Parrainage des candidats à l’élection présidentielle

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La campagne présidentielle a officiellement commencé en France depuis le vendredi 16 mars, dernier jour de dépôt des 500 signatures obligatoires au Conseil Constitutionnel pour participer à l'élection de mai. Cependant, les modalités de cette formalité font débat.

Parrainages pour la présidentielle française : plus de démocratie s'impose

09/05/2012 - 12:52
Parce qu'il rend possible les pressions et chantages politiques, et qu'en empêchant potentiellement la représentation de certaines formations comme le Front National, parti d’extrême droite français qui pèse entre 15 et 20% dans les sondages, il est un obstacle à la démocratie, le système actuel de parrainage des candidats à la présidentielle française doit être réformé.

Première étape vers la présidentielle, le dépôt des parrainages est une âpre quête pour certains. Il a été instauré en 1962, avec l'élection présidentielle au suffrage universel, afin de contrôler le nombre de candidats et d'écarter toute candidature fantaisiste. Les parrainages d'élus, c'est-à-dire de maires, députés, conseillers régionaux etc, doivent provenir de 30 départements différents. Jean-Luc Mélenchon, candidat du Front de Gauche, a été le premier à les déposer, suivi de Philippe Poutou, du Nouveau Parti Anticapitaliste, et de l'écologiste Eva Joly. Dès la semaine dernière, Nathalie Arthaud de Lutte Ouvrière et l'indépendant Jacques Cheminades ont déposé leurs parrainages, ainsi que Marine Le Pen, et Nicolas Dupont-Aignan, souverainiste. Sans grande surprise, les partis majoritaires, PS, UMP et MODEM ont recueilli les précieux papiers sans difficulté. A présent, les candidats disposent d'un temps de parole strictement égal dans les médias.

Un système qui favorise les gros partis

Le problème, c'est que les noms des signataires sont rendus publics. Il est donc facile pour les partis majoritaires de faire pression sur leurs élus afin que ceux-ci n'accordent pas leurs parrainages. Ces élus, dans la majorité des maires, peuvent également craindre une sanction de leurs électeurs pour avoir soutenu un candidat. Ils peuvent également se voir privés de subventions au terme d'un chantage politique. Ces 500 signatures sont un véritable enjeu de campagne : pour Nicolas Sarkozy, une absence de Marine Le Pen au premier tour occasionnerait un report des voix de l'extrême droite vers la droite, ce qui peut peser lourd dans la balance.

Une atteinte à la démocratie

A cause d'un tel système, des candidats valant plusieurs millions de voix lors des élections peuvent, à défaut de parrainages, ne pas pouvoir se présenter. C'est ce qui a failli arriver à Marine Le Pen. Ce système peut être paradoxal : en voulant limiter le nombre de candidats, il empêche potentiellement des partis importants en nombre de voix d'être représentés, tout en permettant à des candidats moins connus et moins populaires, mais peut-être plus politiquement corrects ou inoffensifs sur le plan électoral, d'être candidats. Pourtant, une simple mesure, découlant du principe républicain du secret du vote, pourrait résoudre ce problème. Instaurer l'anonymat des parrainages permettraient aux élus hésitants de soutenir des partis comme le FN sans en subir les conséquences.

Un thème de campagne ?

Le 6 mars 2012 sur France 2, Nicolas Sarkozy a proposé un parrainage de citoyens plutôt que d'élus, comme c'est le cas en Lituanie, au Portugal ou en Pologne, à raison de 3% d'inscrits. En reprenant les données du 6 mai 2007, chaque candidat devrait alors recueillir un million trois cent mille signatures, ce qui modifierait complètement le paysage électoral français. En tout cas, aucune famille politique, si elles reconnaissent toutes les limites du système, ne s'accorde sur une réforme.

Cet article présente intentionnellement un seul parmi les différents points de vue existant sur cet enjeu. Son contenu ne reflète pas nécessairement l'opinion personnelle de l'auteur. Je vous invite à prendre connaissance de la philisophie de Duel Amical.

Parrainage des candidats à l’élection présidentielle : un bon système

09/05/2012 - 12:52
La polémique sur les parrainages des candidats à la présidentielle française a éclaté en novembre dernier lorsque la candidate du Front National soutenue par d’autres élus a déposé une demande d’anonymat des signatures des maires au Conseil Constitutionnel. Bien qu’ils aient été déboutés en février, la question est revenue sur le devant de la scène vendredi 16 avril avec le dépôt officiel des parrainages pour se présenter au premier tour. La question a engendré de vifs débats mais, malgré les critiques, ce système semble légitime. Il régule le nombre de candidats et garantit une certaine transparence aux citoyens.

