La monarchie, entre nostalgie et controverse

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Le passé de la Maison royale est voilé par l’abdication du roi Michel en 1947, qui s’est traduit par l’installation du communisme la même année. Pourquoi ne plus respecter la Maison royale comme on le faisait auparavant ? Pourquoi refuser d’accepter la gravité de l’erreur commise par le roi en 1947 ?

Regards sur une Roumanie royaliste

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25/01/2013 - 15:09
« La Couronne n’est pas un symbole du passé, mais une représentation unique de notre indépendance, souveraineté et unité ». Ce sont les mots du roi Michel lors du discours qu’il a prononcé devant le Parlement de Roumanie à l’occasion de son 90ème anniversaire. Cela montre qu’il est logique d’éprouver toujours du respect envers la maison royale.

Alors que la Roumanie ne jouit pas d’une image très positive sur le plan international et que les dirigeants du pays ne se donnent pas la peine d’y remédier, il semble que le pays se trouve dans une position qui le condamne à être mal vu. Mais pensons au prestige et aussi au respect qu’une Maison royale amènerait.

Un prestige qu’une famille royale est susceptible de réveiller
Royaume de Roumanie - Blason

Le 17 octobre 2011, pour le 90ème anniversaire du Roi Michel, de nombreuses représentations, plus somptueuses les unes que les autres, ont été données en son honneur, et la plupart des Maisons royales d’Europe y ont assisté. Même la presse française, notamment le quotidien Le Monde, a rendu hommage à l’ancien roi de la Roumanie. La Roumanie pourrait en tirer un certain respect et une amélioration de la manière dont elle est perçue par les autres pays, respect dont elle ne bénéficie pas forcément actuellement.

Une décision prise pour sauver des milliers de vies

Dans une interview de 2007 accordée au New York Times, le Roi Michel déclare : « Cela a été du chantage. Ils m’ont dit « Si vous ne signez pas tout de suite, nous devrons tuer plus de 1000 étudiants que nous gardons en prison ». Selon le Times, le gouvernement communiste aurait menacé d’arrêter des milliers de gens et de mettre le pays à feu et à sang, si le Roi Michel n’abdiquait pas ; il a même été menacé avec un pistolet par le Premier ministre communiste, Petru Groza. Il en découle que le Roi Michel n’a pas abandonné le pays au moment où les soviétiques s’en sont emparés ; il a fait ceci pour ne pas rendre la situation plus grave et pour sauver des milliers de personnes du massacre duquel le gouvernement communiste le menaçait.

Un respect toujours prégnant pour la personnalité du Roi

Le fait de se lever pour applaudir le roi à la fin de son discours semble tout à fait normal puisque c’est une personnalité à laquelle la Roumanie doit beaucoup, même aujourd’hui. Lors du partage des zones d’influence décidé au moment du pacte Molotov-Ribbentrop, la Roumanie a été attribuée à la sphère soviétique. Aussi le roi a-t-il été forcé de quitter le trône afin de protéger la population de son pays.

Une préférence des Roumains pour un roi étranger

Après la mise à l’écart d’Alexandru Ioan Cuza en 1866 par les partis politiques de l’époque, une importante activité diplomatique s’est développée pour trouver un prince étranger. La recherche d’un prince étranger a plusieurs arguments : la consolidation de l’autonomie, de l’Etat national (créé par l’union de 1859 sous la régence d’Alexandru Ioan Cuza), la croissance de l’intérêt européen et la volonté de faire cesser les luttes pour le trône, qui ont rongé la vie politique des Roumains durant des siècles. Après que le Comte de Flandre a rejeté la proposition de la délégation roumaine de devenir roi, avec le soutien du Napoléon III de la France, Carol I de Hohenzollern a été choisi comme roi de la Roumanie. Donc, dans cette logique, on peut dire que la famille royale de la Roumanie n’est pas de souche roumaine, mais qu’elle est étrangère par excellence, et qu’elle a été « adoptée » par les Roumains.

