La double nationalité de la Hongrie

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Le Parlement hongrois a adopté la loi portant sur la double citoyenneté. Cette mesure simplifie la procédure administrative concernant la demande de nationalité. Une partie de la gauche reste scéptique en ce qui concerne les effets éventuels de la loi.

La seule chance

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25/01/2013 - 13:58
La question de l’octroi de la double nationalité pour les Hongrois au-delà de la frontière provoque un vif débat depuis longtemps dans la politique hongroise. Le débat a encore intensifié le différend entre les partis de droite et de gauche.

La question de l’octroi de la double citoyenneté pour les Hongrois au-delà de la frontière provoque un vif débat depuis longtemps dans la politique hongroise. Le référendum de 2004 organisé par l’organisation non gouvernementale appelée « Magyarok Világszövetsége » (Association mondiale des Hongrois) n’a pas été validé, mais le débat qui a précédé ce référendum a encore intensifié le différend entre les partis de droite et de gauche sur cette question, entre autres.

A propos d’un long débat

La droite a soutenu l’idée d’octroyer la citoyenneté, son but étant la reconstitution de l’unité nationale. Après le traité de Trianon, l'idée est qu'il faut que les gens qui habitent les territoires annexés, qui parlent en hongrois, mais qui n’ont pas la citoyenneté hongroise aient le droit d’être unis avec la mère patrie. Le plan populaire de l’extrême-droite concernant l’unification territoriale est cependant impossible à cause de la situation politique internationale. Le transfert total de la population n’est ainsi pas possible à cause de facteurs multiples. La seule solution pour l’unification nationale est donc l’institution de la double citoyenneté.

Des croyances erronées concernant la double citoyenneté

Le référendum de 2004 fut un échec. Une grande partie de l’électorat était absente à cause d'un débat empoisonné. Les socialistes, qui ont tout à fait mal compris la question, ont prédit l’entrée de « vingt-trois millions de travailleurs immigrés roumains » dans le pays. Cela montre très bien que la droite et la gauche hongroise comprennent complètement différemment cette question. Aujourd’hui il y a à peu près cinq millions de Hongrois qui vivent au-delà des frontières hongroises, dont la plupart sont des personnes âgées, qui ne vont pas immigrer en Hongrie après avoir reçu leurs papiers hongrois. D’autre part, grâce à l’Union européenne, les Hongrois (et aussi non Hongrois) des autres pays pourraient immigrer facilement en Hongrie pour « voler » les emplois hongrois. En 2010, l’une des premières mesures prises par le gouvernement Orbán fut de rendre possible la double citoyenneté pour les Hongrois hors frontières. Bien sûr, cela ne veut pas dire que par exemple un jour, tous les habitants de Marosvásárhely (Târgu Mureș, ville au centre de la Transylvanie) vont trouver leurs passeports hongrois dans leurs boîtes aux lettres. Cette loi rend seulement plus facile la procédure de naturalisation pour les Hongrois au-delà des frontières même pour ceux qui n’ont pas de domicile hongrois. Il s’agit d’une procédure de naturalisation plus facile pendant laquelle il faut que le postulant prouve qu’il y a un citoyen hongrois dans son ascendance. Mais ce n’est pas toujours facile à prouver et tout le monde ne veut pas passer par cette procédure. On peut donc dire que la peur des socialistes n’a pas de raison d'être.

A partir de ce que l'on a dit, certains pourraient poser la question suivante : à quoi sert alors la double citoyenneté ? A côté de l’unification nationale symbolique, elle permet une certaine défense. Les pays voisins mènent parfois des politiques qui ne favorisent pas les minorités. La loi sur la double citoyenneté protège les citoyens contre ces politiques. Mais cette loi ne pourrait-elle pas provoquer de nouveaux conflits avec quelques pays ? La réponse est positive, mais si on observe la région, on voit que la déclaration du droit à la double citoyenneté pour les Hongrois hors frontières a été prononcée au meilleur moment. Les gouvernements des pays voisins étaient ou sont plutôt tolérants, la Roumanie mène une politique similaire en Moldavie. C’est en Slovaquie que la situation est la plus difficile, parce que le gouvernement slovaque va toujours refuser les mesures prises par la Hongrie dans l’intérêt d’unification nationale.

