Quel bilan un an après la reconquête du pouvoir par le SMER-PS : réussite ou échec ?
Un gouvernement dont la réussite relative ne fait plus de doutes
Premièrement, le gouvernement de SMER-PS a finalement mis fin aux disputes politiques incessantes qui ont quasiment paralysé l'action du gouvernement Radičová, en le conduisant à sa chute. Ainsi, grâce à une forte légitimité populaire, le Parti socialiste bénéficie d'un mandat suffisamment fort pour imposer les réformes même difficiles au Parlement. Libéré de l'obligation de chercher un compromis politique avec un partenaire de coalition, M. Fico peut concentrer tout ses efforts sur la gestion du pays dans un contexte très difficile. C'est grâce à cette stabilité et sa détermination que le nouveau gouvernement est parvenu à faire adopter les réformes impopulaires, mais nécessaires au rétablissement de la santé des finances publiques : la hausse des impôts et la réduction drastique des dépenses publiques, etc.
De plus, contrairement à l'opposition, l'attitude de la majorité socialiste est unilatéralement pro-européenne – avec une adhésion forte à l'idée d'une intégration plus importante notamment des pays-membres de la zone euro. Ainsi, au vu des obligations de la Slovaquie vis-à-vis de ses partenaires européens, la présence de gouvernement Fico s'avère d'autant plus bénéfique pour le pays, le protégeant de l'isolement dans lequel il était presque tombé à cause des eurosceptiques présents dans le gouvernement Radičová.
Des résultats qui parlent d'eux-mêmes
S'il fallait donc établir un « bulletin de notes » du gouvernement socialiste, le premier domaine à évaluer serait la situation économique du pays, dans le contexte des incidences de la crise et de la quasi-récession en Europe. Or la Slovaquie est en pleine croissance. En effet, l'économie slovaque atteint de meilleurs résultats qu'avant la crise de 2007, qui était déjà une période de succès sans précédent pour un pays surnommé à l'époque le « tigre centre-européen ».
En effet, aujourd'hui, la Slovaquie est la deuxième économie européenne la plus performante, après la Pologne, avec une progression de 10,5% par rapport à 2007, tandis que la moyenne européenne se situe autour de 0,8%. De la même manière, d'après les estimations de la Commission européenne, la Slovaquie devrait atteindre la troisième croissance de PIB la plus élevée parmi les pays de l'Union européenne. Parallèlement, la Slovaquie est le troisième pays avec la réduction des dépenses publiques la plus importante. En effet, le gouvernement actuel est déterminé à persévérer dans cette voie de consolidation des dépenses, notamment avec « ESO » - la réduction et la réorganisation des ministères afin de minimiser les coûts excessifs. Ainsi, l'objectif de la réduction du déficit au-dessous de 3% devrait être atteint pour l'année 2013. Or, les changements structurels sont encore à venir : il s'agit de la réforme des retraites et du secteur de la santé.
Mais les tentatives d'amélioration de la situation de pays sont multiples et ne sauraient se réduire aux seuls résultats économiques facilement chiffrables. En effet, dans le secteur de la Culture et du Transport, on constate un effort pour mieux utiliser les fonds structurels européens. De la même manière, une réforme substantielle de l’Éducation – dans le but de réduire le nombre des universités et d'améliorer leur qualité – a désormais commencé.
Même si le chômage élevé continue de toucher la Slovaquie, comme d'ailleurs partout en Europe, un message positif est celui de l'arrivée de nouveaux investisseurs, ainsi que le succès pour ceux déjà implantés dans la région, ce qui demeure facteur clé de la lutte pour l'emploi.
« Is there no alternative ? » ou l'opposition complètement effacée
Toutefois, la question essentielle qui se pose, un an après la victoire écrasante du SMER-PS, est la suivante : y-a-t-il une alternative politique viable pour la Slovaquie ? Et sur ce point, tous les observateurs, indépendamment de leur conviction politique, s'accordent sur la réponse commune : non, tout simplement. La « putréfaction » de la droite slovaque continue et atteint les proportions jamais imaginées même par les plus sceptiques.
Malgré la tentative artificielle de s'unir sous le même toit de « Plateforme populaire », la droite demeure profondément divisée et … impopulaire avec des scores aux sondages qui envoient parfois même SDKU, le premier parti de droite d'autrefois au cimetière politique. Le morcellement continue, avec les départs des députés et nouveaux mini-partis – ex. la Nouvelle Majorité de Lipšic, SAS. Le leadership quelconque et une vision alternative à droite manque toujours.
