Le mariage homosexuel, l’avancement dont la communauté gay a besoin ?
Un pas en avant, un long chemin restant à parcourir
Presque tous les hommes gay ou bisexuel ont traversé au moins quelques courtes phases de honte et de dégoût d’eux-mêmes, à propos de leur sexualité et de sa signification concernant leur capacité à être un homme. En effet, les observateurs les plus prudents ont remarqué que rien n’était plus menaçant pour les valeurs patriarcales que la notion d’un homme (qui même dans les sociétés les plus progressives est toujours présumé comme disposant d’une situation privilégiée) s’autorisant à être traité « comme une femme ». Prenez un simple exemple : une personne courageuse a des « couilles », tandis qu’un lâche a une « chatte ». C’est être « comme une femme », avoir une « chatte », qui effraie, plus qu’autre-chose, de nombreux individus hyper-masculins quand ils doivent faire face au concept d’homosexualité masculine. Mais le concept d’homme a sûrement seulement du sens lorsqu’on le met en relation avec le concept de la femme. Ces concepts ont-ils une place légitime dans les relations masculines ?
Prenez, par exemple, le dilemme au-dessus/ en dessous, que l’on ne rencontre pas hors des relations homme-homme. Dans une tentative d’imiter les relations homme-femme, il est désormais communément accepté que le sexe entre hommes nécessite un « au-dessus » et un « en dessous ». Le fait que le sexe par pénétration entre hommes soit même plus valorisé que n’importe quelle autre forme de contact sexuel est une conséquence du modèle évolutionniste, selon lequel il est biologiquement nécessaire de procréer. Cependant, il est évidemment absurde que les hommes gays contraignent leurs vies sexuelles en se fondant sur la nécessité biologique de leurs ancêtres. Néanmoins, le sexe par pénétration est devenu la forme normalisée et anticipée des relations sexuelles entre hommes. De façon plus délicate, beaucoup argumenteraient que le rôle de la plupart des hommes dans cette relation a déjà été prédéterminé par leur apparence et la façon dont ils se comportent. Cela est particulièrement vrai en Grande-Bretagne, où la dynamique au-dessus/ en dessous est extrêmement et souvent totalement inamovible. Souhaiter quelque chose de différent serait trop exiger d’une communauté si souvent aveuglée par ses propres tentatives d’intégration par la copie des modèles hétérosexuels.
Gay jusqu’à être prouvé hétéro
« Bromances* », « bromosexuels *», ces termes qui apparaissent de plus en plus dans le langage courant représentent une communauté (ou un nombre important catégorisé en leur sein) si terrifiée de perdre sa « masculinité » qu’elle supprime toute trace de « féminité » de ses actes. Le romantisme, c’est pour les mauviettes, mais une bromance, c’est un truc d’hommes et il n’y a rien de gay à ce propos, n’est-ce pas ? Il n’est pas surprenant que certains « bromosexuels » avec la masculinité la plus fragile aient commencé à utiliser ces termes afin de rendre leurs préférences « contre-nature » quelque peu plus naturelles, plus masculines. Par ce biais, la ligne entre hétérosexuels et homosexuels est brouillée. Effectivement, en tant que minorité bien moins directement visible qu’une minorité ethnique, les hommes aimant d’autres hommes trouvent ainsi plus facile de s’intégrer. Tandis qu’un individu peut choisir de ne pas dire aux autres qu’il est attiré par un homme, une minorité ethnique ne peut pas choisir de dissimuler son ethnicité afin d’éviter préjudice ou discrimination. Et pour être sûrs, dans une société toujours dominée par la masculinité, peu d’hommes gays ou bisexuels qui ont réussi choisissent de revendiquer leur préférence sexuelle. En effet, dans presque chaque société, chacun est présumé hétéro tant qu’il n’est pas prouvé gay (ou inversement).
