Faut-il légaliser l'euthanasie en France ?

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Assimilée à un crime en France, l’euthanasie active est pourtant déjà pratiquée de façon clandestine dans de nombreux établissements de santé français. Face à ce constat, il semble nécessaire de légaliser l’euthanasie en France.

Légaliser l'euthanasie : un petit pas pour la France, un grand pas pour l’Homme

03/05/2014 - 07:44
Lorsqu’une personne gravement malade est dans une situation désespérée, il arrive que l’équipe médicale se lance dans un acharnement thérapeutique qui entraine le patient dans une spirale d’examens et de traitements. Souvent, cette pratique n’augmente pas la durée de vie du patient mais en détériore la qualité.

Alors que de nombreux français meurent encore dans des souffrances inadmissibles, la légalisation de l’euthanasie active permettrait une mort instantanée et sans douleur. La sédation qui est aujourd’hui préférée par le Comité consultatif national d’éthique entraîne le décès du patient dans un délai plus long pendant lequel il peut subir d’atroces douleurs. C’est toute la problématique du cas de Vincent Humbert dont la mère avait fait promettre au médecin de ne pas le laisser vivre dans des souffrances inadmissibles. Au vu de l’état de son patient, le médecin décide de débrancher ses appareils vitaux. Il plonge ensuite Vincent Humbert dans une sédation profonde puis lui administre du chlorure de potassium qui entraîne son décès. Le médecin n’a été poursuivi que pour son dernier acte : faudrait-il donc laisser des personnes agoniser plusieurs jours plutôt que d’abréger leurs souffrances et leur offrir une mort plus digne ?

Règlementer une pratique déjà courante

L’euthanasie passive est autorisée depuis la loi Leonetti de 2005 qui permet aux personnes atteintes d’une affection grave et incurable, en phase avancée ou terminale, de limiter ou d’arrêter leur traitement, les médecins devant alors les informer des conséquences de leur décision et respecter leur souhait. Depuis cette loi, le droit des patients en fin de vie n’a pas évolué. L’opinion publique française est pourtant majoritairement favorable à l’euthanasie active, pratique qui est fréquente dans les cliniques et les hôpitaux français. Puisqu’elle est déjà pratiquée, il semble essentiel de la légaliser pour lui offrir un cadre juridique précis.

Règlementer l’euthanasie active permettrait de définir ce que les médecins peuvent faire ou non. Tant qu’elle ne sera pas règlementée, des situations semblables à celles qui étaient vécues avant la légalisation de l’interruption volontaire de grossesse (IVG) continueront à défrayer la chronique. Avant qu’elle soit autorisée, les médecins faisaient des IVG parfois bien, mais parfois dans des conditions atroces en pratiquant des frais exorbitants et en laissant des séquelles à leurs patients. On peut faire aujourd’hui le rapprochement avec l’euthanasie active qui est laissée à la discrétion des médecins. Sans règlementation, elle sera toujours pratiquée clandestinement par des médecins tout-puissants.

Des conditions strictes pour éviter les abus

Parce que l’Homme est libre de décider de sa propre mort et parce qu’il a le droit de mourir dignement, l’euthanasie active doit être légalisée en France.

Pour éviter les abus, l’euthanasie active doit être pratiquée dans des conditions strictes. Le patient doit être dans une situation médicale sans issue étant à l’origine de souffrances importantes. Il doit avoir expressément demandé à être euthanasié, sa demande devant être réitérée afin de s’assurer qu’il n’a pas pris une décision impulsive. Et pourquoi ne pas créer un nouvel acte sur le modèle du testament qui serait fait devant notaire pour attester de son désir d’être euthanasié dans un tel cas ? Cet acte serait la preuve incontestable de la volonté d’un patient incapable de s’exprimer notamment. La procédure doit-elle aussi être strictement règlementée afin d’éviter toute dérive.

L’être humain a le droit de décider de ce qu’il veut faire de sa vie et de comment il veut vivre. Il peut également l’abréger pas le biais du suicide. Alors pourquoi ne pourrait-on pas l’aider à finir ses jours dignement en légalisant l’euthanasie en France ?

Cet article présente intentionnellement un seul parmi les différents points de vue existant sur cet enjeu. Son contenu ne reflète pas nécessairement l'opinion personnelle de l'auteur. Je vous invite à prendre connaissance de la philisophie de Duel Amical.

Dangers et faux-semblants d’une fausse bonne mesure

03/05/2014 - 07:44
Le débat sur l’euthanasie souffre d’imprécisions qui grèvent ses chances d’aboutir à une solution convaincante. Il est nécessaire d’y apporter de la clarté afin de comprendre les conséquences graves qu’auraient sa légalisation.

La crispation du débat sur l’euthanasie se nourrit du flou politique entretenu sur cette question. Annoncée en grande pompe dans la proposition 21 du président Hollande durant la campagne présidentielle de 2012, aucune mesure concrète sur la légalisation de l’euthanasie n’a encore été prise par l’actuelle majorité socialiste. Signe d’un manque de volonté politique ou reflet des précautions prises pour résoudre une question très délicate, chacun en jugera. Pour autant, il est primordial que chacun ait conscience des enjeux du débat pour comprendre les dangers que recèle la légalisation de l’euthanasie.

