Le Parti Socialiste s'est-il converti au libéralisme ?
Le deuxième remaniement du gouvernement : l'aboutissement du tournant libéral du Parti Socialiste
Les mesures clés de la gauche prises depuis 2012 en matière d'économie s'orientent davantage vers une gestion libérale, habituellement attribuée à leurs adversaires de droite. En effet, le PS s'éloigne des thèses néo-keynésiennes de politiques de relances de la demande, prônant une politique de l'offre, tournée davantage vers les entreprises que vers les consommateurs. Le Pacte de Responsabilité avec les entreprises en est l’exemple frappant. Par ailleurs, la politique restrictive de réduction du déficit par des coupes budgétaires, la baisse des impôts et la volonté de libéraliser le marché du travail posent le doute sur l’identité socialiste du parti. C’est toute une partie de la gauche qui s’indigne quand Manuel Valls déclare « Il faut dépasser la question des 35 heures. Oui, nous devrons déverrouiller les 35 heures ». Sa nomination au poste de Premier Ministre démontre pourtant une réalité : libéraliser le marché du travail n'est plus un « gros mot » pour le PS.
Les remaniements gouvernementaux : la relève social-libérale?
Le Gouvernement a déjà été remanié à deux reprises depuis le début du quinquennat, témoin de cette recherche d'identité au sein du PS. La ligne suivie semble pourtant claire : c’est Manuel Valls, le candidat réputé le plus libéral, qui a été choisi comme chef du Gouvernement. Le deuxième remaniement ministériel n'a fait que confirmer ce choix, notamment par un symbole choc : la nomination de l’ancien banquier de chez Rothschild, Emmanuel Macron, au poste de ministre de l'économie, de l'industrie et du numérique, remplaçant à ce titre Arnaud Montebourg. Connu pour ses opinions plutôt libérales et pragmatiques, Emmanuel Macron avait déjà été envisagé pour un poste du Gouvernement mais cette option était considérée comme périlleuse par le parti qui déclarait la finance comme son « adversaire ». Manuel Valls a pourtant pris ce risque, suscitant l'ironie de la droite et la colère des partisans d'une gauche plus assumée…
Les frondeurs : l'aile gauche du PS dénonce ce tournant libéral
Le deuxième remaniement était une réponse à ces oppositions croissantes, notamment de la part des « frondeurs » au sein du parti, qu’ils soient ministres ou députés. C’est le choix de la continuité de sa politique que François Hollande a fait, en excluant les personnalités opposées au tournant du Gouvernement, telles qu'Arnaud Montebourg ou Benoît Hamon. Cette refonte des principes fondamentaux du PS pourrait amener à son déchirement entre une fraction plus libérale et une fraction plus socialiste.
Les exigences d’un contexte international et européen
Bien qu'il se manifeste clairement dans l'actualité, ce tournant libéral du PS n'est pas un fait nouveau. Il en était déjà question dès les années 1980 et principalement en 1983, lors du "tournant de la rigueur" sous la présidence de François Mitterrand. Il était cependant déjà justifié par des réalités économiques internationales. La mondialisation d'une part, et la construction européenne plus spécifiquement limitent la possibilité de s'éloigner d'une politique économique libérale tout en restant un acteur central des relations internationales. Pour jouer le jeu de la construction européenne, les Etats n’ont d’autre choix que de prendre en compte ses exigences économiques –telle que la « règle d’or » imposant la réduction du déficit public à moins de 3% du PIB. Cela limite le champ d’action des gouvernements, qu’ils soient socialistes ou conservateurs/libéraux. C’est d’autant plus vrai pour la France qui cherche sa place dans une construction Européenne que les Français ressentent comme davantage orchestrée par l’Allemagne. Il devient alors difficile pour un Etat occidental en crise de développer un réel socialisme économique. En témoigne la marginalisation voire la disparition des partis socialistes dans certains grands pays occidentaux comme aux Etats-Unis, au Royaume-Uni ou encore en Italie.
Le rêve d’une économie socialiste néo-keynésienne semble plus que jamais s’éloigner de la réalité. Ce n’est pas pour autant que le PS s’est totalement détourné de la gauche, avec laquelle il partage encore l’idéologie de libéralisation culturelle et sociétale et certaines mesures sociales. Reste à savoir s’il est condamné à disparaître ou seulement à assumer une troisième voie.
Cet article présente intentionnellement un seul parmi les différents points de vue existant sur cet enjeu. Son contenu ne reflète pas nécessairement l'opinion personnelle de l'auteur. Je vous invite à prendre connaissance de la philisophie de Duel Amical.
