L'École doit-elle instruire ou éduquer ?

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Le projet de réforme de Najat Vallaut-Belkacem et les interrogations sur les missions de l'éducation nationale qui l'ont accompagné ont fait beaucoup de bruit en France. Finalement, le rôle de l'école est-il d'instruire ou éduquer?

Pour un Ministère de l'«Instruction» Nationale

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09/04/2015 - 20:00
L'école doit regarder vers l'avenir. L'éducation nationale souffre d'instabilité patente. On l'accuse des maux de la société et on tire à vue sur ses méthodes. Une seule solution ? INSTRUIRE.

Si Jules Ferry a rendu l'école gratuite, laïque et publique en 1882 c'est pour prodiguer une formation universelle à des enfants de tous horizons afin de les soustraire à l’Église mais aussi pour leur permettre de coexister ensemble. Oui, l'école a éduqué et inculqué ses valeurs aux bataillons sacrifiés lors de la Grande Guerre. L'éducation n'est pas morte : elle appartient à la famille. Aujourd’hui il faut instruire, former et délivrer aux générations futures un sens critique, sinon l'école court à sa perte.

De la nécessité d'instruire

Il est évident (à part pour quelques nostalgiques) qu'on a dépassé ce stade « d'éduquer » et que rétro-pédaler sonnerait le glas d'un système scolaire déjà sur la corde raide. Le message de l'école publique est toujours universel car non fondé sur la rentabilité ou la performance de ses enseignants au contraire du privé. Cependant, on ne peut pas faire l'autruche indéfiniment et refuser d'incorporer les différentes cultures existant en France ou dans le monde sauf à vouloir un programme scolaire digne de « retour vers le futur ».

Rimbaud est important, son apprentissage indispensable tout comme celui de Victor Hugo ou encore de Camus. Mais, ne pourrait-on garder une place pour les penseurs persans ou les poètes japonais ? Oui, les programmes sont denses et on ne peut spolier notre patrimoine littéraire ; fleuron de notre pays à l'étranger. Toutefois, il y a des valeurs intangibles que l'on retrouve dans toutes les cultures et qui contribuent à l'ouverture d'esprit des écoliers bien plus que d'aberrants cours de morale. Encourageons les voyages pour chasser l'obscurantisme et les correspondances. Mais pour que ça marche, il faut aussi mettre les mains dans le cambouis.

Instruire laïquement sur la religion

La France a une culture et des valeurs historiques qualifiées souvent de « judéo-chrétiennes » qui sont reprises dans son système éducatif et qui doivent se pérenniser. Toutefois, il est important d'enseigner de manière générale les principales religions cohabitant en France. Il ne s'agit pas de prosélytisme mais bien de dialoguer avec des élèves dès la primaire. Ceci permettrait d'atténuer ce que certains appellent dans toutes les situations inimaginables « le communautarisme». L'école publique et laïque est un terrain neutre, c'est pourquoi il lui revient de diffuser des connaissances sur les religions, par exemple grâce à des festivals de cinéma pour promouvoir l'ouverture culturelle.

Le débat autour des minutes de silence ou du terrorisme doivent être expliqués MAIS avec des mots d'enfants car on ne peut reprocher à des enfants de 8 ans de ne pas respecter une minute de silence pour quelque chose qu'ils ne comprennent pas.

Restaurer le partenariat famille/école

Si l'école doit instruire, la famille elle doit éduquer. Et c'est de là que vient le malaise. La famille n'assure plus sa part du travail. Je vous épargne la montée en puissance de l'enfant roi car c'est un autre débat. Le fait que les parents mettent en doute la crédibilité des enseignants face à l'arrogance de leur progéniture est un problème en soi et au lieu de pouvoir trouver des solutions conjointement, on a de plus en plus une coercition exacerbée !

On sait que les cultures sont de plus en plus différentes en France et il est plausible que la culture familiale soit différente de celle enseignée à l'école. On dénonce souvent la culture « légitime » et élitiste délivrée par l'école même si je pense qu'il est troublant de remettre en cause les sapins de Noël dans les classes sous pretexte que ce n'est pas laïque. La France a des racines et tout le monde doit composer avec. L'école ne doit pas s’immiscer dans la sphère familiale mais en être le pendant car promouvoir un dialogue creux ne sert ni la cause des profs ni celles des parents d'élèves.

L'école doit instruire, c'est sa mission dans les années à venir. C'est pourquoi il serait plus judicieux d'avoir un ministère de « l'instruction nationale » Cependant, si l'école doit se préserver elle doit aussi savoir tendre la main car c'est le sens même de la fraternité.

 

 

Cet article présente intentionnellement un seul parmi les différents points de vue existant sur cet enjeu. Son contenu ne reflète pas nécessairement l'opinion personnelle de l'auteur. Je vous invite à prendre connaissance de la philisophie de Duel Amical.

