Y a-t-il trop d'impôts en France ?

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La crainte d'une surimposition à la française est présente dans l'esprit de nombreux Français. Est-elle bien réelle ? Le débat mérite d'être lancé.

La mauvaise utilisation de l'outil fiscal en France

12/10/2014 - 13:00
Récemment, la commission européenne a affirmé qu'une ligne rouge avait été franchie en France. Selon la cour des comptes l'impôt a tout donné...Les économistes le savent trop bien, quand l’impôt augmente mais que les recettes fiscales diminuent, c'est que le taux d'imposition est trop élevé...

L'impôt est en France le ciment du pacte républicain. Son consentement a été le produit d'un long et périlleux combat. Son établissement progressif a permis d'accomplir de grandes choses et permettra d'en accomplir -soyons en sûrs- beaucoup d'autres encore... L'impôt est un instrument démocratique qu'il convient de manipuler avec sagesse...

La comparaison de l'imposition française par rapport aux autres pays du monde ne dévoile rien de choquant… La France n'a pas un taux d'imposition plus élevé car il faut prendre en compte les services que l'on obtient en retour. Par conséquent, ce qui est remis en cause aujourd'hui en France c'est le rendement de l'impôt (coût/bénéfice). La protestation est due à un différentiel ressenti entre les efforts et les bénéfices... Ce différentiel est le produit d'une décision. Les récentes augmentations d'impôts n'ont pas pour objectif d'améliorer un quelconque service mais de réduire notre déficit public. Mais, a-t-on déjà vu un État réduire son déficit réel avec des augmentations d'imposition similaires ? Non, jamais...

Une imposition inadaptée : fatale pour l’économie

L'impôt est un formidable outil dont l'utilisation peut conduire au meilleur comme au pire...
La classe moyenne est un des générateurs principaux de la croissance. L'écraser sous l'impôt signifie écraser la consommation, or la consommation est un des moteurs de la croissance... C'est donc un choix dangereux. Impossible de savoir si la lourde imposition des hauts revenus a fait fuir les grandes fortunes, en revanche, concernant les entreprises, allez jeter un œil au quartier de la défense et vous serez convaincu de l’urgence… la désertification est en cours…

L'imposition élevée est un réel frein incitatif. En France, vous commencez à gagner de l'argent pour vous même à partir du mois de juillet. De janvier jusqu'à juillet vous travaillez pour l’Etat. Près de la moitié de l'année est collectée avec des impôts de différentes formes... Même s'il est vrai que tout cet argent collecté sert à financer les services publics, le sentiment de ne pas en avoir pour son argent est indéniable.

Autre critique, de nombreuses personnes payent des impôts et perçoivent des aides sociales simultanément. Quelle est la logique ? Ce qu'on prend d'un côté on le rend de l'autre ? Payer des gens pour collecter l'impôt et payer des gens pour distribuer les aides sociales ? Cycle sans fin qui nourrit une profusion administrative budgétivore...

L'impôt : formidable outil mal utilisé

L'inconstance dans l'imposition est un frein constant pour l'économie. L'imposition doit être claire et constante dans le temps pour permettre des anticipations et des projections dans l’avenir. Les changements intempestifs et les annonces du gouvernement ne font que ralentir l'économie...

Il devient donc urgent de réduire de manière drastique les impôts, de manière stratégique et proportionnée, afin de relancer l'activité économique et réduire notre déficit. C'est avec la croissance que nous sortirons la tête de l'eau...Soyons conscient que cette croissance ne naîtra pas d'un matraquage fiscale toujours fort et toujours plus absurde et inefficace...
Néanmoins, il ne faut pas sur-interpréter les propos évoqués jusqu'ici, il ne s'agit pas de faire l'apologie d'une quelconque relance keynésienne en laissant filer encore plus notre dette. Il convient de dire que l'impôt est un levier avec lequel la France peut retrouver son salut... mais ce levier ne doit pas être actionné dans le sens d'un accroissement mais d'une réduction.

