Doit-on sortir du nucléaire ?
Une transition indispensable vers les énergies renouvelables
La catastrophe de Fukushima en avril dernier a relancé le débat sur le nucléaire civil. En effet, cette catastrophe s’est accompagnée d’une brusque prise de conscience dans le monde entier : il est impossible de parer à tous les risques en matière nucléaire. La France est particulièrement concernée car le pays possède le second parc nucléaire mondial, 75% de sa production électrique dépend des centrales nucléaires. Malgré l’exemple japonais et la virulence du débat aucune décision probante n’a été prise dans le sens d’une réduction du parc nucléaire. Le nucléaire constitue pourtant un risque inacceptable mais celui-ci est généralement sous-évalué, particulièrement pour la nouvelle génération de réacteurs nucléaires. Il semble aujourd’hui nécessaire d’amorcer une transition vers les énergies renouvelables pour sortir à terme du nucléaire. Cependant, la majorité de la classe politique française peine à adopter une position tranchée.
Un risque nucléaire inacceptable et sous-évalué
La production d’électricité par les centrales nucléaires va de pair avec des risques majeurs. D’abord des risques environnementaux puisqu’une centrale nucléaire produit des déchets radioactifs et des risques technologiques, c’est-à-dire des risques de catastrophe majeure qui, dans le cas du nucléaire, met en danger l’espèce humaine elle-même. Tout le débat repose sur l’évaluation des avantages du nucléaire par rapport aux risques. Or le nucléaire est l’objet d’un lobbying industriel qui minimise la portée d’un accident auprès de l’Etat et du grand public. Chaque centrale nucléaire est en effet soumise à une analyse probabiliste qui doit déterminer la probabilité que chaque accident survienne et apporter une solution en conséquence mais il est apparu que plusieurs centrales en France ne sont pas adaptées aux risques terroristes ou d’une catastrophe naturelle majeure ni suffisamment assurées car les compagnies d’assurance ne couvrent pas le risque de catastrophe au-delà d’un certain plafond. Quant à l’argument de l’indépendance énergétique de la France garantie par le nucléaire, c’est un mythe. L’uranium utilisé comme combustible dans les centrales nucléaires est importé. Enfin sur le long terme la survenance d’un incident est quasiment certaine. Or, les réacteurs de Fessenheim, Tricastin et Bugey sont en service depuis plus de 30 ans en France et la prochaine génération de réacteurs aura une durée de vie d’environ 60 ans ! Un des ces réacteurs de troisième génération appelé EPR est actuellement en construction en France et constitue une pierre d’achoppement majeure du débat sur le nucléaire. Sa puissance sera bien supérieure à celle des réacteurs de deuxième génération ce qui induit des conséquences terribles en cas d’accident et ses déchets seront jusqu’à sept fois plus radioactifs. Il a de plus clairement été démontré par Greenpeace que les autorités et EDF ont minimisé les risques dans leur analyse. Peut-on alors encore parler de risque acceptable ? Le nucléaire constitue non seulement un danger pour les populations mais hypothèque l’environnement des générations futures. Le risque nucléaire ne peut donc pas être considéré comme acceptable d’autant plus que des alternatives existent.
Une transition nécessaire vers les énergies renouvelables…
Il est possible d’enclencher une transition énergétique qui permettra sur plusieurs dizaines d’années de diminuer voire même de stopper la production d’électricité par le nucléaire. Le principe est relativement simple, il s’agit de passer des énergies de stock basées sur des ressources qui s’épuisent comme le nucléaire aux énergies de flux, renouvelables et non-dangereuses. Toutefois la mise en application suppose un réel effort d’investissement en recherche et développement et surtout une surveillance de l’usage de l’énergie tant chez les particuliers qu’au niveau collectif. Développer l’utilisation des biomasses (bois, sous-produits agricoles, biogaz) s’impose ainsi que l’abandon des chauffages électriques, la mise en place de réseaux intelligents pour gérer les pics de consommation et surtout laisser une plus grande initiative au niveau local, les citoyens doivent être impliqués dans le processus de transition pour qu’il réussisse. Enfin le coût des énergies renouvelables ne cesse de baisser tandis que celui du nucléaire augmente avec des coûts de sécurité toujours plus élevés ce qui constitue un argument non-négligeable en temps de crise.
…ralentie par une classe politique peu réactive
Malheureusement les politiques français demeurent peu engagés pour une transition quant ils ne sont pas pro-nucléaire. Mis à part le parti Europe Ecologie les Verts qui milite pour une sortie du nucléaire mais peine à imposer la simple idée de la réduction du nombre des centrales en France, seul le parti du président Sarkozy a une position tranchée. Ce dernier a en effet déclaré que « sortir du nucléaire reviendrait à se couper un bras ». François Hollande qui se veut l’alternative au président en place a d’abord déclaré vouloir arrêter la construction de l’EPR avant de se raviser et entretient actuellement le flou en se prononçant pour un passage de 75 à 50% d’électricité produite par le nucléaire.