Voter ou ne pas voter ?

A coté du droit de la double citoyenneté, la question du droit de vote des futurs citoyens hongrois a été également posée. Probablement, dans le cas de la double citoyenneté, le consensus social a été plus grand que concernant le droit de vote. Mais si les « nouveaux » citoyens n’obtenaient pas le droit de vote, ils deviendraient des citoyens secondaires. La question est encore ouverte, mais dans les dernières semaines, un nouveau système d’élection a été dévoilé. Selon ce système le droit de vote aux élections législatives serait assuré aux citoyens hongrois habitant au-delà des frontières et qui n’ont pas de domicile en Hongrie. A mon avis, c’est une décision correcte parce que quelque dix milles citoyens hongrois hors les frontières ne vont pas forcément décider du résultat des élections, ce n’est même pas sûr qu’ils iront tous aux urnes, et ils démentent le stéréotype qu’ils soutiendront tous la droite ou l’extrême-droite.

La seule réelle et dernière phase de la reconstitution de l’unité nationale est la reconnaissance du droit à la citoyenneté hongroise aux Hongrois au-delà des frontières. L’histoire des Hongrois a été marquée par l’irrédentisme après la catastrophe de Trianon et par le silence pendant la période communiste. Néanmoins, le système de double citoyenneté est le moyen le plus efficace pour guérir les blessures de la nation hongroise.

 

Cet article présente intentionnellement un seul parmi les différents points de vue existant sur cet enjeu. Son contenu ne reflète pas nécessairement l'opinion personnelle de l'auteur. Je vous invite à prendre connaissance de la philisophie de Duel Amical.

L'inquiétude de la gauche

25/01/2013 - 13:48
Tout ce qui brille n'est pas or. La nouvelle forme de double nationalité, introduite en 2011, ne résout pas la problème des Hongrois au-delà des frontières, mais elle génère encore plus de tensions en Hongrie ainsi qu'à l’étranger.

Tout ce qui brille n'est pas or. La nouvelle forme de double citoyenneté, introduite en 2011, ne résout pas la problème des Hongrois au-delà des frontières, mais elle génère encore plus de tensions en Hongrie ainsi qu'à l’étranger.

La double citoyenneté signifie qu’une personne est dotée de la citoyenneté de deux États en même temps, laquelle peut être obtenue par deux moyens : originel (par la naissance - en rapport au sang ou au territoire) et dérivé. Le second cas est réglé par les lois de tel ou tel pays. En Hongrie, pour une demande de naturalisation, il faut que le postulant habite en Hongrie. La durée de la résidence dépend des différents cas et peut varier de trois, cinq ou huit ans de résidence continue. Mais à partir de cette année, ces règles concernant la naturalisation ont radicalement changé. Selon une prescription qui est en vigueur depuis le 20 août 2010, et qui concerne les procédures de naturalisation d’après le 1 janvier 2011 : « celui qui se déclare hongrois et dont un des ascendants était un citoyen hongrois, ou celui qui demande sa réintégration dans la nationalité hongroise, peut demander sa naturalisation sans prendre en compte la durée de sa résidence en Hongrie ». Évidemment, cette prescription concerne les Hongrois qui habitent en minorité au-delà de la frontière hongroise, dans les pays voisins, pour les aider et les naturaliser de cette manière, faute de quoi nous serions des « traîtres infidèles ». Mais quelle est la conséquence réelle de tout cela ?

L'expression de la volonté du peuple ?

