Seehofer veut faire revenir Guttenberg dans le jeu politique allemand

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Lors d’un congrès de la Christlich-Soziale Union, Union Chrétienne-sociale, le Ministre-Président bavarois Horst Seehofer a déclaré que Karl-Theodor zu Guttenberg devrait après les élections de 2013 occuper une "position de premier plan" au sein de cette formation.

Guttenberg – un retour légitime et souhaitable

05/03/2013 - 21:09
Karl-Theodor zu Guttenberg est un homme charismatique et un politicien compétent. Néanmoins, sous la pression de la presse de boulevard, ce dernier était très rapidement passé du statut de "potentiel futur chancelier" à celui de paria retiré en Bavière. Qu'il revienne est possible, pertinent et ne doit donc pas choquer

L'annonce d'un éventuel retour sur la scène politique du très charismatique Karl-Theodor zu Guttenberg a suscité une grande agitation. La levée de boucliers n'est, bien heureusement, pas unanime – parce qu'elle n'est pas légitime.

L'ancien ministre fédéral de l'économie puis de la défense avait dû quitter le pouvoir de manière précipitée. Il avait en effet démissionné de ses fonctions le 1er mars 2011 après qu'on s'était rendu compte que son doctorat constituait, dans une large mesure, un plagiat. Mais assurément, cette découverte ne devrait pas causer tort à l'intéressé.

Un profil de jeune premier

La première raison est la suivante : l'Allemagne n'avait pas connu de personnalité politique aussi compétente en matière de relations internationales. Son éducation dans la noblesse le destinait donc plutôt à un poste de ministre des affaires étrangères. Il est pourtant nommé, le 10 février 2009, au Ministère Fédéral de l'Économie et de la Technologie au sein de la Grande Coalition. À ce poste, il doit affronter la crise économique mondiale en tandem avec Peer Steinbrück et notamment gérer le plan de sauvetage d'Opel. Il s'acquitte de cette tâche avec brio. Ensuite, il obtient le poste de ministre fédéral de la défense, au sein duquel il gère la question de la guerre en Afghanistan avec succès. Enfin, dans un contexte médiatique et social difficile, il travaille à la grande réforme du service militaire, qui n'est plus obligatoire depuis juillet 2011.

Ses capacités d'organisation et de compromis lui avaient permis à l'époque d'obtenir son impressionnante popularité. Puisque Karl-Theodor zu Guttenberg est aujourd'hui encore apprécié de ses collègues diplomates, on évoque la possibilité pour lui de devenir député européen — première étape, comme dans beaucoup de pays, de la reconstruction de sa carrière ?

Un indispensable wagon du train Merkel

Par conséquent, en tenant compte de son image préservée à l'intérieur comme à l'extérieur de l'Allemagne, il serait, d'un point de vue stratégique, dommage pour le camp d'Angela Merkel de se priver d'une figure de poids comme Guttenberg. On se souvient que l'opinion publique n'avait pas immédiatement pris ses distances avec le Baron (titre de noblesse de Guttenberg), et de récents sondages montrent que son come-back serait vu majoritairement de façon positive par la population. Il serait, d'abord pour l'Union chrétienne-sociale, indirectement donc pour l'Union chrétienne-démocrate, un élément important du dispositif de campagne. Il représenterait un élément de jeunesse pour un parti dont les cadres sont au pouvoir depuis bientôt 8 ans. En outre, l'on peut citer les propos d'Angela Merkel, qui rappelle qu'elle avait choisi Guttenberg "non pour être assistant de recherche mais ministre de la Défense, un travail dont il s'acquitte parfaitement". Et en effet, il faut, assurément, juger un homme politique sur son travail, sur l'efficacité de la gestion de son ministère, et non pas en se basant sur une affaire, médiatique certes, mais tout de même essentiellement privée. Pour conclure ce point, l'affaire du plagiat, si elle ne doit pas être oubliée, doit rester une affaire personnelle entre Guttenberg et la justice.

Ainsi, il serait non seulement tout à fait souhaitable pour l'Allemagne de regagner un homme d'une telle compétence, mais, de surcroît, intelligent de la part de l'Union chrétienne-démocrate (le parti conservateur de centre-droit d'où est issue l'actuelle chancelière fédérale Angela Merkel) de profiter de la popularité de Guttenberg pour réaliser un score satisfaisant au cours des prochaines élections législatives fédérales, qui se dérouleront en septembre 2013. D'ici là, le Baron pourra compter sur deux soutiens de taille. Le premier est son propre parti. Tant son chef de file Horst Seehofer que la députée européenne Monika Hohlmeier lui assurent une confiance sans faille. Cette dernière a déclaré au magazine Der Spiegel : "personnellement, je considère, aujourd'hui comme hier, Karl-Theodor comme étant l'un des politiciens les plus doués d'Allemagne et me réjouirais s'il se décidait à monter à nouveau sur le ring politique". Le second, et il n'est pas des moindres, est son épouse Stephanie. À eux deux, ils forment le couple médiatique parfait et représenteraient l'Allemagne dans le monde avec une touche de glamour que l'actuel ministre fédéral des affaires étrangères, Guido Westerwelle, n'a pas.

 

Cet article présente intentionnellement un seul parmi les différents points de vue existant sur cet enjeu. Son contenu ne reflète pas nécessairement l'opinion personnelle de l'auteur. Je vous invite à prendre connaissance de la philisophie de Duel Amical.