Face à ce peu d’initiative de la classe politique française c’est aux citoyens de militer et de prendre des initiatives pour enclencher une réelle transition. Il est en effet plus qu’urgent de sortir du piège nucléaire d’autant plus que des alternatives moins dangereuses sont aujourd’hui disponibles. Mais il sera nécessaire de changer nos habitudes de consommation d’électricité.
Cet article présente intentionnellement un seul parmi les différents points de vue existant sur cet enjeu. Son contenu ne reflète pas nécessairement l'opinion personnelle de l'auteur. Je vous invite à prendre connaissance de la philisophie de Duel Amical.
Suivre la mode anti-nucléaire serait une folie
Aujourd'hui, c'est le nucléaire qui devient l'ennemi public numéro un. Il faut pourtant se méfier des effets de mode. En particulier, la France doit relativiser tous les reproches adressés au nucléaire civil puisqu'il fournit presque 20% de l'énergie qu'elle utilise. Ce pourcentage élevé montre bien qu'un arrêt total de cette filière dans l'ensemble du pays serait déraisonnable. La France doit être ferme et refuser de sacrifier cette part de son industrie sur l'autel de la mode anti-nucléaire.
Un projet irréaliste
La France a déjà tellement investi dans l'énergie nucléaire que tout abandonner du jour au lendemain demanderait une somme que le pays n'est sans doute pas prêt à payer en ce temps de crise économique. De plus, tous s'accordent pour dire qu'une sortie rapide du nucléaire ne peut se faire sans une diminution considérable de la consommation d'électricité. Cependant, si certains soutiennent cette nouvelle mode pour se donner bonne conscience vis-à-vis de la propagande anti-nucléaire, peu d'entre eux accepteraient de modifier brusquement leurs habitudes de vie pour réduire la consommation nationale d'électricité. Un accord de principe n'est pas forcément un véritable engagement militant...
Une mode déraisonnable
Tous s'accordent pour dire qu'il faut préférer l'électricité par rapport au gaz et au pétrole. Il faut alors bien comprendre que le nucléaire fournit à la France 78% de son électricité. Cette part énorme est impossible à remplacer par des énergies « vertes » sans investir massivement et défigurer de très nombreux paysages. Cette mode justifie-t-elle les sommes astronomiques qui seraient nécessaires à l'arrêt des 58 réacteurs nucléaires français additionnées à celles que demanderaient la mise en place des moyens « moins dangereux » pour produire l'électricité ? Que l'on ne réponde pas par l'affirmative en invoquant les risques d'accident ou l'écologie. La probabilité d'un raz-de-marée, d'un fort séisme ou d'un kamikaze faisant exploser une centrale nucléaire française est faible.
Par ailleurs, ces centrales ne sont pas les seules sources de danger. Se souvient-on, par exemple, qu'un barrage peut se rompre ? Chaque moyen de production d'électricité possède des avantages et des inconvénients, son choix doit être cohérent avec les idées que l'on défend. Comment se dire écologiste quand on approuve la sortie allemande du nucléaire qui la pousse à davantage polluer avec ses centrales à charbon ? Le risque d'une catastrophe écologique peut certes être envisager avec le nucléaire, mais la pollution quotidienne par la combustion du charbon est absolument indéniable.
La France traverse une période de crise économique. Est-ce vraiment le bon moment pour licencier en masse ? Une aussi grosse industrie du nucléaire ne peut pas disparaître sans engendrer du chômage de masse dans les régions qui en vivent. Bien sûr, la plupart des travailleurs mis à la porte au nom du changement de mode retrouverait tôt ou tard un emploi... Cependant, dans le contexte actuel, cela prendra beaucoup de temps.
Une vision trop simpliste
En associant la volonté de sortir du nucléaire à celle d'éviter le gaspillage d'énergie, en isolant mieux les habitations par exemple, on se représente les pro-nucléaire comme des pollueurs. Cette vision est restrictive. Certes une électricité peu onéreuse ne favorise pas la lutte contre le gaspillage mais elle permet à un plus grand nombre d'avoir accès au chauffage, à la lumière... La sensibilisation sera l'arme contre le gaspillage. Il serait injuste d'augmenter le prix de l'électricité pour forcer les gens à réduire leur consommation, surtout pour ceux qui se limitent déjà au strict minimum. Il est possible d'être écologiste et social tout en défendant le nucléaire. C'est le chemin que choisit la France.
Cet article présente intentionnellement un seul parmi les différents points de vue existant sur cet enjeu. Son contenu ne reflète pas nécessairement l'opinion personnelle de l'auteur. Je vous invite à prendre connaissance de la philisophie de Duel Amical.
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