Le discours de Trump à Varsovie vu par les polonais

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L'administration américaine, tout comme les politiciens polonais, ont qualifié « d'historique » la venue et le discours, dans la capitale polonaise, du président américain, Donald Trump. Néanmoins comment ce discours a-t-il été perçu par les Polonais ?

La Pologne, comme allié de Trump dans sa guerre économique, a beaucoup plus à perdre qu'à gagner

Translator
12/09/2017 - 22:12
Dans son discours à Varsovie, Trump a joué sur l'animosité des Polonais à l'égard des Allemands dans l'espoir de trouver un allié dans sa guerre économique contre l'Allemagne. Cependant, si la Pologne entrait dans cette bataille, son économie aurait beaucoup plus à perdre qu'à gagner.

Dans son discours de Varsovie, parmi d'autres choses, le Président Trump a souligné la menace d'un gouvernement bureaucratique qui « aspire la vitalité et la richesse du peuple ». La plupart des Polonais perçurent cela comme une attaque contre l'Allemagne, et son économie qui irradie la totalité de l'Union Européenne. C'était probablement l'intention de Trump.

Donald Trump a ses propres raisons d'attaquer l'Allemagne. Elle ne contribue pas suffisamment au maintien de la sécurité internationale, principalement financée par les États-Unis, et ainsi utilise davantage d'argent pour promouvoir ses exportations, et soutenir le développement de ses entreprises. Et maintenant le surplus commercial allemand menace directement l'économie américaine. Ce n'est donc pas une surprise de voir Donald Trump rechercher des alliés pour mener, tout en subtilité, sa bataille économique contre l’état allemand. A Varsovie, il a décidé de jouer sur l'animosité des Polonais envers les Allemands.


Le gouvernement bureaucratique, comme éternel fléau

Historiquement les Polonais n'aiment pas la bureaucratie. Nombre d'entre eux l'associent encore d'une manière ou d'une autre aux administrations prussienne et tsariste, ou à la nomenklatura communiste. Trump a ainsi su toucher la corde sensible. En effet, la Pologne, comme l'ensemble des pays de l'UE, souffre de la sur-régulation et de la bureaucratie. La majorité des Polonais sont certes pro-européens mais ils ne veulent pas d'un « super-état » européen dirigé par les bureaucrates français et allemands. Ils veulent une Europe des nations au sein de laquelle chaque pays est indépendant, et donc libre de définir sa propre politique, tout en maintenant une coopération au niveau européen. Et surtout ils veulent que l'économie polonaise soit davantage qu'un simple sous-traitant de l'industrie allemande.

Donc beaucoup de jeunes patriotes polonais qui écoutèrent le discours de Trump furent heureux d'entendre de tels mots. Donald Trump sait très bien jouer avec les émotions.

Qu'a donc la Pologne à gagner ?

Mais laissons les émotions de côté et réfléchissons. Est-il bon pour l'économie polonaise de mener, au côté des États-Unis, une guerre contre le surplus commercial allemand ? L'Allemagne est un partenaire économique majeur de la Pologne. Plus de 27 % des exports polonais vont en Allemagne (presque 80 % des exports polonais allant vers l'Union Européenne). L'Allemagne achète des pièces automobiles en Pologne, des appareils électriques, de la nourriture, des boissons, et bien d'autres biens. Que l'on apprécie cela ou non, une grande partie de l'économie polonaise est florissante grâce à l'augmentation des exportations allemandes vers les États-Unis et la Chine. Généralement les biens sont produits en Pologne, et simplement étiquetés, labellisés en Allemagne, avant d'être envoyés dans des pays extérieurs à l'Union européenne. La valeur totale des investissements directs des entreprises allemandes en Pologne, en 2015, atteignait 27,4 milliards d'euros, alors que les investissements américains n'étaient que de 4,9 milliards d'euros. Les firmes polonaises investissent de plus en plus en Allemagne, et au sein de l'Union Européenne. Le marché unique européen leur est beaucoup plus accessible que le marché américain. Par exemple, les entrepreneurs polonais ont encore besoin de faire une demande de visa pour leurs voyages d'affaires aux États-Unis.

Considérant cela, est-il réellement bénéfique pour la Pologne d'être entrainée, par les États-Unis, dans une guerre commerciale contre son principale partenaire économique ? La Pologne est-elle un bon allié pour Donald Trump dans sa tentative de limiter l'influence de l'économie allemande ?

Les Polonais sont romantiques et leurs politiciens en général dangereusement idéalistes. Cependant Donald Trump ignore que les élites économiques et politiques actuelles portent davantage une façon de penser pragmatique et terre à terre. Bien que son discours à Varsovie fût merveilleux, et même historique, à long terme, Donald Trump aura besoin de mettre son argent où va sa bouche s'il souhaite obtenir le soutien de la Pologne. Cela supposera d'offrir à la Pologne une alternative économique crédible et attractive par rapport au commerce avec l'Allemagne et l'Union européenne.