L'idée loufoque de Seehofer

Auteur
05/03/2013 - 21:06
Dans une lettre adressée au début de l'année 2012 aux militants de l’Union Chrétienne-sociale Gutenberg affirmait qu'il ne souhaitait pas faire, jusqu'à nouvel ordre, son retour dans la politique allemande. Mais maintenant survient l'annonce de son come-back.

Des rumeurs sur un retour en politique de l’ancien ministre fédéral de la défense Karl-Theodor zu Guttenberg, il en court depuis longtemps. Désormais, c’est Horst Seehofer, Ministre-Président de la Bavière et Président de l'UnioncChrétienne-sociale (CSU) qui a de nouveau mis le sujet sur la table, justement en plein Milieu de l’affaire de Plagiat autour de la ministre de l’enseignement Annette Schavan.

Au cours du congrès de la CSU des 19 et 20 octobre 2012, le Ministre-Président annonça que le Baron (titre de noblesse de Guttenberg) devrait occuper, par les élections de 2013, une “fonction de premier plan” au sein du parti. À quoi cette fonction doit ressembler, quel manque en personnalités Seehofer essaie-t-il de combler, et, encore bien plus essentiellement – que doit, à vrai dire, activer l’homme qui a perdu la confiance de toute l’Allemagne ?

Les reproches envers Guttenberg

Lorsqu’en janvier de l’an dernier, les premiers soupçons de plagiat à l’encontre du doctorat de Guttenberg ont été divulgués, celui-ci a commencé par démentir la moindre erreur dans sa dissertation et qualifia les accusations “d’abscons”. À travers le travail de la plateforme de documentation sur la plagiat “GuttenPlag Wiki” pourtant, des détails toujours plus nombreux de la dissertation du ministre ont été dévoilés, et, au début de mars 2011 Guttenberg démissionna finalement de tous ses postes politiques fédéraux, sous la pression de l’opinion publique.

Dans une lettre destinée au membres de la CSU datant de début de 2012, il écrivit de surcroît qu’il avait besoin de “temps et de distance”, pour assumer sa faute et sa culpabilité. C’est pourquoi il disait aussi ne vouloir ni se représenter en 2013 aux élections du Bundestag, ni, dans une perspective de plus long terme, se manifester publiquement en Allemagne. Il sembla que Guttenberg avait enfin pris conscience de sa faute, qu’il souhaitait lentement faire pénitence – mais les apparences aussi sont parfois trompeuses.

Le cas de l’ancien ministre fédéral de la défense déclencha en Allemagne une énorme vague d’indignation – il y eut des controverses, essentiellement dans les rangs des chercheurs, mais aussi au sein de l’opinion publique plus large. Une réaction, qui est tout à fait compréhensible – le politicien avait en effet incontestablement violé les lois d’airain de la recherche : le travail scientifique signifie développer des idées ensemble et les approfondir, non pas dérober celle d’un autre. De là, un tel mauvais comportement impudent ne reçoit aucune compréhension, et surtout aucune seconde chance. En fin de compte, on peut aussi interpréter plus profondément le comportement de Guttenberg, de sorte à ce que l’on doive automatiquement se poser la question de savoir tout ce que cet homme a encore tenté de dissimuler.

Pas la moindre once de regret de sa part

En particulier dans le camp de la bourgeoisie, Guttenberg semblait incarner un espoir pour l’avenir. Il a ensuite délibérément violé leurs principes moraux : l’honnêteté et la diligence. Sa démission de la politique laissa l’espoir d’une amélioration – or, très rapidement, l’ancien ministre de la défense fit sa rentrée avec une critique envers l’actuel gouvernement ou l’annonce de la création de son propre parti. On peut supposer, par conséquent, que ce temps mort n’a aidé Guttenberg ni en matière de connaissance de soi ni de remords – on ne peut pas vraiment reconnaître qu’il ait appris de son scandale de plagiat. Ce qui d’une part est peut-être dommage (surtout pour lui), et d’autre part, néanmoins, préserve les Allemands d’un plus grand désastre.

Les débris du mandat de Guttenberg

Ici, on peut citer en premier lieu la réforme ratée de la Bundeswehr (note : armée) pendant le mandat du politicien. Aujourd’hui encore, la CDU/CSU essaie de réparer les casses de ses tentatives et de ses annonces dilettantes.

Mais également le management de crise général de Guttenberg fut souvent insuffisant, au sujet des incidents en Afghanistan, par exemple dans l’affaire de la poste militaire (des courriers de soldats endommagés) ainsi que pour des problèmes intérieurs comme les incidents à bord du navire-école de marine “Gorch Fock”.

Pour toutes ces raisons, on peine aujourd’hui à concevoir un Baron von und zu Guttenberg occupant à nouveau une place prépondérante. D’une part, d’autres étoiles montantes des rangs de la CSU ont pris la place – la concurrence fait rage et les chances de Guttenberg sont plutôt minces, en raison de ses actions incorrectes. D’autre part, il ne se débarrassera pas, même à l’avenir, de son image de charlatan et, de même, pourra difficilement aller de l’avant en politique.

Au regard du risque de se retrouver dans la situation désastreuse qu’il avait déjà laissée derrière lui en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, on ne peut que respirer se soulagement : il nous a été épargné, plus tôt qu’espéré, de supporter sa politique.

 

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