Momentum: un moment passager ou le parti du futur?

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Le mouvement du Momentum a fait irruption sur la scène publique en 2017 en recueillant des signatures contre la candidature olympique de 2024 à Budapest. Le mouvement est entre-temps devenu un véritable parti; C’est pourquoi il entre en compétition pour des sièges parlementaires en avril 2018. Comment la politique de Momentum peut-elle être évaluée? Qu’elle sera le destin de ce nouveau parti ?

D’un mouvement à une nouvelle génération: le présent et le futur du Momentum

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05/04/2018 - 18:25
La ligne de la politique hongroise peut prendre un tournant radical en avril 2018: après huit ans, le gouvernant Fidesz (conservateur de droite) affrontera à nouveau ses concurrents. Au cours des dernières éléctions en plus des membres permanents tels que le MSZP, la Coalition Démocratique ou le Jobbik, un nouveau parti a émergé à l'horizon de la politique hongroise. Le mouvement Momentum,qui s’est fait connaître du public de manière spectaculaire, s’est bel et bien mis en marche et il a de bonne chance d’atteindre son objectif en terme de seuil parlementaire en avril prochain.

Le Momentum a été fondée en 2015 et a été reconnue deux ans plus tard avec son initiative baptisée NOlimpia. À l'époque, il n’était encore qu’une association, mais ses militants, par la force de l’entraide, ont recueilli 266 000 signatures pour l'appel à un référendum sur les Jeux Olympiques.
Le gouvernement a finalement reculé et a retiré sa candidature aux Jeux Olympiques de 2024. Le mouvement est rapidement devenu un parti centriste, qui représente un esprit nouveau sur la palette politique hongroise: Il rejète la catégorisation gauche-droite et libérale-conservatrice. Il s'agit d'une politique particulière qui partage la promotion du marché mondial ou de l'éducation intégrée en tant que la protection des frontières.

Une politique de nouvelle génération

Le Momentum s'appuie sur les jeunes en particulier, essayant de s’adresser à eux étant donné que le mouvement s’identifie également en tant que représentant d’une nouvelle génération dans la vie politique hongroise. Selon une enquête de 2016 de Policy Solutions, parmi les Etats d'Europe centrale (Pologne, Bulgarie, Autriche, Hongrie), ce sont les hongrois qui sont les moins satisfaits de leur vie et de leurs opportunités. 32,1% des personnes interrogées se sont déclarés insatisfaites et 7% est totalement désillusionné. La première valeur est le quadruple, et le dernier est le septuple par rapport à l’opinion des jeunes autrichiens. La particularité de Momentum réside dans le fait qu'il s’adresse à la jeunesse politiquement inactive, et il leur fait comprendre qu’ avec de l’entraide ils sont capables d’améliorer leurs opportunités et un nouvel horizon peut s’ouvrir devant eux. Comme indiqué dans le programme du parti, il vise à introduire la Hongrie au 21ème siècle, et cela doit être réalisé en fonction d’objectifs communs. Le Momentum se concentre sur des rêves non réalisés au cours des 28 dernières années, parce que - contrairement aux affirmations du gouvernement - la performance de la Hongrie ne s'est pas améliorée, mais s'est détériorée.

Le programme traite douze questions principales : L’éducation avec son arrière-plan financier et professionnel, le développement durable, le changement du système de retraite, la réforme du marché du travail, la modernisation des services de santé, l’égalité de traitement, une politique Europhile et les supports familiaux. Il consacre un chapitre distinct à l'élimination de la corruption systémique, ce qui est particulièrement pertinent compte-tenu des événements récents tels que les résultats décevants de la récente enquête sur la corruption menée par l’affaire Elios ou Transparency International. Tout comme un certain nombre d'autres partis d'opposition, le parti souligne que la corruption croissante constitue un obstacle important au développement de la Hongrie, le système actuel n'est donc pas durable. La politique du Momentum aborde donc à la fois les défis de la génération Y et les problèmes vitaux pour l'ensemble du pays. Cependant, le programme a été contesté par beaucoup en disant qu’il ne comporte que de belles paroles et que pour son implantation necessite des ressources que le pays ne possède pas. Le parti a réagi en publiant sur son site la liste des éléments qu’il supprimerait dans un premier temps du budget.
De telles dépenses comprennent par exemple le transfert du gouvernement au château de Buda, le projet Paks2, l'appareil d'État exagéré la construction du chemin de fer Belgrade-Budapest, la distribution de crédits par Eximbank ou les dépenses de construction des stades. Avec l'élimination des éléments énumérés, la trésorerie augmenterait de 306 milliards HUF. L'élaboration du programme, selon les informations du site web 444 a été réalisée à l’aide de 150 experts donc la déclaration selon laquelle le projet est sans fondement est simplement «confus» semble être correcte . Le Momentum prend clairement la politique au sérieux, elle représente une véritable opposition et ses intentions ne se limitent pas à un seul cycle électoral.