De plus, la réduction des impôts doit être accompagnée par une réduction du périmètre d'action de l’Etat. L’Etat n'a plus les moyens d'être partout. Il doit donc effectuer un repli stratégique sur ses missions régaliennes. Mieux vaut se replier que de perdre la guerre... C'est donc en reculant l'imposition et le périmètre d'action de l’Etat que le France retrouvera de la croissance... Oui, les conséquences pour une certaine partie de la population seront atroces, oui le climat sociale se détériorera, oui, mais ceci pour un laps de temps relativement court et le redressement de la France a un prix...

A vouloir sauver tout le monde et en s'obstinant à défendre un modèle social périmé, critiquable et à bout de souffle, on finit par ne sauver personne... Le bateau coule... Notre refus d'accepter certains sacrifices et notre préférence naturelle pour l'idée que le bateau est encore sauvable en l’état, nous ferons échouer sur l'île des pays du Sud...

Cet article présente intentionnellement un seul parmi les différents points de vue existant sur cet enjeu. Son contenu ne reflète pas nécessairement l'opinion personnelle de l'auteur. Je vous invite à prendre connaissance de la philisophie de Duel Amical.

Pas trop d'impôts mais la nécessité d'un meilleur partage de l'effort fiscal

12/10/2014 - 13:00
Les Français sont depuis longtemps brouillés avec leurs impôts, jugés trop élevés. L’ex-ministre de l’Economie, Pierre Moscovici, avait lui-même souligné qu’il « était très sensible au ras-le-bol fiscal » des Français.

L’imposition concentre de nombreuses taxes. Toutefois, se concentrer sur l’impôt sur le revenu, celui qui concerne les citoyens, puis l’imposition des entreprises permet de mieux cerner la question fiscale des deux moteurs de la croissance économique française.

Un impôt sur le revenu payé par moins d’un ménage sur deux

Une définition claire de l’impôt sur le revenu en France est justifiée de par sa particularité. Il est constitué de deux impôts : l'impôt sur le revenu des personnes physiques (IRPP) avec des taux allant de 5.5% à 41% suivant le revenu du foyer et la contribution sociale généralisée (CSG), qui est un impôt individuel et proportionnel taxant tous les revenus à un taux de 8%, et dont les recettes sont affectées aux dépenses sociales (maladie, famille, vieillesse).

Rappelons également que l’impôt sur le revenu n’est pas payé par tous les ménages. En 2014, le pourcentage de foyers imposés est de 48,5 %, une baisse de 4,5 points par rapport à 2013. Moins d’un ménage sur deux est taxé sur ses revenus en France. Dès lors, la problématique de l’imposition en France est liée à celle de la largeur de l’assiette fiscale, qui représente la somme des revenus imposables et des bénéfices imposables dans le cadre de l’impôt sur le revenu. Y’a-t-il trop d’impôts en France ou bien trop peu de contribuables imposés ?

Elargir l’assiette fiscale de l’impôt sur le revenu présente de nombreux avantages

L’élargissement de l’assiette fiscale est un projet récurrent. Il présente plusieurs intérêts. Outre un accroissement logique des recettes liées à l’impôt, il permettrait de rétablir une certaine équité fiscale. En effet, la charge fiscale ne serait plus autant supportée par les « classes moyennes » (foyers fiscaux dont les revenus oscillent entre 1600 et 3500 mensuels). Un effort fiscal de ménages plus modestes et, surtout, de foyers plus aisés consacrerait une certaine justice sociale demandée par ces classes moyennes : les impôts devant servir à tous une fois redistribués, il est logique que chacun participe à l’effort en fonction de ses moyens. Néanmoins, politiquement, cet élargissement serait à coup sûr un couac. Pourtant, la nécessité de l’imposition est évidente pour permettre à l’Etat de fonctionner et, si possible, de réduire les inégalités socio-économiques.