De plus, l'argumentation de l'opposition basée sur la corruption du gouvernement Fico a de toute évidence perdu de sa vigueur. Car en l’occurrence, depuis la réélection de M. Fico, aucun scandale d'une ampleur semblable aux affaires précédentes n'a éclaté. C'est un constat qu'on ne saurait faire à propos du gouvernement de droite de Radičová. A l'époque, malgré la « transparence » qui était le thème phare de Mme Radičová, les scandales se sont succédé dans un bal macabre, avec pour point culminant l'affaire Gorilla, presque devenue un cas d'école.
Ainsi, M. Figel du Mouvement chrétien-démocrate peut très bien proclamer que le SMER-PS devrait « se limiter à surveiller la lumière et le chauffage ». Ces mots forts ne témoignent que de la dérision de droite, sans aucune perspective de retour au pouvoir – et ceci pas seulement dans le futur proche. D'autant plus que d'après les rumeurs, M. Fico envisage de se présenter aux élections présidentielles de l'année prochaine. Pour lesquelles – quelle surprise – la droite n'a pas pour l'instant pas désigné de candidat commun.
Cet article présente intentionnellement un seul parmi les différents points de vue existant sur cet enjeu. Son contenu ne reflète pas nécessairement l'opinion personnelle de l'auteur. Je vous invite à prendre connaissance de la philisophie de Duel Amical.
Un an après : que des succès apparents
Malgré le fait que le Ministère public soit resté bloqué plusieurs semaines à cause des plaintes soulevées suite à l’Affaire Centes, le Premier ministre a fermement affirmé qu'il était hors de question que le nouveau projet de loi pour débloquer le Ministère soit négocié autrement qu'à travers une procédure régulière. Cette paralysie est le résultat direct du refus de nommer Jozef Centes régulièrement élu par le Conseil national de la République slovaque au poste de Procureur général par le président.
Une semaine après, tout à coup, Robert Fico a changé d'avis. Il a traité le problème avec un empressement sans commune mesure avec le laxisme précédent et a pressé le vote de telle sorte que la loi s'est trouvée discutée et votée en à peine neuf heures. Le vote a été marqué par plusieurs initiatives de l'opposition pour refuser le projet ou du moins l'amender, mais toutes ces tentatives se sont soldées par un échec. Au final ils ont quitté la salle et ce sont majoritairement les députés de Direction-Démocratie qui ont voté la loi. Ainsi, la comparaison faite par certains politiciens slovaques entre le Premier ministre slovaque Robert Fico et le Premier ministre hongrois Viktor Orban ne paraît plus si irréaliste.
Des mesures douteuses pour rééquilibrer le budget étatique
A l’époque où les pays de l’Union européenne introduisent des mesures d’austérité, la Slovaquie du gouvernement de Robert Fico emprunte une voie différente. Au lieu de diminuer les dépenses de l’État, Robert Fico plaide pour leur maintien sinon leur hausse afin de mieux protéger les plus vulnérables. Si son argumentation principale est de ne pas étouffer la croissance par les mesures d’austérité, il n’hésite pas à étrangler les entreprises en augmentant leurs taxes. Le passage de 19% à 23% pèse non seulement sur l’entrepreneuriat mais porte également atteinte à l'attractivité de la Slovaquie pour les investisseurs. La mesure en question place la Slovaquie derrière onze autres pays de l'Union Européenne et derrière les quatre pays de Visegrad.
L'efficacité d'une telle décision est d'autant plus démesurée que le pays n’arrive toujours pas à vaincre la corruption héritée de l’époque soviétique. De ce fait, l’allocation effective des ressources récoltées via les taxes est largement discutable.
Sans un bilan flatteur
Même en laissant de côté la rétrogradation de la Slovaquie de deux places en termes de compétitivité, la multiplication des affaires suspectes de corruption ne peut être négligée. Si le Premier ministre slovaque souligne que son gouvernement n'a été éclaboussé par aucun scandale, les affaires de la vente des émissions ou certains achats excessivement élevés pèsent lourdement dans le bilan de son gouvernement. Finalement, qu'y a-t-il de flatteur dans le fait que le chômage ait atteint son plus haut niveau des huit dernières années, que la compétitivité de la Slovaquie se soit détériorée et que le pays reste toujours au rang le plus bas concernant l’indépendance des pouvoirs politique et judiciaire? Si l'enthousiasme était fort, il n'est peut-être pas faux de penser que la déception sera d'autant plus douloureuse.
Cet article présente intentionnellement un seul parmi les différents points de vue existant sur cet enjeu. Son contenu ne reflète pas nécessairement l'opinion personnelle de l'auteur. Je vous invite à prendre connaissance de la philisophie de Duel Amical.
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