La politique du Parti Socialiste : une parodie de libéralisme
Le thème du renoncement de la gauche n'est pas nouveau, du « tournant de la rigueur » de 1983 à la fameuse phrase de Jospin « l’État ne peut pas tout » de 1999, la résignation semble être une composante des gènes du PS. Le « virage » des années 2010 s'inscrirait donc dans cette longue tradition d'abandon. Le Parti Socialiste une fois installé à la barre ne serait donc capable de ne produire rien d'autre qu'une politique « de droite » qui plus est « libérale ».
Malentendu sur le contenu d’une politique économique d’inspiration libérale
Il est arrivé, dans d'autres pays, que la gauche au pouvoir entreprenne des réformes libérales. Ainsi le Parti Travailliste de Nouvelle-Zélande dans les années 1980 a profondément réformé le pays englué dans un état économique lamentable. Les subventions au secteur agricole ont par exemple été coupées, le statut des fonctionnaires aboli et les droits de douanes considérablement baissés. Plus près de nous, au début des années 2000, le Chancelier Schröder a lancé des réformes notamment sur la législation du travail dans le but de faire redémarrer une Allemagne morose en pleine digestion de la réunification.
Une politique libérale consiste donc en une baisse des impôts sur les personnes et les entreprises, une simplification de la réglementation en vigueur et en une baisse des dépenses publiques. En bref, une diminution du périmètre de l’État. Autant dire qu'en France il y a matière à réformer.
Le PS au pouvoir depuis 2012 : une parodie de libéralisme
La France gouvernée par le PS a connu une augmentation de la pression fiscale qui la place dans le peloton de tête des pays ayant le taux de prélèvements le plus élevé, en compagnie de l'Irak et de quelques îles du Pacifique. Les dépenses publiques ne sont quant à elles toujours pas maîtrisées et l'objectif de 3% de déficit n'est toujours pas atteint, malgré l'engagement du très sérieux Michel Sapin. On se dirige donc tranquillement mais sûrement vers un taux de dette publique tutoyant les cimes et atteignant 100% du PIB. Au niveau budgétaire le PS semble donc recalé à l'examen de libéralisme, et au niveau européen c'est le manque de poids de la France face à l'Allemagne qui l'empêche d'entraîner le continent à la dérive.
Au niveau de la politique économique générale, entre le recul sur les VTC, les vitupérations anti-Amazon et Netflix, l'immixtion dans les dossiers Alstom et SFR, la politique de logement menée par Duflot, et la liste est encore longue, le gouvernement n'est pas un modèle de libéralisme. Au niveau des libertés individuelles, la loi Cazeneuve sur le terrorisme entend étendre le contrôle d'internet et des sorties du territoire. A l'instar du Patriot Act aux Etats-Unis, la menace terroriste est utilisée pour accroître la surveillance de tous les citoyens. Encore des points en moins sur l'échelle du libéralisme.
Au delà du discours, l’étatisme encore et toujours
Le PS est socialiste, car il ne croit qu'en l'intervention de l’État pour redresser le pays. Le PS est conservateur, car il refuse de tourner le dos à cet étatisme qui caractérise la politique française depuis quarante ans et qui a mené le pays dans le mur, relance après relance, ouvrant à chaque occasion toujours plus grand le robinet d'argent public. Ce n'est pas parce que l'on déclare, après un matraquage fiscal en règle, que l'on aime l'entreprise que l'on devient libéral. Ce n'est pas parce que l'on déclare qu'on veut faire un choc de simplification qui se fait toujours attendre que l'on devient libéral. Ce n'est pas parce que l'on déclare que l'on envisage de baisser les charges patronales et salariales en échange d'une nouvelle usine à gaz que l'on devient libéral.
En regardant les faits et non les discours, le PS n'est absolument pas libéral. Il est certes moins socialiste que le FN ou le Front de Gauche, mais il n'en demeure pas moins socialiste. Il n'a pas su profiter de l'élan de 2012 pour lancer de profondes réformes, tout comme Sarkozy n'avait pas su profiter de 2007. Même s'il a en son sein quelques personnalités potentiellement libérales (Pascal Lamy par exemple), le PS n'a fait qu'appliquer la vieille recette bien connue de la politique française, à savoir toujours plus de dette, toujours plus de prélèvements, toujours plus de réglementations et toujours moins de liberté.
La récente affaire Thévenoud nous apportant une fois de plus la preuve qu'à défaut de l'être au niveau politique, un socialiste peut tout à fait se montrer libéral avec son propre argent.
Cet article présente intentionnellement un seul parmi les différents points de vue existant sur cet enjeu. Son contenu ne reflète pas nécessairement l'opinion personnelle de l'auteur. Je vous invite à prendre connaissance de la philisophie de Duel Amical.
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Commentaires
Il n'existe AUCUN parti…
Il n'existe AUCUN parti libéral en France. La France est un état de nature socialiste, puisque dépassant le taux fatidique de 40 % d'imposition.
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