Le parrainage des candidats à l’élection présidentielle a été introduit en 1965 lors de la première élection du président français au suffrage universel. Chaque candidat devait alors obtenir le parrainage (ce qui se traduit concrètement par la signature) d’au moins cent maires pour être autorisé à se présenter au premier tour de l’élection. Ce système a été réformé en 1976, 500 parrainages sont alors nécessaires et l’anonymat des signatures est levé. C’est ce système que Marine Le Pen, candidate du Front National, conteste dans la QPC (Question Prioritaire de Constitutionnalité) qu’elle a déposé au Conseil d’Etat en novembre. Elle est soutenue dans sa démarche par Corine Lepage, candidate écologiste, et Christine Boutin du Parti Démocrate Chrétien. Elles s’appuient sur la modification de la Constitution française de 2008 qui stipule que « la loi garantit les expressions pluralistes des opinions ». Elles estiment en effet que certains partis, et surtout le Front National, sont stigmatisés ce qui dissuade les maires de leur donner leur signature même s’ils le souhaitent. La pluralité à l’élection n’est pas respectée puisqu’ils ne pourront peut-être pas présenter un candidat. Le Conseil d’Etat ayant renvoyé la question au Conseil Constitutionnel c’est aux sages qu’il a appartenu de trancher. Ils ont estimé que ce système n’est pas inconstitutionnel, déboutant ainsi les plaignants le 21 février 2012. La polémique est revenue au premier plan vendredi 16 mars, date limite du dépôt des signatures par les candidats, avec la déception des certains « petits candidats » qui n’ont pas atteint les 500 parrainages. La remise en question du système des parrainages n’est pas nouvelle mais en période électorale, elle prend une toute autre dimension. La démarche des dépositaires de la QPC n’est pas neutre.

Une instrumentalisation du débat

La question de la constitutionnalité du système de parrainage a été soulevée justement en pleine campagne présidentielle ce qui a eu pour effet d’attirer l’attention sur les personnalités politiques qui ont lancé le débat, particulièrement Marine Le Pen. Il est légitime de se demander si ce soudain intérêt pour la réforme constitutionnelle de 2008 n’est pas guidé par les calculs électoraux. Il est en effet assez courant chez la plupart des « petits » partis de jouer de cette course aux signatures en clamant ne pas avoir atteint le nombre minimum et en dénonçant l’hégémonie des grands partis comme l’UMP et le PS. Ils augmentent alors leur capital de sympathie parmi l’électorat. Ainsi beaucoup de bruit a été fait autour de la recherche de signatures du Front National, souvent présenté comme victime d’une stigmatisation. Toutefois, tous les partis utilisent ce système de parrainage pour augmenter leur médiatisation, la mise en scène du dépôt des parrainages vendredi dernier en témoigne. Les représentants de presque chaque parti ont défilé au Conseil Constitutionnel, déposant les parrainages le dernier jour, gardant le suspens jusqu’à la dernière heure.

Un système essentiel

Malgré les inconvénients de ce système de parrainage, tels la sur-médiatisation, il est essentiel au bon fonctionnement de la démocratie. Certes, les petits partis n’obtiennent pas toujours le nombre de signatures requises mais il est nécessaire de réguler le nombre de candidats au premier tour et d’écarter les candidatures fantaisistes. Le premier tour de l’élection présidentielle est en effet souvent utilisé par des candidats qui veulent se faire connaitre et ne briguent pas la présidence. Ensuite, il est tout à fait démocratique que les maires aient le droit de choisir librement à qui ils donnent leur parrainage où même de ne pas le donner et qu’ils en rendent ensuite compte à leurs électeurs. Les maires doivent assument publiquement leur responsabilité.

Le débat qui s’est développé autour du système de parrainage en vigueur n’est pas illégitime, la question doit être posée mais il a été trop visiblement instrumentalisé dans le cadre de la campagne par certains partis qui se sont présentée comme victimes. Ce système est démocratique et nécessaire au bon déroulement de l’élection présidentielle.

Cet article présente intentionnellement un seul parmi les différents points de vue existant sur cet enjeu. Son contenu ne reflète pas nécessairement l'opinion personnelle de l'auteur. Je vous invite à prendre connaissance de la philisophie de Duel Amical.

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