Éduquer pour mieux apprendre

09/04/2015 - 20:00
Institution d’importance cruciale, l’École est constamment le sujet de débats engagés. Son rôle est d’abord d’éduquer, même si l’État a longtemps limité ses prétentions à l’instruction, c’est-à-dire à la simple transmission des savoirs.

L’Instruction publique est l’un des fondements de la République. Elle a permis d’acquérir une relative autonomie vis-à-vis des déterminismes sociaux en plus de favoriser la participation des citoyens aux affaires collectives. Instruire, c’est transmettre des méthodes et des connaissances. Instruire, c’est contribuer à la mise en place d’une société plus juste. Instruire, c’est donc bien le rôle de l’Ecole.

L’Ecole ne doit pas se borner à instruire

La réussite de l’instruction publique nécessite certains prérequis. L’élève doit notamment acquérir les codes et valeurs lui permettant de s’intégrer à l’environnement social de l’Ecole : respect des règles, attention prolongée et discipline nécessaires au travail intellectuel, participation à la vie d’un groupe ou connaissance des parcours scolaires et de leur finalité.

Ces compétences sont-elles acquises par l’enfant qui intègre l’Ecole ? Pas toujours.

L’idéal voudrait qu’elles soient transmises dans un cadre familial. C’est souvent le cas au sein de foyers disposant d’un fort capital culturel. Malheureusement, il est rare que des parents ayant vécu une scolarité difficile parviennent à inculquer les codes de la réussite. C’est une limite de l’égalité des droits et des chances. Malgré plus d’un siècle d’école obligatoire, le patrimoine, matériel et mental, continue de discriminer les individus. Si un fils de berger peut devenir concepteur de la bombe atomique, la grande majorité de ses congénères connaît une ascension sociale plus modeste.

De plus, l’accès à une entière citoyenneté sous-entend l’acceptation du débat public et la confrontation avec d’autres univers. L’entre soi familial ou social prépare peu à cet échange et le brassage social à l’école n’est souvent que partiel.

L’Ecole doit elle se borner à instruire ? Pas seulement.

L’Education comme clé de voûte de l’enseignement scolaire

Si l’école se donne pour mission de corriger les inégalités sociales, il est de son devoir de transmettre les codes sociaux et les règles civiques nécessaires à la réussite de chacun.

Le rôle premier de l’Ecole est donc d’éduquer parce que l’Education est la clé de voûte de l’enseignement scolaire.

Eduquer, c’est promouvoir une société plus juste car c’est donner à tous la possibilité d’accéder à l’instruction.

Qui se contente d’instruire refuse de regarder la réalité en face. L’instruction sans éducation nuit à l’acquisition des connaissances et des méthodes.

Ce n’est pas un hasard si le défunt ministère de l’instruction publique a laissé place à celui de l’Education Nationale. Bien qu’instruire soit l’objectif vers lequel l’Ecole doit tendre, éduquer est son rôle premier.

En outre, on peut s’instruire ailleurs qu’à l’école. La bibliothèque, les rencontres, les voyages, le travail ou l’internet peuvent permettre à l’individu d’accumuler des connaissances tout au long de son existence. Comme l’a écrit Eschyle : « Les vieillards sont toujours assez jeunes pour s’instruire. ».

En revanche, qui d’autre que l’Ecole est en mesure d’éduquer si la famille échoue ? Peu de monde.

Peu d’acteurs sont en mesure de transmettre les codes déchiffrant le savoir. La valeur d’un enseignant se mesure ainsi davantage dans sa qualité d’éducateur que dans sa qualité de savant. Il existe donc une relation plus ténue entre Ecole et éducation qu’entre Ecole et instruction.

Au final, si l’instruction fait partie des missions de l’Ecole, son rôle est avant tout d’éduquer.

 

Cet article présente intentionnellement un seul parmi les différents points de vue existant sur cet enjeu. Son contenu ne reflète pas nécessairement l'opinion personnelle de l'auteur. Je vous invite à prendre connaissance de la philisophie de Duel Amical.

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Commentaires

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Il faut arreter les dogmes: l'ecole est la pour faire ci ou pour faire. Bien sur que l'ecole est là pour EDUQUER aussi. Excusez moi mais si les parents font comme ils font aujourd'hui: travailler chaque jour jusqu'a 18h , rentrer à la maison, sourir à la douche, repas et dodo, on fait comment pour eduquer nos chers bambins???
Alors: ou bien changer tout le systeme, les horaires de travail et oui alors volontiers je m'occupe de mon enfant, ou bien alors les ecoles prennent les responsabilité qui leur revient.

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Si l'école s'attarde sur l'éducation des enfants alors où est la place de l'instruction dans tout ça ? Les parents travaillent certes, cependant il y a tout de même une vie en dehors du boulot ou alors vous n'êtes pas prêt pour avoir des enfants dans votre quotidien.

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L'école peut instruire et éduquer mais seul les parents peuvent instruire et éduquer leurs enfants l'éducation est dans la famille pas à l'école

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L'éducation et l'instruction doivent aller ensemble. Car un enfant bien instruit mais mal éduqué ne servirait à rien.

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