Après de nombreux débats, un référendum a eu lieu le 5 décembre 2004 concernant la question de la double citoyenneté des Hongrois au-delà des frontières. Le résultat fut un échec, car ni le nombre des votes « oui », ni le nombre des votes « non » n’ont atteint le minimum nécessaire de 25% des votants pour la validité des scrutins. Au total, 1 521 271 personnes ont voté « oui » sur cette question constitutionnelle très grave, sur 8 048 739 citoyens ayant le droit de vote à cette époque, soit 51,57% des votes exprimés. En somme, on a un résultat de référendum qui montre que 19% des personnes ayant le droit de vote ont répondu par « oui », les autres ont refusé ou se sont abstenus. C’est ce qu’on appelle très souvent la « volonté du peuple ». Mais le Fidesz a quand même repris cette question, que la majorité de la population a refusée le 5 décembre 2004, et après la formation du Parlement, son premier acte gouvernant fut l’acceptation de la prescription concernant la double citoyenneté.

Les craintes juridiques

La double citoyenneté soulève aussi quelques questions juridiques. Avec la citoyenneté, ce ne sont pas seulement des droits qui sont attribués, mais également des devoirs. On peut avoir des problèmes concernant le droit de vote, dont les conditions sont la citoyenneté et le domicile, les deux ensemble. Beaucoup de personnes ont posé la question de savoir si un nouveau citoyen hongrois avait le droit de décider dans les questions politiques hongroises, et de comment il pourrait le faire, lui, qui était jusqu’ici un citoyen étranger, qui vivait, travaillait, payait ses taxes dans un autre pays. D'un autre côté, dans quelle mesure la législation hongroise influence-t-elle sa vie ? Je ne pense pas que qu’elle pourrait l’influencer significativement. C’est plutôt le Parlement du pays dans lequel il habite qui influence directement sa vie. Cette prescription peut ainsi générer des effets opposés. Premièrement, au lieu que les Hongrois en Hongrie et à l’étranger soient plus proches grâce à la double citoyenneté, ce sont les tensions qui augmentent entre eux, parce qu’on créé des citoyennetés qui contrairement à la citoyenneté hongroise ont de différents droits et obligations. Après, on peut dire que l'on n’aide pas les Hongrois à l’étranger, mais plutôt que l'on déchaîne la colère des pays voisins, et qu'il est possible qu’ils n’autorisent pas que leurs citoyens puissent voter lors des deux élections législatives. Ils peuvent donc déclarer que ces citoyens peuvent voter en Hongrie, mais pas dans leur pays de résidence. Enfin, après le changement de système politique en 1989, les partis politiques hongrois ont déclaré à l'unanimité l’importance de ne pas déménager des terres natales, et ont donc soutenu les minorités hongroises pour les aider à obtenir une autonomie. Mais paradoxalement, la double citoyenneté ne peut pas fonctionner avec l’autonomie, car si un pays donnait l’autonomie à une communauté de citoyens d’un autre pays sur un territoire concret, cela provoquerait le premier et irréversible pas vers une séparation.

Face à la tendance internationale

Dans le monde, le nombre de personnes ayant une citoyenneté multiple augmente de plus en plus à cause de la globalisation, des frontières ouvertes et de la possibilité de migration. Par conséquent la citoyenneté s'est séparée de l’État, et il est donc nécessaire de redéfinir radicalement la notion de citoyenneté, qui dans l’avenir pourrait ne permettre qu’une distinction géographique. C’est pourquoi il est incompréhensible qu’on ne puisse pas accepter et comprendre qu’aujourd’hui l’Union européenne a donné la possibilité d’appartenir de nouveau tous à un même groupe, ayant les mêmes droits ; ou encore pire, qu'on ne le laisse pas comprendre, afin de poursuivre des intérêts personnels, ce que le Fidesz a toujours fait, en utilisant l’atout « d’au-delà des frontières » pour servir les objectifs de la politique actuelle.

 

Cet article présente intentionnellement un seul parmi les différents points de vue existant sur cet enjeu. Son contenu ne reflète pas nécessairement l'opinion personnelle de l'auteur. Je vous invite à prendre connaissance de la philisophie de Duel Amical.

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