Robert Fico est un populiste?

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Le 4 avril 2012, Robert Fico accédé à nouveau au pouvoir. Le style de sa gouvernance semble avoir radicalement changé par rapport à celui de son premier mandat comme chef du gouvernement de 2006 à 2010. Comment donc comprendre sa manière de gouverner ? Robert Fico, pourrait-il être qualifié de populiste?

Un programme social-démocrate et pas de populisme

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25/01/2013 - 16:13
Les craintes après les élections législatives se sont montrées fausses. Composé des hommes politiques ainsi que des spécialistes, le gouvernement de Fico, au lieu de s'imposer, préfère le dialogue avec l'opposition et les partenaires sociaux pour mettre en place la justice sociale et le redressement économique.

Avec la majorité absolue de Smer-SD au Parlement, d'aucuns avaient prédit un tournant autoritaire et une catastrophe économique. Cependant, plus de deux mois après les élections, il est claire que le contraire s'avère vrai. La première bonne surprise est la formation du gouvernement et sa composition. A côté des ténors de Smer-SD, une partie des sièges ministérielles a été confié aux spécialistes issus des milieux professionnels. Loin d'être une mesure populiste, cette nomination assure la représentativité du gouvernement. En même temps, elle nous montre que Fico souhaite calmer la scène politique après des nominations ambiguës lors de son dernier gouvernement et assurer une réelle efficacité de l'action gouvernementale.

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La confiance des citoyens qui a muni le Smer-SD d'une majorité absolue permettrait au gouvernement de réaliser les mesures promises facilement, néanmoins, le Premier ministre a créé le conseil social, en invitant les partenaires sociaux – les employeurs, les syndicats, les collectivités locales et les Eglises – au dialogue. Cette recherche du consensus le plus large possible donne encore plus de légitimité à la mise en place du programme proposé par les sociaux-démocrates. En même temps, Fico a fait des concessions envers l'opposition qui avait obtenu deux postes de vice-président du Conseil national, contrairement à l'habitude donnant à l'opposition une seule place. En plus, la droite néanmoins morcelée pourra faire des nominations aux plusieurs fonctions de contrôle. Les ONG craignent des remaniements des postes qui les concernent au sein du gouvernement, cependant, le nouveau Premier ministre a fait savoir qu'il voudrait créer le conseil du gouvernement pour les ONG ainsi que la fonction du Représentant pour les droits de l'homme et les minorités nationales. Celle-ci sera proposé au parti des minorités , actuellement en opposition – personne ne saurait imaginer une meilleure coopération. Il ne s'agit certainement pas d'une sorte de dé-responsabilisation, mais du souffle d'une nouvelle culture politique, celle de dialogue, d'ouverture.

On désigne couramment par le populiste celui dont la politique vise des mesures populaires et souvent coûteuses à court-terme. Il est facile, notamment pour la presse de , de considérer Fico comme un synonyme pour le populisme. Cependant, M. Fico s'est présenté aux élections avec un programme tout à fait légitimement socialiste. D'un côté, avouons-le, il n'est pas un partisan de l'austérité – Fico souhaite relancer l'économie, améliorer le marché du travail en stimulant la croissance et la création de l'emploi. Évidemment, l'idée socialiste est d'instaurer une justice sociale, alors ce sont les plus riches, et les banques ayant des profits énormes en ce temps de la crise, qui devront y solidairement contribuer. Ainsi, le gouvernement mettre bientôt la fin à cette expérimentation qu'était l'impôt à taux unique – elle ne peut en aucun cas marcher en Slovaquie, dans le pays avec des inégalités sociales accrues, avec un taux de chômage élevé. De l'autre côté, M. Fico affirme, même à Bruxelles, que la croissance n'est pas concevable sans une discipline budgétaire. C'est pourquoi le gouvernement ne lâche pas l'engagement draconien de réduire le déficit des finances publiques sous le seuil de 3% du PIB en 2013. Finalement, dans cette période économiquement et socialement difficile, M. Fico montre son audace de mettre en place sa vision et sa conception socialistes – ce qui, par définition, ne peut pas être populiste.

 

Cet article présente intentionnellement un seul parmi les différents points de vue existant sur cet enjeu. Son contenu ne reflète pas nécessairement l'opinion personnelle de l'auteur. Je vous invite à prendre connaissance de la philisophie de Duel Amical.

Le calme avant la tempête

25/01/2013 - 16:13
Le comportement actuel du premier ministre change de celui de son premier mandat. Cependant, il n'y a pas de raison de croire qu'il se soit repenti du jour au lendemain et qu'il ne puisera plus dans le populisme. Au contraire, ses récentes pratiques non-populistes ne sont que des moyens de masquer ses efforts pour étendre son pouvoir en divisant pour mieux régner.

