Élections fédérales allemandes de 2013 : Peer Steinbrück peut-il battre Merkel ?
Merkel : une réformatrice et gestionnaire de crise
En raison de sa politique fiable et tournée vers l'avenir, Merkel est la meilleure option pour l'Allemagne. Elle parvient mieux que toute autre personnalité politique à concilier continuité et changement ; de ce point de vue, elle fera progresser tant son pays que l'Europe.
La zone euro se trouve dans une grave crise économique et sociale. Il n'y a que la forte économie allemande pour empêcher l'union monétaire de se disloquer. Au cours des dernières années, la chancelière fédérale Merkel a initié des mouvements décisifs et de long terme pour l'Allemagne et l'Europe. Elle est devenue un symbole de la stabilité politique et de la gouvernance solide, et c'est pourquoi la politique européenne ne peut plus se passer d'elle.
Court inventaire politique
La plus grande force de Merkel est sans aucun doute sa crédibilité. Elle véhicule de la confiance et est appréciée des citoyens en raison de son intégrité. Peer Steinbrück aura du mal à ternir cette image au sein de l'opinion publique. Le social-démocrate convainc certes grâce à son style passionné et combatif, mais ses interventions sont souvent plutôt populistes que pragmatiques. Il parvient à mobiliser des abstentionnistes et à s'adresser à des électeurs du centre.
Et pourtant
Steinbrück ne pourra pas vaincre la chancelière. En effet, la chancelière Merkel est consciente que cette élection parlementaire fédérale sera marquée par de franches altercations. Elle sera présente à ces rendez-vous.
Un argument fort pour la réélection de Merkel est que son parti s'est déplacé vers le centre du spectre politique et s'est ainsi ouvert un grand potentiel d'électeurs. La chancelière fédérale a posé les bases d'une conception pragmatique de la politique au moyen de sa façon de penser libre de tout enfermement idéologique. C'est pour cela qu'il lui a, par le passé, été fréquemment possible de revenir sur les positions ou des décisions sans craindre de perdre la face.
Un avantage supplémentaire pour Merkel est qu'elle sait qu'elle a son parti derrière elle. La concurrence interne au parti est limitée voire inexistante. Pour cette raison, la CDU concentre entièrement ses efforts sur sa candidate à la chancellerie en vue de la prochaine élection législative fédérale. Le candidat du SPD, Steinbrück, quant à lui, va encore devoir se donner de la peine pour contenter aussi bien les ailes droite et gauche de son parti. Les conflits d'intérêt et des divergences de points de vue de ces deux ailes politiques pourraient poser problème à Steinbrück.
Enfin, Steinbrück ne pourra pas triompher de Merkel parce que les électeurs ne peuvent repérer les différences principales entre les deux candidats. Beaucoup se souviennent encore de l'époque où, entre 2005 et 2009, Steinbrück et Merkel faisaient partie du même gouvernement et ont sorti ensemble l'Allemagne de la crise. Dans ce conteste, il est par ailleurs important d'évoquer que la capacité d'adaptation de la chancelière fédérale estompe les points de vue politiques différents des deux grands partis. L'inattaquabilité de la la chancelière s'est développée à un tel point qu'elle est maintenant un problème majeur de l'opposition.
Jusqu'à présent, les offensives de fond de Steinbrück en faveur d'une meilleure régulation des banques semblent ne pas inquiéter Merkel. Au sein des milieux avertis, on peut entendre que les modifications proposées ne seraient que de nature marginale et que leur efficacité serait douteuse. Elles ne toucheraient pas au noyau des problèmes et n'auraient ainsi pas pour conséquence de profondes réformes.
Le jour de l'élection, donc, beaucoup de gens se déplaceront vers le bureau de vote avec le sentiment qu'il n'y a aucune véritable alternative à la chancelière fédérale Merkel.
Cet article présente intentionnellement un seul parmi les différents points de vue existant sur cet enjeu. Son contenu ne reflète pas nécessairement l'opinion personnelle de l'auteur. Je vous invite à prendre connaissance de la philisophie de Duel Amical.
Être pour une politique plus compétente, c'est être pour Steinbrück
À l'automne 2013, l'Allemagne va élire un nouveau Bundestag et ainsi un nouveau chancelier fédéral. Il est déjà établi que deux grands ensembles de thème vont déterminer la 18ème législature de la chambre basse du parlement européen. D'une part, il y a la question de la justice sociale et de la répartition des richesses en Allemagne. Depuis 2010 d'autre part, la gestion de la crise de l'euro influence la politique allemande, et cela va clairement continuer en 2013. Aussi, la question se pose de savoir sous la direction de quel parti et de quelle personnalité politique ces deux questions pourront être résolues au mieux.
De quel type de chancellerie l'Allemagne a-t-elle envie et besoin ?
