il est en train d’établir des liens très forts avec la Russie par un pacte russo-hongrois sur l’utilisation de l’énergie nucléaire.
John Lukàcs, l’historien américain d’origine hongroise, pense qu’il serait une faute historique fatale de créer des liens avec Moscou. Il serait fortement recommendé d’annuler le pacte russo-hongrois sur la coopération en matière nucléaire. « C’est nous qui décidons qui nous sommes, à qui nous appartenons. On n’appartient pas aux russes. Ce pacte est comme un coup d’Etat, la Hongrie doit choisir entre l’Europe, la paix, la coopération, et la soumission aux Russes, les conflits sans fin...avec Viktor Orbàn » - a écrit John Lukàcs. Les manifestations récentes qui ont eu lieu avant la réunion du parti libéral LMP (La Politique Peut Etre Différente) montrent que ces idées sont partagées par l’opinion publique. Sur les affiches des citoyens on voyait de nombreux slogans contre la construction de nouveaux centres nucléaires, tels que « on se sera pas une colonie russe », « la Hongrie est vendue et endettée » et « même nos petits-enfants souffriront de cette dette ».
Mathias Köchl, représentant des verts en Autriche, a également critiqué la coopération russo-hongroise non seulement d’un point de vue politique mais aussi à cause de l’augmentation du risque d’une catastrophe nucléaire dans la région. Selon Köchl, cet accord, qui est profitable pour l’économie russe, ruine l’économie hongroise.
Une lumière oscillante au bout du tunnel
Le 14 janvier 2014, l’alliance de gauche « Összefogàs » a été créée entre quatre partis. Cette coalition a pour but de vaincre le Fidesz, parti politique qui dispose actuellement d’une majorité des deux-tiers au Parlement. A cause de ce pouvoir presque absolu une opposition très forte est nécessaire pour qu’il soit possible de mettre fin à la « dictature orbanienne ». Mais une grande partie des électeurs choisissent l’abstention parce que les programmes et les forces politiques changent d’un jour à l’autre et il est difficile de prendre une décision dans un environnement politique tellement instable.
Il est incontestable que le problème réside aussi dans les personnages politiques clés de la coalition de gauche. L’ancien premier ministre socialiste, Ferenc Gyurcsany, avait déjà perdu la confiance des électeurs en 2006, par la suite de l’ébruitement de son discours d’Őszöd, dans lequel il a avoué d’avoir menti pendant toute sa campagne électorale. Suivant sa démission en 2009, Gordon Bajnai a dirigé le pays pendant un an. Tandis que ce premier n’est pas du tout populaire, le deuxième peut être considéré plutôt comme victime du gouvernement échoué de Ferenc Gyurcsany et de l’arrivée en Hongrie de la crise économique mondiale. L’alliance a aussi des membres innocents, Tímea Szabó et Gabor Fodor sont par exemple moins connus dans la vie politique.
Si la coalition remportait les élections du 6 avril, Attila Mesterhazy, chef du MSZP (Parti Socialiste Hongrois) serait le premier ministre. Ferenc Gyurcsany, chef du DK (Coalition Démocratique) a souligné que l’alliance qui vient d’être conclue est le fruit d’un accord multilatéral de l’opposition démocratique. Les quatres partis doivent se mettre d’accord sur un programme démocratique permettant de diminuer le pouvoir du Fidesz, sans pour autant abandonner leurs différentes identités politiques.
L’objectif de la gauche désormais unie est de séduire les électeurs désenchantés de la politique de la droite orbanienne. Le candidat de la coalition au poste du premier ministre, Attila Mesterhazy a l’intention de construire une « nouvelle république », tout en trouvant un remède à la crise sociale, économique et démocratique en Hongrie. Gordon Bajnai souligne l’importance d’un programme politique cohérant malgré la multitude des partis dans la coalition. D’après lui, la coalition doit parler de l’avenir et non du passé. Entretemps, Ferenc Gyurcsany a déclaré qu’il ne compte pas reprendre de nouveau le pouvoir dans ses mains. "Si on gagne, on hérite un pays avec plein de tensions. On aura une oppisition relativement forte derrière nous, on sentirait un coup de poignard dans le dos. L’héritage du Fidesz nous accompagnera encore pendant longtemps ".
La dernière ligne droite dans un environnement politique douteux
Le niveau de vie a fortement chuté entre 2010 et 2013 en Hongrie. Tout le monde ne s’est pas laissé tromper par la politique illusoire de Viktor Orban. Bien que certains citoyens soient satisfaits de sa politique, d’autres remarquent que l’étatisation des services privées ou la diminution d’apparence des charges des foyers ne contribuent pas au développement du pays.
Même si la coalition des partis de gauche signifie une lumière oscillante au bout du tunnel, cette lumière peut-être n’est pas assez forte par rapport au splendeur médiatique de Viktor Orban. Selon des sondages récents de Szàzadvég, environ 30% de la population hongroise est toujours indécise par rapport à son intention de vote, 32% voterait pour le Fidesz et 20% pour la nouvelle coalition qui n’existe que depuis quelques semaines. Les élections du 6 avril s’approchent vite, et la victoire de la Coalition nécessiterait une immense campagne électorale. Un environnement politique moins influencé par Orban serait aussi le bienvenu : la nouvelle loi sur le nombre autorisé des affiches électorales met en péril la représentation électorale de la plus grande force de l’opposition hongroise. La main invisible de Viktor Orban est partout présente. Il est à voir quand elle donnera le dernier coup à la politique hongroise.
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