Législatives tchèques de 2017 : victoire ou faillite de la démocratie ?
Les législatives tchèques : Un nouveau dynamisme
Quand les résultats des éléctions restent constant, la société n’attend plus les idées révolutionnaires et novatrices des gagnants de toujours. Cette année le pas s’annonce grand, au point que l’on ne voit plus où on arrivera. En effet, les derniers résultats peuvent s'expliquer par le succès des nouveaux mouvements dont les programmes sont ambitieux et qui sont d’autant plus motivés de les réaliser car leur survie dépend du soutien de leur électeurs. Mais en ce qui concerne le succès de l'ANO, c'est la peur de l’inconnu, tout à fait naturelle, qui peut aveugler : elle ne doit pas cacher l’évolution qui se cache derrière.
Un pas vers la prospérité du pays
Le mouvement ANO, mené par le businessman d’origine slovaque Andrej Babiš, vient de gagner les élections avec un résultat spectaculaire : presque 30% des voix. Babiš est la deuxième personne la plus riche en République tchèque. Il s’y connaît dans le domaine des finances et il a su utiliser ses connaissances et ses capacités en tant que ministre des finances entre les années 2014 - 2017. Pendant toute la durée de son mandat, la République tchèque a connu une prospérité économique importante. Lors de présentation du bilan de l’année 2016, Andrej Babiš a fait ressortir de nombreux point positifs, comme par exemple l’excédent budgétaire de plus de 61 milliard de couronnes ce qui est le meilleur résultat dans l’histoire de la République et qui a permis de réduire l’endettement de chaque habitant de 6000 couronnes (230 euros). Il a aussi mis en place un nouveau système d’enregistrement électronique des ventes (EET) afin d’éviter la fraude lors du prélèvement des impôts ce qui permet à l’Etat de récupérer tout ce qui lui appartient et de l’utiliser ensuite dans l’investissement et l’innovation dans de nombreux domaines industriels et technologique notamment. Enfin, le chômage est en baisse depuis 4ans, au mois de septembre le taux était seulement de 2,7%. Les chiffres ne mentent pas. Babiš a prouvé sa capacité à mener l’Etat vers la prospérité économique. Et on sait bien que la prospérité économique est souvent un facteur moteur qui assure à l’état la prospérité dans les autres domaines, qu’ils soient sociaux ou politiques. Comme Premier ministre, il ne fera qu’élargir ses compétences, ce qui lui facilitera la poursuite de sa politique, une politique qui a pour but le bien du peuple et qu’il a déjà bien mené jusqu’à maintenant.
Les nouveaux éléments novateurs
Les candidats aux élections de cette année ont apporté plusieurs nouveautés sur la scène politique tchèque. Tout d’abord, le nombre grandissant des nouveaux mouvements et partis témoigne du renouvellement politique constant du pays. Parmi les neuf qui accèdent au Parlement, quatre ont été crée dans la dernière décennie. Ils apportent des idéologies diverses et dynamiques. Par exemple, la plus grande surprise fut sûrement le Parti Pirate qui a obtenu presque 11% de voix et dont le programme est basé sur la digitalisation des actions des institutions du fonctionnement de l’Etat, la transparence des actions des hommes politiques et l’importance des libertés individuelles. C’est une idée originale et très innovatrice, pour la première fois un point clé est basé sur le développement technique. Avec un nombre de plus en plus important de nouveaux mouvements sur la scène politique, les programmes se diversifient, couvrent plus de sujets et attirent et satisfont plus d’électeurs, mais aussi cela montre l’évolution de la scène politique et sa capacité de suivre le rythme de l’évolution de la société.
De plus, de plus en plus de jeunes apparaissent sur la scène politique. Cette année le plus jeune député de l’histoire du pays a été élu à la Chambre basse : Dominik Feri, étudiant en droit, 21 ans et membre du parti libéral TOP09, a cueilli tout seul 6% des voix pour ce parti. Il est particulièrement actif sur les réseaux sociaux, il participe aux débats avec des jeunes et il a aussi prévu, suite à son élection, de créer un programme d’éducation politique en ligne pour les jeunes. Beaucoup de jeunes ont avoué que sans son action politique ils n’auraient pas voté ni suivi les actualités politiques. Grâce à ce genre de personne, le monde politique devient de plus en plus populaire, et surtout parmis la jeunesse, ce qui est une vraie nouveauté.
Je pense que les élections de cette année, qui ont amené sur le devant de la scène des partis nouveaux et novateurs, des jeunes gens comme Dominik Feri, sont un réel moteur qui permet un nouveau départ à la République Tchèque et qu’elles vont propulser les jeunes dans le monde de la politique.