Les aspirations du Momentum

Il est important de noter qu’il s’agit d’ un parti très jeune; l’accès au seuil parlementaire serait en lui même déja un énorme succès. Ses adversaires préfèrent le considérer en tant qu’ un mouvement faible et passager. Par conséquent, cela vaut la peine d'analyser l'histoire de Fidesz. Après la fondation du parti gouvernemental actuel en 1988, il a fonctionné comme une alliance générationnelle organisant des manifestations à propos de diverses questions sociales importantes - tout comme Momentum.
Deux ans plus tard, lors des premières élections libres, il est devenu parti membre du parlement, mais il ne peut former un gouvernement qu'en 1998 (en coalition avec MDF et FKgP). Les voix critiques qui intitulent Momentum comme une illusion à cause de son aspect pionnier ne sont pas fondées, car notre parti gouvernant actuel a commencé avec une structure similaire.

Dans l'ensemble, Momentum est plus qu’un simple parti, comme le nom du mouvement l’illustre aussi. Le président András Fekete-Győr, dans son interview fait par le 24.hu, a déclaré: qu’ils croient au pouvoir de la communauté, entre autres choses, ce qui les différencie des autres partis, c’est qu’ils travaillent avec un vaste réseau de bénévoles. Ce sont des jeunes qui travaillent sans salaire, nuit et jour, qui collent des autocollants, qui rassemblent des signatures au comptoir. Les membres du mouvement organisent des mini-communautés en frappant sur les porte des sympathisants en Hongrie et à l'étranger. Selon András Fekete-Győr, le mouvement ne pourrait pas fonctionner sans ses militants, c’est que de cette manière qu’ils peuvent atteindre les électeurs, parce que Momentum n'a pas les mêmes moyens financiers et un cercle de soutiens aussi influents que les autres partis d'opposition.

Ils se différencient des autres acteurs politiques par le fait qu’ils n’ont pas présenté de candidat pour le poste du premier ministre, ce qui n’exclut pas qu’ils accèdent au parlement ou au gouvernement, ou encore qu’ils forment une coallition avec d’autres. Désormais ils travaillent sur des conceptions innovantes qui ne se forment pas autour d’une seule personne, mais autour d’un groupe « d’ambassadeurs générationnels » qui représenteraient l’intérêt du pays et des habitants. Parmi eux il y a « un diplomate de l'UE revenu de Bruxelles, un maire rome campagnard, un militant civil handicapé, un étudiant conservateur de la campagne, un double citoyen américano-hongrois et aussi une mère d’une famille nombreuse. Ce sont eux qui sont capables de représenter la nation entière ensemble ", déclare le communiqué du parti en janvier.

Au final, Momentum forme une opposition vaillante par son élan et son aspect humain. Le parti ne s’obstine pas à dire que sa politique est la seule voie possible, son attitude envers les électeurs et les autres partis est beaucoup plus réaliste.
András Fekete-Győr a précisé: ”il faut voter pour celui en lequel ont a confiance, pour celui qui porte l’espoir, pour celui qui remplit ses buts fixés et qui agit.” Peu importe son résultat d’avril, Momentum envisage des plans sur le long terme. Le parti a annoncé il y a quelques jours qu’après la période du recueil des signatures, ils commenceront les négotiations avec LMP-Új Kezdet (”Nouveau début”). Momentum – indépendamment du fait qu’il atteigne le seuil de l’accès au parlement qui est de 5% en avril 2018 ou non – promeut une politique réelle et efficace, si c’est de nouveau à Fidesz de former un gouvernement. Momentum, depuis un simple mouvement s’est transformé en une nouvelle génération politique, "le dernier bastion des membres de la jeunesse qui sont encore restés en Hongrie”.

Cet article présente intentionnellement un seul parmi les différents points de vue existant sur cet enjeu. Son contenu ne reflète pas nécessairement l'opinion personnelle de l'auteur. Je vous invite à prendre connaissance de la philisophie de Duel Amical.

Seulement un moment, rien de plus

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05/04/2018 - 18:25
Pour ceux qui étaient socialisés dans les sociétés occidentales du 21-ème siècle, le désenchantement causé par l’élite gouvernante et l’indifférence totale envers les questions publiques sont des expériences tout à fait banales. Certains groupes politiques essaient de résoudre cette contradiction en se revendiquant „centristes” ou „une troisième voie” et en refusant le clivage gauche-droite des opinions politiques, qui est un produit des 19-20ème siècles. Mais est-ce possible de faire fonctionner à long terme un mouvement politique qui cherche à gagner du territoire sur le plan politique en reprennant de chaque côté les valeurs et les personnages qui lui semblent subjectivement sympathiques?

L’année 2017 était peut-être plus innovante que jamais sur le plan politique européen: de nombreux mouvements se sont lancés sur le vieux continent. Parmi eux, celui qui a le plus de succès est sans doutes le parti gouvernant de la France, „En Marche”, fondé par le président Emmanuel Macron. Cette nouvelle vague s’est manifestée dans notre pays par le „phénomène Momentum”, mais on peut néanmoins douter de la viabilité d’une telle organisation dans le microclimat politique propre à la Hongrie? Un prélude peu rassurant étant donné que même les bases du gouvernement semblent se reposer sur des fondements bien instables.