Une injustice fiscale qui nécessite un nouvel impôt sur le revenu

L’impôt sur le revenu est souhaité progressif, c’est-à-dire que son taux doit s’accroître en fonction de la valeur. Pourtant, selon l’économiste Thomas Piketty, « en réalité, l'impôt sur le revenu actuel est régressif : à mesure qu'on monte dans l'échelle des revenus, le taux effectif d'imposition diminue. » Il s’agit là d’un problème majeur.

L’ « injustice fiscale » est démontrée par l’économiste et ses collaborateurs. En effet, la plupart des hauts revenus et des revenus du capital (intérêts, dividendes, plus-values, loyers) bénéficient d'exemptions particulières et de règles dérogatoires leur permettant d'échapper au barème de l'IRPP. Piketty dénonce ici les niches fiscales, ces dérogations donnant la possibilité à un contribuable de réduire le montant de ses impôts par rapport au cadre du régime général.

Piketty propose donc une « révolution fiscale » afin de remplacer cette injustice fiscale. Il préconise un nouvel impôt sur le revenu, payé par tous les Français, prélevé à la source sur les revenus du travail et du capital (comme l’actuelle CSG, avec la même assiette que cette dernière), suivant un barème progressif (comme l’actuel impôt sur le revenu). De plus, une partie des recettes de ce nouvel impôt sur le revenu sera affectée aux dépenses sociales. Ce nouvel impôt remplacerait la CSG et l’impôt sur le revenu.

Moins d’impôts pour les entreprises doit se traduire par plus de croissance

N’oublions pas les entreprises. Leur mécontentement vis-à-vis de l’imposition et de taxes jugées économique néfastes revient constamment. Ce sentiment s’est à peine estompé depuis le pacte de responsabilité et de solidarité lancé en Janvier 2014 par l’exécutif français. Pour les entreprises, celui-ci prévoit notamment une modernisation une réduction de la fiscalité à hauteur de 10 milliards d’euros. Ce cadeau doit rassurer les entreprises et permettre de relancer la croissance économique tout en enrayant la spirale infernale du chômage.

Si, malgré les cadeaux de l’exécutif, les entreprises françaises ne peuvent faire redémarrer la croissance de la France, alors la théorie selon laquelle l’imposition tue (en partie) la croissance aura du plomb dans l’aile. Cet argument n’a de sens que si le pacte de responsabilité s’avère donnant-donnant. A l’heure actuelle, la croissance stagne et le chômage continue d’augmenter, soit l’effet inverse recherché par le pacte.

Non, il n’y a pas trop d’impôts en France !

Dès lors, non, il n’y a pas trop d’impôts en France ! Néanmoins, un changement du système fiscal actuel s’impose. Un nouvel impôt sur le revenu est nécessaire dans un souci de justice fiscale et d’un effort vraiment proportionnel. Les entreprises, en contrepartie d’aides fiscales, doivent respecter leur part du marché dans le cadre du pacte de responsabilité. L’imposition en France n’est pas étouffante : il faudrait seulement mieux la partager.

Cet article présente intentionnellement un seul parmi les différents points de vue existant sur cet enjeu. Son contenu ne reflète pas nécessairement l'opinion personnelle de l'auteur. Je vous invite à prendre connaissance de la philisophie de Duel Amical.

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Commentaires

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je trouve que cet article nous renseigne tres bien. Par ailleurs, je trouve dommage que nous ayons qu'un point de vue sur ce sujet.

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le droit fiscal est trop complexe, il suffit de lire les ouvrages des Pr d'Université, experts dans cette matière.
Selon certains écrivent que toute taxe, et tout impôt doit être défini par le législateur, or force que ce n'est pas le cas, voir les écrits de Mme Agnès VERDIER-MOLINIE (Directrice de l'IFRAP) et M. MONTALDO (Le racket fiscal !).

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