Pour conclure, quelle que soit la décision du peuple roumain par rapport à son régime politique, il faut bien avancer, en soutenant nos idéaux et en travaillant sur l’amélioration de la manière dont le pays est vu dans le monde. Comme le roi le dit lui-même dans son discours : « Le monde de demain ne peut pas exister sans morale, foi et mémoire. Le cynisme, les intérêts propres et la lâcheté ne doivent pas s’emparer de notre vie. La Roumanie a pu avancer à travers les idéaux des grands hommes de notre histoire, idéaux défendues de manière responsable et généreuse. »

 

Cet article présente intentionnellement un seul parmi les différents points de vue existant sur cet enjeu. Son contenu ne reflète pas nécessairement l'opinion personnelle de l'auteur. Je vous invite à prendre connaissance de la philisophie de Duel Amical.

Le retour de la monarchie?

25/01/2013 - 15:09
« Les rois ont fait la Roumanie moderne en quatre-vingt ans. Les communistes ont tout détruit en quarante ans » déclarait le roi Michel de Roumanie. Après avoir été chassé de Roumanie par les communistes soviétiques et l’Armée Rouge en 1947, la figure du Roi Michel n’est plus aussi glorieuse en Roumanie. Un lourd passé pèse sur ses épaules. C’est pourquoi un retour à la monarchie est actuellement impossible.

Le 17 octobre 2011, le 90ème anniversaire du Roi Michel de Roumanie a été célébré comme un événement national. Ou presque. Il a suscité de nombreux débats et réactions notamment parmi les leaders politiques, anciens ou actuels.

La période de la monarchie commencée avec Carol I de Hohenzollern en 1866 a été marquée par le progrès, la prospérité et la modernité. Cette période de gloire a fait de la Roumanie une grande puissance économique européenne et un modèle pour tout le continent. Mais après une sombre période de communisme qui a détruit tout ce qui avait été construit, la monarchie n’a plus sa place. En effet, la monarchie est obsolète en Roumanie parce que le communisme constitue une rupture majeure dans l’histoire du pays.

Une réticence justifiée envers la monarchie

Après 50 ans de communisme sous la houlette de Nicolae Ceauşescu, il est normal que les Roumains se refusent à confier le pouvoir à un seul homme. L’histoire de la Roumanie sous la période du communisme a été tout aussi tragique que celle des autres pays de l’Europe de l’Est sous l’influence soviétique, voire davantage. La réputation sans pareille de Ceauşescu témoignait bien de la terreur qui régnait en Roumanie. Par conséquent, le retour de la monarchie est absolument impossible. A moins que les Roumains, exaspérés par une crise économique qui est loin de s’achever, ne se trouvent réduits à un geste extrême, ce qui est toutefois peu probable.

Un passé douloureux, un roi impuissant

a souhaité son anniversaire au Roi Michel dans une lettre ouverte tout en l’accusant de n’avoir rien fait pour le peuple roumain pendant la période communiste, si ce n’est lui envoyer ses vœux pour les fêtes. Ces accusations sont justifiées. Le Prince Paul a raison de rappeler à son oncle que la liberté de la Roumanie n’est nullement due aux efforts de la Maison royale sinon aux jeunes qui sont morts pour la patrie lors de la révolution de 1989, sans doute l’événement le plus sanglant de l’ancienne l’Europe de l’Est. Le Roi Michel a abdiqué en 1947 après deux ans de coexistence avec un Gouvernement communiste imposé par les troupes soviétiques. Il est normal que la plupart des Roumains aient beaucoup de mal à pardonner cette erreur à la maison royale. Son passé n’est donc pas entièrement honorable. Nombreux sont ceux qui accusent le roi Michel d’avoir laissé le pays en proie aux Soviétiques sans s’y être opposé. Et cela est bien vrai : le roi Michel n’a pas su éviter cet épisode tragique de l’histoire de la Roumanie qu’est le communisme. Un roi qui n’a pas été au rendez-vous d’événements historiques majeurs a de bonnes raisons d’être critiqué. Le roi Michel a manqué l’occasion de donner un meilleur avenir à une Roumanie dont la richesse et la beauté ont durablement disparu dans les ténèbres du communisme.

