L’Institut Culturel Roumain : indépendance ou influence politique ?

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Le changement du statut de l’Institut Culturel Roumain a été prononcée en août 2012 et elle suscite encore d’intenses débats dans les médias. L'Institut peut-il rester indépendant sur le plan politique, ou sera-t-il influencé par la nouvelle majorité dans son travail de promotion de la culture roumaine?

Changer la culture : les problèmes de l’administration de l’Institut culturel roumain

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14/11/2012 - 18:08
Il y a deux mois (en août 2012) l’Institut culturel roumain de Bucarest a changé d’administration. L’ancien directeur, Horia-Roman Patapievici, a démissionné après que la direction de l’institution mentionnée a cessé de relever du Président de la Roumanie pour dépendre du Sénat. Le nouveau directeur, Andrei Marga, universitaire roumain renommé, semble inapproprié pour une telle fonction, puisqu’il est spécialiste des matières techniques plus que des humanités.

Il y a deux mois (en août 2012) l’Institut culturel roumain de Bucarest a changé d’administration. L’ancien directeur, Horia-Roman Patapievici, a démissionné après que la direction de l’institution mentionnée a cessé de relever du Président de la Roumanie pour dépendre du Sénat.

Un changement de direction pour l’Institut culturel roumain

Dès son entrée en fonction, le nouveau directeur de l’Institut culturel roumain, Andrei Marga, ancien Ministre des Affaires Etrangères et ancien Ministre de l’Éducation, s’est attelé à remanier ses équipes. Les directeurs régionaux des filiales de Varsovie et de Paris ont été remplacés sans aucune explication, avec la mise en place d’une nouvelle stratégie de marketing qui est, pour les plus critiques, seulement imaginaire. Mais qui écoute ces critiques ? Andrei Marga ne semble avoir aucune liaison avec les affaires culturelles, même s’il exhorte à une résurrection de cette institution.

Une décision politique ou non ?

Horia-Roman Patapievici a démissionné peu après la décision de la Cour Constitutionnelle de valider la subordination de l’Institut culturel au Sénat. Les médias roumains ont considéré l’action de l’ex-directeur comme dotée d’une grande charge politique, puisque celui-ci n’a jamais caché son engagement en la matière.

Compte-tenu de l’environnement politique actuel, marqué par une période de dégringolade suite à la suspension du président Traian Băsescu, le fait de changer la tête d’une institution chargée de la diffusion de la culture roumaine en Europe est plus politique que n’importe quelle démission. En effet, Horia-Roman Patapievici a fait ce qu’il considérait comme légitime, et pour le bien d’une institution qu’il a dirigée avec brio pendant sept ans.

Pourquoi renoncer à une telle fonction ?

Le changement de statut s’est accompagné d’autres évolutions. Ainsi, une autre modification concernant le budget a été envisagée : la diminution d’un tiers des fonds destinés à la promotion de la culture a été présentée comme la panacée contre les problèmes financiers de la Roumanie. Dans le tir croisé des discours, les médias s’accordent au moins sur le fait que le nouveau directeur, Andrei Marga, pourtant un universitaire roumain très apprécié, n’est pas le choix le plus judicieux pour cette fonction.

Les mécontentements venus de la part des intellectuels roumains ne sont rien d’autre qu’un signal d’alarme pour ne pas asservir la culture roumaine aux buts politiques, après vingt ans d’une difficile transition dans le domaine culturel et ailleurs.

Le mal est mauvais, mais ne rien faire est pire, dit le proverbe roumain

Augustin Buzura, un écrivain connu qui fut aussi directeur de l’Institut culturel roumain dans la période 2003-2004, s’est opposé aux projets « imaginaires » de M. Marga lors d’une intervention téléphonique dans une émission télévisée. En effet, M. Marga considère que la culture roumaine ne doit pas être promue avec l’aide d’artistes inconnus, mais avec le soutien d’artistes déjà renommés. Ces dernières années, des artistes quasiment inconnus sur le plan international ont fait une bonne impression grâce au soutien offert par H.R Patapievici.

L’unanimité des voix de la culture roumaine reconnaît que Mircea Cărtărescu, l’auteur de la trilogie « Orbitor », a été nominé pour le prix Nobel de littérature en 2012 principalement grâce aux traductions financées par l’Institut culturel roumain dirigé par Patapievici. Mais personne ne songe à cela quand les temps ne sont pas favorables à leur couleur politique.

Pour conclure, compte-tenu du fait que l’administration de l’Institut culturel roumain s’est changée au même temps que la couleur politique du Sénat, il faut se demander si l’implication du facteur politique n’est-elle pas dangereuse pour la culture. Etant donné que la Roumanie garde encore le profond stigmate laissé par le communisme, la culture qui est la base et le repère de la société roumaine, doit être libre et plus détachée que jamais.