Robert Fico s'est par son premier mandat inscrit dans l'esprit de nombreux comme un populiste pure et dur. Déjà au moment de la constitution de son gouvernement, il n'a pas hésité à s'allier avec les partis d'extrême droite SNS et .

Un passé de populiste

La rhétorique de R. Fico est basée sur un langage extrêmement simple, une approche très directe et un ton autoritaire parfois même agressif. Sa gouvernance peut donc être caractérisée par ses réactions hystériquesqui ont gravement nuit aux relations entre la Slovaquie et .

Au niveau de la politique sociale, Fico, le leader du seul parti social-démocrate de Slovaquie, ne s'est pas soucié de procéder à une réforme structurelle du système social, et a préféré distribuer à tous les retraités en décembre un « bonus de Noël » correspondant à trente euros.

Nouveau mandat, nouveau Robert ?

Grâce à l'affaire Gorila, Robert Fico a remporté les élections parlementaires de mars dernier, ce qui lui confère un pouvoir inédit. Parallèlement, il semble avoir changé certains de ses comportements.

En particulier, il a invité autour de la table des représentants des universités, de l'Eglise et des syndicats, pour rédiger le programme de son gouvernement. Il semblerait qu'il ait ainsi choisi de mener une politique plus consensuelle, renonçant à son égocentrisme et à l’autoritarisme.

De plus, il a nommé trois spécialistes ne faisant pas partie du SMER-SD ministres de son gouvernement. Il a même proposé aux partis de centre-droit de participer à son gouvernement et la récente suppression du poste du vice-président du gouvernement (link sur l'article n°5 qui n'est pas encore en ligne) a laissé place à un poste de Procureur spécial pour les droits des minorités, qu'il a toute de suite proposé à un parti d'opposition.

Continuité

Néanmoins, le comportement actuel de M. Fico s'inscrit moins dans une logique de rupture, que de continuité. Dans tous les cas cités, il s'agit avant tout d'une politique d'affichage opportuniste, d'un populisme rusé qui décrit le mieux la personnalité politique de M. Fico.

A titre d'exemple, M. Fico a certes invité certains représentants du secteur non-gouvernemental, pour participer à la rédaction de son programme, néanmoins, il a « oublié » d'inviter les organisations non gouvernementales de type .

Le fait d'avoir engagé trois ministres technocrates a permis à son gouvernement de gagner en apparence professionnelle. Cette mesure a été évaluée très positivement par les observateurs. Cependant, ceux qui connaissant bien M. Fico se souviennent notamment de ses discours dans lesquels il a en permanence tenté de rejeter sa responsabilité et celle de son parti dans des scandales et affaires de corruption sur le SNS et le HZDS. Il serait alors judicieux de savoir si les trois professionnels – qui par définition n'ont aucun soutien de la part du SMER-SD, et ne pourront donc aucunement contrôler la corruption dans leur ministères – serviront à Robert Fico de boucs émissaires, qu'il pourra à tout moment destituer, en leur imputant la responsabilité pour les actes des membres de son parti.

La suppression du poste du vice-président du gouvernement chargé des droits de l'homme et des minorités s'inscrit dans la même logique. R. Fico a –indépendamment des interrogations sur la démocratie que cette décision suscite – supprimé un poste d'une grande responsabilité, pour éparpiller ses compétences entre trois ministères distincts et un Procureur spécial pour les droits des minorités. Ce nouveau poste, qu'il a tout de suite très généreusement proposé aux partis d'opposition, dispose cependant de compétences très restreintes, comparé au vice-président du gouvernement. Ainsi, il peut faire beaucoup moins pour la protection des droits de l'homme et des minorités nationales, alors que les discours de M. Fico lui confèrent la pleine responsabilité dans ce domaine. Rejeter la responsabilité sur l'opposition dans ce secteur serait pour M. Fico particulièrement opportun, étant donné que son précèdent gouvernement a été très critiqué notamment pour une importante détérioration de la situation des minorités et des droits de l'homme.

Ainsi il devient clair que M. Fico est un véritable populiste stratège, auquel la conjoncture politique actuelle permet de déployer des pratiques de plus en plus sophistiquées. En guise de conclusion, il convient de se souvenir tout de même de ces meetings lors de sa campagne parlementaire de 2012 qui nuancent ce propos, en montrant que M. Fico se sert aussi des pratiques populistes de « old school », voire de

Cet article présente intentionnellement un seul parmi les différents points de vue existant sur cet enjeu. Son contenu ne reflète pas nécessairement l'opinion personnelle de l'auteur. Je vous invite à prendre connaissance de la philisophie de Duel Amical.

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