Le roi Michel, un simple outil politique ?

Bizarrement, aujourd’hui, des hommes politiques de l’opposition (Parti Social-Démocrate –PSD essentiellement) apprécient le roi alors qu’autrefois ils le méprisaient profondément. Le PSD a soutenu le roi et a demandé à toutes les formations politiques de participer et d’honorer par une séance solennelle le 90ème anniversaire du Roi Michel. Il est clair qu’ils utilisent l’image d’un personnage historique, incapable de défendre son pays d’une invasion externe, pour provoquer l’actuel Président. La preuve: Ion Cristoiu, un grand analyste politique Roumain et un opposant de la monarchie, considère que le discours au Parlement ressemblait plus au discours d’un vrai monarque au pouvoir qu’à un message transmis par un ancien monarque à son peuple. Selon le sociologue Vasile Dâncu, « la monarchie n’a aucun futur en Roumanie, ce n’est que plus qu’une nostalgie identitaire » D’ailleurs, les sondages indiquent que seuls 12% des Roumains seraient favorables à un retour à la monarchie.

Le Prince Charles, Carol III de Roumanie ?

C’est une théorie qui tout en étant envisageable semble être difficile à mettre en œuvre actuellement. Après deux rois d’origines étrangères, Carol Ier et Carol II de Hohenzollern, certains voient le prince Charles comme le futur monarque de la Roumanie. Sauf que ce dernier est très attaché à la Transylvanie et non pas à la Roumanie. Or, un prince de Transylvanie n’est sûrement pas ce que les Roumains attendent, bien au contraire. Dans les trois départements de la Transylvanie Harghita, Covasna et Mureș où la minorité hongroise est fortement présente, on assiste à des revendications de plus en plus visibles pour l’autonomie de la Transylvanie. Etant donné les faits, le règne du Prince Charles ne ferait qu’accroître ce désir de scission et l’indivisibilité du territoire roumain volerait alors en éclat. Le Prince Charles, roi de Roumanie serait donc politiquement la pire des erreurs pour l’unité du territoire Roumain.

La Roumanie, une vraie démocratie depuis 1989

Il est donc trop tard pour envisager que la monarchie puisse s’installer à nouveau en Roumanie. Depuis la chute du dictateur Ceauşescu, la Roumanie a pris le chemin de la démocratie. C’est dorénavant un Etat de droit qui dispose d’institutions démocratiques bien implémentées et chargées d’assurer la séparation des pouvoirs et la garantie des droits et libertés de l’homme.

Il apparaît ainsi que l’histoire doit être respectée, mais c’est tout. L’histoire doit être connue, acceptée et transmise aux générations futures. Ce n’est pas pour autant que les Roumains, assez angoissés par la crise traversée par l’Europe, doivent se laisser emporter par un sentiment de nostalgie injustifié au détriment de la démocratie. La Roumanie ne doit en aucun cas revenir vers le régime monarchique, un régime incertain et impuissant, qui a été trop facilement renversé par les Soviétiques. Il est absolument nécessaire que la Roumanie apprenne de ses fautes passées pour ne jamais les reproduire. Seule la démocratie peut garantir à la Roumanie une place d’Etat puissant en Europe.

 

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Alexandra Marinescu connait mal l'histoire de son pays durant la période 1944/1947 ou celui-ci était occupé par les soviétiques (comme l'ensemble des pays d'Europe centrale et orientale)lesquels régnaient en maître. Les leaders des partis historiques (PNP, PNL, PSD) étaient pourchassés, arrêtés, etc. Les élections étaient truquées, les libertés publiques rétablies par le coup d'état royal de 1944 supprimées et les alliés occidentaux avaient décidés de ne pas intervenir dans la zone d'influence de l'URSS. Le roi Michel a fait ce qu'il a pu dans des circonstances tragiques en menant sans le savoir un combat d'arrière garde. Une guerre civile n'aurait pas empêché la mise en place du régime communiste et aurait ajouté du malheur aux malheurs de la deuxième guerre mondiale et au tragique purges d'après 1948.

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