 

Cet article présente intentionnellement un seul parmi les différents points de vue existant sur cet enjeu. Son contenu ne reflète pas nécessairement l'opinion personnelle de l'auteur. Je vous invite à prendre connaissance de la philisophie de Duel Amical.

Des mutations controversées

14/11/2012 - 18:08
En août 2012, l’ordonnance d’urgence du gouvernement roumain, faisant passer l’Institut culturel roumain sous l’autorité du Sénat, a suscité des réactions assez diverses. Formellement, l’ancienne autorité du président était symbolique, contrairement à l’autorité du Sénat, doté d’un poids politique considérable. Toutefois, il semble que l’Institut était subordonné politiquement même avant ce changement.

L’ancien président de l’Institut culturel roumain, Horia-Roman Patapievici, est arrivé à la tête de l’Institut en 2005, peu après le début du premier mandat du président Băsescu. La relation entre Patapievici et Băsescu a toujours été assez étroite, et le président de l’Institut culturel roumain n’a jamais essayé de cacher ses convictions politiques. De plus, en 2007, quand le président Băsescu a été suspendu pour la première fois, Patapievici est resté dans son camp.

L’Institut culturel roumain éloigné de sa supposée neutralité politique

Dans le contexte du changement de statut de l’Institut, la démission de M. Patapievici révèle son attachement envers le président Băsescu. Malgré cette orientation politique évidente, l’Institut doit être, au moins théoriquement, une institution indépendante du point de vue politique. Aussi, la décision du Gouvernement de faire passer l’Institut culturel roumain sous l’autorité du Sénat peut être considérée comme une mesure justifiée pour éliminer l’influence politique qui peut être exercée : en effet, par rapport au président, le Sénat représente un groupe hétérogène, avec des opinions politiques diverses.

Un Institut culturel roumain controversé sous le mandat de Patapievici

Même si les buts de l’Institut sont plus liés à la promotion des valeurs artistiques, il ne peut être totalement isolé de l’aspect matériel des choses. C’est pourquoi le budget de l’Institut est devenu un vrai sujet de débats. Les raisons de cette controverse sont plus qu’évidentes : entre 2005 et 2011, le budget de l’Institut est passé de 2 à 12 millions d’euros. Bien que pendant ces années l’activité de l’Institution se soit développée et que des filiales aient été inaugurées dans plusieurs pays, l’augmentation du budget dans une période où la plupart des services publics ont été touchés par la politique d’austérité a provoqué de vives réactions. Ce sont surtout les partis qui étaient dans l’opposition jusqu’à la nomination de Victor Ponta comme Premier ministre, qui sont les vecteurs de cette attitude négative. C’est pourquoi, peu après son arrivée au gouvernement, l’Union Sociale-Libérale a décidé de diminuer drastiquement le budget de l’ICR avec des coupes de 33%.

Les controverses sur le budget ne sont pas les seules auxquelles l’Institut a donné naissance pendant le mandat de H.-P. Patapievici. Plusieurs événements organisés par l’Institut ont présenté des œuvres controversées, qui touchaient des sujets sensibles, comme l’antisémitisme ou l’homosexualité. En outre, d’autres critiques ont porté sur le fait que l’Institut culturel roumain a seulement promu des artistes de faible renommée. Le nouveau Président, Andrei Marga, propose une approche contraire pour l’institution : promouvoir les valeurs roumaines déjà consacrées, qui font l’identité culturelle roumaine.

Le changement de direction de l’Institut culturel roumain, un changement bénéfique

Les changements subis par l’Institut culturel roumain au cours des deux derniers mois impliquent aussi une nouvelle approche de la promotion de la culture roumaine. Le nouveau président semble capable de mener à bien le projet de donner une nouvelle direction à l’Institut. Andrei Marga, élu par le Sénat pour cette fonction, est reconnu comme l’une des plus importantes figures du monde universitaire roumain. En accomplissant auparavant des tâches considérablement liées au milieu culturel, comme Ministre de l’Education et recteur de l’Université Babes-Bolyai, Andrei Marga semble avoir une expérience qui sera très bénéfique pour l’avenir de l’Institut.

En fin de compte, un consensus des opinions sur l’Institut en Roumanie apportera sans doute un équilibre dans la politique qu’il mène. C’est pour cela que la nouvelle présidence de M. Marga pourra dissiper tous les doutes et les controverses. Les critiques disent pourtant que M. Marga n’est qu’un représentant du nouveau gouvernement au sein de cette institution qui doit être indépendante du point de vue politique, … mais qui écoute ces critiques.

 

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