L’incompréhension du débat par la société française

Les partisans de la légalisation de l’euthanasie invoquent régulièrement la popularité de la mesure dans les sondages pour souligner le retard législatif par rapport à l’évolution des mentalités dans la société française. Mais que se cache-t-il derrière ces sondages dont la formulation est vague à dessein? Toute l’ambiguïté du terme d’euthanasie, incompris par les interrogés.

Ce terme est mal expliqué et régulièrement employé de façon erronée dans le débat public français. Souvent, l’euthanasie au sens strict n’est pas différenciée de dispositifs déjà légaux depuis la loi Leonetti du 22 avril 2005, comme les soins palliatifs ou l’interdiction de « l’obstination déraisonnable » dans la poursuite d’un traitement. Ceux-ci permettent déjà aux médecins d’accompagner les patients condamnés et en souffrance vers une fin de vie plus douce. A l’inverse, l’euthanasie consiste à provoquer directement la mort d’un patient par une injection létale administrée soit par le corps médical soit par le patient lui-même. Il est très peu probable que les personnes interrogés aient compris cette distinction : ces sondages n’expriment donc pas l’adhésion des français à l’euthanasie. Il convient donc de se méfier des associations qui jouent sur l’ambiguïté d’un terme pour s’inventer un soutien populaire.

 La mauvaise foi de l’ADMD

L’Association pour le Droit à Mourir dans la Dignité (ADMD) est un des principaux acteurs militant pour la légalisation de l’euthanasie en France, sur le modèle de la Belgique. Des dérives récurrentes sont à dénoncer dans son action. Dans l’affaire Chantal Sébire, l’ADMD a cherché a occulté le fait que cette patiente atteinte d’une maladie rarissime et très douloureuse refusait systématiquement tout soin palliatif. L’objectif était de faire passer la communauté médicale refusant de pratiquer l’euthanasie pour responsable de la souffrance de cette femme. Mais dire non à l’euthanasie ne signifie pas laisser les patients souffrir, n’en déplaise à l’ADMD.

Ce type d’état d’esprit n’est pas propre à favoriser un débat de qualité sur cette question cruciale : il conduit à mettre de coté la communauté médicale en jetant sur elle le discrédit infondé du refus d’évoluer.

 Reflet d’une certaine conception de la vie humaine

Plus fondamentalement, souhaiter la légalisation de l’euthanasie en France, c’est ignorer les dérives qui sont apparues dans les pays qui l’ont appliqué. Le kit euthanasie belge et la pilule de dernière volonté néerlandaise, deux dispositifs vendus en pharmacie, montrent que c’est toute une conception de la vie humaine qui est menacée par des lois soi-disant progressistes. Y a-t-il besoin d’être fermement contre l’euthanasie pour être choqué par un rapport de l’Observatoire belge de la fin de vie, publié le 15 février 2012, qui démontre qu’un tiers des euthanasies pratiquées dans le pays le sont sans demande explicite du patient ?

Dans l’affaire Vincent Lambert, il est sain que la loi soit assez restrictive pour qu’aucune solution rapide et non consentie ait pu être prise pour mettre fin à la vie d’une personne dans le coma. Qu’en aurait-il été avec une loi plus permissive ? La question mérite d’être posée.

C’est donc dans le meilleur des cas l’ignorance de ces dérives qui permet aux pro-euthanasies français de persévérer dans leurs revendications. Mais personne ne doit se tromper sur le danger principal que recèle la légalisation de l’euthanasie : la propension à ce que le périmètre de ce qui est autorisé s’agrandisse inexorablement, aux dépends des patients.

R. Badinter, principal artisan de l’abolition de la peine de mort en France, s’est exprimé en ces termes à propos de l’euthanasie : « nul ne peut retirer la vie à autrui dans une démocratie ». On voit à quel point le débat sur l’euthanasie transcende le clivage gauche-droite.

Cet article présente intentionnellement un seul parmi les différents points de vue existant sur cet enjeu. Son contenu ne reflète pas nécessairement l'opinion personnelle de l'auteur. Je vous invite à prendre connaissance de la philisophie de Duel Amical.

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Commentaires

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JE SUIS POUR LA LEGALISATION SOUS CONDITION DE L EUTHANASIE EN FRANCE, ET AILLEURS CAR S IL FALLAIT ENVOYER EN PRISON NE SERAIT CE QU' UNE ANNEE, LES AUTEURS ET COMPLICES D' EUTHANASIES, CELA DEVIENDRAIT VITE INVIVABLE AU SEIN DES PRISONS FRANCAISES.

IL FAUT BIEN MOURIR DE QUELQUE CHOSE UN JOUR OU L AUTRE, DE PLUS LES OPPOSANTS QUE SONT LES SOINS PALLIATIFS SONT TELLEMENT PETRIS D HYPOCRISIES, DE LACHETES, DE GASPILLAGES ( SONGEZ QU UN GRABATAIRE COUTE PAR MOIS 6 000 EUROS ) DE FANATISMES RELIGIEUX, ET J EN PASSE, J INCLUE MEME LE FAIT DE PARLER D AMOUR, MAIS MEME LA L INCOMPREHENSION REGNE ENTRE EUX ET MOI.

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Le droit de mourir n est il pas preferable a l obligations de souffrances(autant physiques que morales)
Et,plus pragmatiquement,cela ne reglerait il pas plus de problemes que cela n en creerait?

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