Malheureusement, dans son discours de Varsovie, il n'a rien proposé de nouveau. A part peut-être une petite tape dans le dos des Polonais.

 

Cet article présente intentionnellement un seul parmi les différents points de vue existant sur cet enjeu. Son contenu ne reflète pas nécessairement l'opinion personnelle de l'auteur. Je vous invite à prendre connaissance de la philisophie de Duel Amical.

Le discours du Président Donald Trump et le futur rôle de la Pologne en Occident

Translator
12/09/2017 - 22:12
Au travers de l'histoire, la Pologne a été un bastion de la civilisation occidentale. En choisissant sa capitale, Varsovie, pour son discours, Donald Trump a montré que la Pologne incarne les valeurs et la conviction nécessaires à l'Occident, pour surmonter les défis auxquels il fait face aujourd'hui.

Pour de nombreuses raisons, Varsovie était l'endroit idéal pour le discours de Donald Trump du 6 juillet. Bien que les pays de l'Europe occidentale soient économiquement et militairement plus puissants, ils sont spirituellement plus faibles. Le Président américain a justement souligné que « la Pologne est géographiquement le centre de l'Europe, mais surtout, au travers des Polonais, nous voyons l'âme de l'Europe ». Une âme qui a été secouée par les feux du 20ème siècle, sans jamais être anéantie.

La crise identitaire de l'Occident

Donald Trump n'a pas simplement rendu visite à un allié, il était en Pologne « pour la placer en exemple pour tous ceux qui recherchent la liberté et qui souhaitent rassembler le courage et la volonté nécessaires pour défendre notre civilisation ». Beaucoup disent d'ailleurs que d'autres pays occidentaux ont perdu ce courage. En niant la vertu inhérente aux valeurs chrétiennes, ils rejettent les valeurs fondatrices de leurs sociétés. Cette haine d'eux-mêmes suscite nécessairement une crise de leurs propres identités, et la poursuite de principes tels que l'égalité, la diversité, ou la durabilité, ne peut alors suffire à combler le vide spirituel dont ils souffrent.

Contrairement à celle de certaines nations occidentales, « l'histoire de la Pologne est l'histoire d'un peuple qui n'a jamais perdu espoir, qui n'a jamais été totalement brisé, et qui n'a jamais, au grand jamais, oublié qui il est ». Étonnamment, l'adversité à laquelle la Pologne a été confrontée, et notamment les tentatives répétées, sous le nazisme et le communisme, d'éradication de cette nation et de suppression de son identité, ont renforcé la détermination des Polonais à préserver leur culture. Au même moment, en Occident, de générations de prospérité économique, de liberté politique, et de progressisme, a surgi la situation contraire.


Quand la Pologne montre la voie à suivre

Les Polonais sont relativement conscients de leur pauvreté matérielle par rapport au reste de l'Europe, et aux États-Unis, mais gagnent davantage à protéger leur culture et leur mode de vie, qu'à disposer d'armes et d'un PIB important, « puisque l'expérience polonaise nous rappelle, que finalement la défense de l'Occident n'a pas uniquement reposé sur les moyens mais sur la volonté des peuples d'y contribuer... ». Cette volonté de triompher à tout prix est l'ingrédient essentiel pour inverser le déclin qui menace l'existence même de la civilisation occidentale. En dépit de nombreuses défaites et de revers, la Pologne a prouvé que même l'impossible peut être surmonté lorsque la force est associée à l'espoir ...

Selon le Président Trump « la question fondamentale de notre époque est de savoir si l'Occident a cette volonté de survivre. Avons-nous cette confiance en nos valeurs pour les défendre à tout prix ? ». En utilisant l'exemple de la barricade sur l'avenue de Jerusalem, durant le soulèvement de Varsovie, barricade ayant servi de cordon de sécurité pour la ville, le Président a démontré que même la plus humble avancée peut avoir une grande importance. Ce couloir assiégé est une analogie pour l'Occident lui-même, qui est assailli non seulement par des ennemis extérieurs, mais également par une crise interne de confiance dans l'exactitude de son existence. Les Polonais interpréteront le discours du président Trump de diverses façons, mais s'il y a une chose que Trump a souhaité leur laisser, c'est la prise de conscience de leur appartenance à une grande civilisation, ainsi que du rôle qu'ils ont à jouer, ce que certains n'ont très certainement pas encore réalisés. "Une Pologne forte est une bénédiction pour les nations d'Europe, et elles le savent. Une Europe forte est une bénédiction pour l'Occident et le monde". C'est en continuant à reconnaître cette force, que la Pologne prendra sa place légitime, celle d'un exemple des valeurs nécessaires pour rendre l'Occident de nouveau fort.

 

Cet article présente intentionnellement un seul parmi les différents points de vue existant sur cet enjeu. Son contenu ne reflète pas nécessairement l'opinion personnelle de l'auteur. Je vous invite à prendre connaissance de la philisophie de Duel Amical.

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