La question est : quel sorte d'Allemagne les citoyens de la République fédérale souhaitent-ils ? Les premiers remous des débats des mois à venir vont servir de toile de fond à la 18ème législature. Une Allemagne marquée par l'apathie politique, dans laquelle les partis de gouvernement s'abaissent à des stratégies partisanes (FDP) ou des sagesses de table des habitués bavarois (CSU) ? Cela signifierait une poursuite de la ligne actuelle.
Ou bien doit-il s'agir d'une Allemagne des réformes sociales, économiques et financières, dans laquelle, dans la plus pure continuité de l'aire de Gerhard Schröder, l'innovation et la productivité caractérisent l'image des Allemands dans le monde ? Car si les positions fondamentales de Peer Steinbrück se rattachent à de grandes réformes du passé de la République fédérale, c'est bien à celles de Gerhard Schröder.
Steinbrück est le mieux armé pour faire face à l'avenir
Et où résident les forces de l'économiste érudit ? Steinbrück est le portrait même d'un fonctionnaire politique expérimenté, qui s'est fait un nom depuis des années en tant qu'expert de la finance et de l'économie, une image qu'il s'est forgée en occupant de nombreux postes à responsabilités aux niveaux local et national.
Au début de la crise financière en 2008, Steinbrück jouait justement encore, avec le portefeuille des finances, un rôle actif au sein du gouvernement conservateur de Merkel, et pourrait jouer le même à partir de l'automne 2013, mais à ce moment-là avec la compétence directrice propre au chancelier fédéral.
Ainsi, Steinbrück a élaboré tout récemment en collaboration avec des experts un projet de régulation bancaire, qui a reçu une large approbation. En résumé, Steinbrück est exactement le spécialiste avec les compétences que l'Allemagne et l'Europe peuvent utiliser tout de suite.
Il en est tout autrement du cabinet de la chancelière fédérale Angela Merkel, dont les ministres des finances Wolfgang Schäuble et de l'économie Philipp Rösler donnèrent au cours de la crise de l'euro le spectacle de perpétuelles hésitations avec des positions contradictoires changeant d'un jour sur l'autre.
Ainsi, le résultat au bout de quatre années de gouvernement noir-jaune ne contient aucune réforme de politique intérieure digne d'être nommée et des errances sur la scène européenne.
Au contraire, au même moment, le SPD et son candidat Steinbrück auront, fidèles à la tradition électorale, un excellent parti partenaire – les Verts allemands. Bien plus que des positions idéologiques, ils souhaitent définir, en se basant sur une grande expérience pratique, une politique clairement couronnée de succès dans les domaines de l'environnement et des affaires sociales. Notons que Madame Merkel a, dans le passé, essayé à plusieurs reprises de gagner la sympathie des écologistes avec des idées vertes et rouges (souvenons-nous de "Merkel, la chancelière de l'environnement"), ce qui resta toutefois objectivement une démarche sans réussite.
Angela Merkel manque de ressources humaines pour compléter son équipe
Et justement, le style politique de Merkel a été, pendant ces dernières années, ce qui va lui coûter la victoire aux élections. Clairement, sa politique n'est plus le fruit d'une idéologie. Bien au contraire, elle a essayé depuis bien avant Fukushima de rattraper le progrès social. En outre, sa direction a été destructrice pour son propre parti dans la mesure où elle en a éliminé un a un les poids-lourds, en commençant par Clement, puis Koch et enfin Wulff. C'est ainsi qu'Angela Merkel a réussi au cours des années passées à se débarrasser de de ses concurrents à l'intérieur du parti comme à l'extérieur. Le résultat est que dans une CDU privée de Merkel, il est aujourd'hui difficile de trouver un visage connu et reconnu que pourrait incarner un ministre fédéral compétent. La situation est autre au sein du SPD, où, jusqu'à présent, la direction collégiale à trois têtes a montré ses forces et a fait émerger dans les sections locales du parti de jeunes politiciens ambitieux.
L'image qui ressort est celle d'une chancelière isolée, qui n'est plus ni plus ni moins que son parti lui-même – mais a tout de même perdu de sa superbe. Alors que la cote de popularité des candidats était, avant la nomination de Steinbrück, de 30 % pour lui contre 57 % pour Merkel, l'écart s'établit à 38 % contre 49 % deux semaines plus tard seulement à la mi-octobre.
L'éclat d'Angela Merkel commence à se ternir et s'effriter ; nous verrons ce qu'il reste derrière cette façade. Jusque-là, une chose est sûre : Steinbrück est un homme politique et ses compétences sont certaines. Seulement, est-il le mieux armé pour une campagne ?
Cet article présente intentionnellement un seul parmi les différents points de vue existant sur cet enjeu. Son contenu ne reflète pas nécessairement l'opinion personnelle de l'auteur. Je vous invite à prendre connaissance de la philisophie de Duel Amical.
Swipe to see the other side.
Commentaires
Ajouter un commentaire