Une crise d’identité ou un manque total d’identité?

Cette force politique qui a fait un carton dans l’opinion publique au début de l’année dernière fait preuve d’une connaissance parfaite des leçons des principaux objectifs du libéralisme contemporain (par exemple: le mariage homosexuel, la position pro-IVG et pro-mondialisation) auxquelles s’ajoute une petite pincée de conservatisme (la question des Hongrois au-delà des frontières) et quelques aspirations des Verts. Par ce nouvel élan, ils sont parvenus à atteindre certaines couches sociales, surtout au début. Ils ont eu avant tout la sympathie des diplômés citadins ayant moins de 40 ans. Or leur rayon d’action n’ira probablement pas plus loin. Bien que ce soit peut-être le premier parti dans l’histoire de la Troisième République Hongroise qui donne de l’importance à la représentation des Hongrois partis pour des raisons diverses définitivement ou provisoirement pour l’Europe occidentale, leur multitude idéologique peut engendrer des manifestations péniblement contradictoires qui peuvent mener à la perplexité de la part de leurs sympathisants. Il est aussi important de noter à quel point il n’y a pas de ”créneau de marché” pour eux en Hongrie. Il existe déjà des organisations et des groupements représentant leurs idéologies triées. Certains points crystalisés par leur programme (comme la situation de la santé et de l’éducation par exemple) sont déjà repris et assez fortement médiatisés tous les jours par l’opposition.

Les inconvénients stratégiques d’une initiative réactionnaire négative

Par leur campagne NOlimpia en janvier-février 2017 le Momentum a indégnablement bien compris l’importance de se mêler des affaires concrètes et de la thématisation. Néanmoins, après la fin victorieuse du projet, toutes leurs initiatives ont échoué ou ont été laissées tomber en raison de l’indifférence du public. Les slogans comme ”Arrêtons Monsieur Orbán et Moscou!”, ”En marche la Hongrie”, ou ”Nous appartenons à l’Europe!” sonnent peut-être bien, mais ils n’ont cependant pas dépassé le seuil de la sensibilité de la plus grande partie de la société. Il est nécessaire de noter ici à quel point la représentation, bien qu’efficace d’un message destructif, peut être contre-productif, puisqu’il faudra payer le prix important des avantages stratégiques du moment au niveau des perspectives à plus long terme. Au printemps 2017 la popularité du parti, grâce à cette récolte de signatures victorieuses et leur effet de nouveauté, a dans un premier temps atteint son apogée, certains sondeurs l’ont même estimée à 3 %. Mais dès que leurs faiblesses de gestion et de leur ligne idéologique se sont manifestées, cette popularité s’est vite érodée à 1%. Et nous n’avons pas encore mentionné le fait non-négligeable que par l’hinibition du projet olympique le parti a réussi à rendre un segment de la société (les pro-olympistes) hostile à lui, pour probablement assez longtemps. Cela n’est pas du tout bénéfique pour un parti fraîchement fondé qui a intérêt à gagner la confiance de la plus grande partie possible des électeurs.

Crise de direction

L’autre raison du déclin depuis l’automne dernier de Momentum, hormis cette crise idéologique, ce sont les conflits internes éclatés au sein de la direction du parti. Dès le départ une gestion conflictuelle, la fuite des correspondances internes, des tensions élevées, tout ceci caractérise le fonctionnement du parti et ces élements se sont empirés avec la lutte ”privée” entre le président Fekete-Győr András et le vice-président Soproni Tamás, supportée par les différents membres. Le cessé-le-feu mis en place pour la période des élections ne fait que remettre la prise des décisions stratégiques importantes et concernant la direction, qui seraient de première nécessité pour survivre dans un future proche.

Le Mouvement Momentum essaie très sagement de s’éloigner des partis libéraux de gauche qui sont sur le point de s’émietter, et aussi du parti Jobbik qui est en train de lutter contre les difficultés idéologiques et morales des partis nationalistes. D’une façon paradoxale c’est son accès au Parlement qui pourrait lui garantir sa survie. Car il est impossible de savoir jusqu’à quand les soutiens du parti patienteront avant les réformes. S’ils ne réussissent pas en avril, il ne sera pas possible de penser à une plus grande échelle que quelques mois avec les micro-dons. Alors que les élections municipales ne’auront lieu que dans un an. Selon la situation actuelle, ce nouveau mouvement politique risque d’être un velléitaire. Ce n’est pas le cas de ”En Marche”. Bien que touss deux définissent leur identité de ”parti centriste” par le tri des principes et des hommes politiques, les Français sont sans doutes soutenus par une expérience gouvernementale et un entourage politique plus importants. Cette nouvelle initiative hongroise restera probablement une paranthèse intéressant dans l’histoire de la Hongrie du début du 21-ème siècle.

 

 

 

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