Le multipartisme - un renfort de la démocratie
Neuf partis ont réussi à franchir la frontière des 5% indispensable pour pouvoir se représenter dans la Chambre des députés. C’est le nombre le plus grand dans l’histoire du pays. Cela veut dire que le spectre politique a été enrichi de plusieurs programmes qui forment une diversité idéologiques. Dans les neuf programmes les visions de l’Etat sont très diverses - L’Etat comme une entreprise, comme une démocratie libérale, comme un un espace protégé contre les migrants et les cultures étrangères etc. Ces visions diverses peuvent compliquer les négociations et ralentir la recherche d'entente entre les partis, mais je suis persuadée qu’en même temps ce multipartisme renforce la démocratie justement par la multiplication des débats et le besoin de rechercher d'un compromis. Plus il y a de partis présents dans la Chambre des députés, plus grande est la partie de la population qui peut se retrouver et devenir sympathisants, et ainsi voir ses intérêts au coeur des débats. La politique deviendra plus “humaine”, elle sera de nouveau proche des individus et non plus seulement d’une masse démographique abstraite.
Cet article présente intentionnellement un seul parmi les différents points de vue existant sur cet enjeu. Son contenu ne reflète pas nécessairement l'opinion personnelle de l'auteur. Je vous invite à prendre connaissance de la philisophie de Duel Amical.
Les législatives tchèques ou un grand pas en arrière
Avec la percée historique des populistes, et notamment des formations ANO du milliardaire Andrej Babiš ou SPD (Parti de la démocratie directe, extrême-droite), certains sont choqués, d’autres ravis. Le bouleversement de la scène politique tchèque, un pas en avant ? Non, plutôt la réalisation des pires cauchemars…
Un pas vers le populisme
D’abord, il est déplorable que, cent ans après la création de la Tchécoslovaquie et le triomphe de la démocratie, les Tchèques se méfient plus que jamais de leurs représentants politiques. Les législatives l’ont montré, avec le recul marqué des partis traditionnels (notamment la social-démocratie, qui ne détient plus que 15 sièges sur 200), et l’essor spectaculaire des formations populistes, dont ANO et SPD. Les Tchèques, traditionnellement sceptiques vis-à-vis de la scène politique, l’ont décrédibilisée encore plus, aux yeux même des internationaux, en votant massivement pour Babis, un ancien agent de la police secrète communiste poursuivi actuellement pour ses affaires de corruption. Le slogan de sa formation, « gérer l’État comme une entreprise », a bien fonctionné. Une bonne partie de l’électorat semble donc bien vouloir se faire diriger dans des conditions misérables, de la même façon que les travailleurs de l’Europe de l’Est exploités par Babiš dans ses entreprises agricoles….
Un pas vers l’intolérance
Ensuite, il faut noter que la société tchèque se radicalise et s’enferme sur elle-même, ce qui se reflète aussi dans les résultats des législatives. Ainsi, la deuxième formation, le Parti de la démocratie directe, soutenue par Marine Le Pen, veut mettre un terme à « l’islamisation » de la République tchèque et à l’immigration et ANO souhaite, quant à lui, en finir avec la bureaucratie de Bruxelles. Les Tchèques, cette petite nation peu connue même de ses voisins européens, semblent vouloir retrouver une gloire nationale perdue. Mais en réalité, les législatives ont contribué plutôt à ce que la République tchèque soit désormais placée aux côtés des pires populistes qui baffouent les valeurs démocratiques, à savoir la Pologne et la Hongrie.
Un pas vers la mort de la démocratie
Certains pourraient objecter que l’intolérance envers l’islam et les réfugiés n’est pas partagée par toute la population et que mon jugement est exagéré. Mais si le reste de la population n’est pas d’accord, pourquoi il se tait ? Pourquoi n’y a t-il pas d’initiative citoyenne pour lutter au nom de la démocratie et de la tolérance, comme en Pologne par exemple ? Car la démocratie se meurt en République tchèque, et les législatives ne font que confirmer cette tendance. La haine et l’intolérance prennent le pas sur la société civile, malheureusement absente, pour ne pas dire morte. Si une résistance contre les populistes intolérants (aussi bien à l’égard des réfugiés que des personnes LGBT d’ailleurs) existe encore, elle brille par son absence.
Que dire de plus avant de conclure ? La société tchèque a fait un énorme pas en arrière lors de ces législatives, en choisissant des représentants populistes et intolérants, contribuant ainsi à l’anéantissement même de la notion de l’Europe centrale, assimilée désormais aux yeux de l’Occident à l’Europe de l’Est et cachée derrière un rideau de fer qui semble se redessiner. Mais il n’est pas encore trop tard pour faire un vrai pas en avant. Peut-être lors des présidentielles en janvier ?
Cet article présente intentionnellement un seul parmi les différents points de vue existant sur cet enjeu. Son contenu ne reflète pas nécessairement l'opinion personnelle de l'auteur. Je vous invite à prendre connaissance de la philisophie de Duel Amical.
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