Mais les gays existent, qu’ils le revendiquent ou non. Quelqu’un pourrait même parier qu’en Grande-Bretagne nous avons plus de LGB membres du Parlement que de femmes occupant la même fonction. Les gays sont partout, également dans la fonction publique, et nombre d’entre eux, hélas, se font passer pour un autre hétérosexuel. Etre gay est acceptable, mais être pédé, être étrange, être « twinky and kinky », être « high fem *», a toujours été plus tabou (sauf dans les caricaturées, épurées et non-sexualisées formes de « high camp » que vous pouvez voir dans Alan Carr ou Gok Wan). Les gays peuvent depuis longtemps intégrer l’orthodoxie, tant qu’ils ne sont pas « trop gays » …(Ne demandez pas, n’en parlez pas !)
Les droits institutionnels ne constituent pas la fin de nos combats
De plus, les institutions britanniques n’ont pas de problème avec les personnes se revendiquant gay, de même qu’avec l’homosexualité en tant que concept. Prenez le mariage homosexuel, par exemple, longtemps encensé comme l’une des plus grandes réussites ces dernières années pour l’égalité homosexuelle. L’argument, qu’ouvrir le mariage à tous contrevient à l’abus historique des Saintes Écritures par l’Eglise au nom d’opprimer l’Autre, est valide. Cependant, l’acceptation généralisée de l’égalité des droits conjugaux pour les homosexuels et les hétérosexuels est contrée par une résistance résiduelle à des mesures telles que l’éducation sexuelle homosexuelle obligatoire au même âge que l’éducation sexuelle hétérosexuelle (et je veux dire une éducation plus poussée que, comme une infirmière qui avait une fois déclaré, « Si vous attrapez le VIH, vous pouvez tousser pendant quelques jours après un rapport sexuel »). Parce que les gays sont très bien, mais nous n’en parlons pas avec les enfants, n’est-ce pas ? C’est inapproprié, non ? Faites ce que vous voulez derrière des portes closes, mais nous ne devons pas être ouverts sur notre sexualité à l’école ou au travail, n’est-ce pas ?
Donner uniquement aux homosexuels des droits institutionnels leur permettant, entre autres, de se marier, d’avoir des enfants et d’adopter ne met pas un terme à notre lutte. Nous devons commencer plus tôt, nous devons enseigner aux enfants qu’ils sont naturels et normaux tels qu’ils sont, et nous devons nous rappeler que la promotion de l’hyper-masculinité chez les garçons (gay ou non) est la cause de nombreux problèmes psychologiques. Ainsi, il me semble que proclamer l’accès universel à une fade, vieille institution hétérosexuelle qu’est le mariage comme le summum de l’acceptation de l’homosexualité reflète une société qui ne parvient pas à comprendre que la tâche la plus difficile pour de nombreux gays est de trouver quelqu'un avec qui ils peuvent commencer une relation respectueuse, ouverte et honnête, libre d’idéaux tordus comme « qui fait l’homme, qui fait la femme ». L’hétéronormativité confuse, mystique, du monde des hommes gay (et non la capacité de se marier ou d’adopter) est ce qui les préoccupe le plus, puisque la dépasser est la clé d’une trace de relation stable. Concernant ma génération, nous sommes probablement enculés de base.
* Hétéronormativité: société dans laquelle l'hétérosexualité est la norme. Structure sociale dans laquelle les êtres humains seraient divisés en deux catégories distinctes : l’homme et la femme, liés par un désir mutuel.
** Bromance: composé de « bro » (frère) et de romance, ce mot signifiait à l’origine une amitié très étroite entre deux hommes hétérosexuels; bromosexuels: contact étroit entre deux hommes avec de l’affection et un attrait pour l’autre évident, mais un refus de s’afficher comme homosexuel.
*** high fem: une femme gay qui est presque une parodie, qui met l'accent sur sa féminité, à l’aide d’un fort maquillage.
Cet article présente intentionnellement un seul parmi les différents points de vue existant sur cet enjeu. Son contenu ne reflète pas nécessairement l'opinion personnelle de l'auteur. Je vous invite à prendre connaissance de la philisophie de Duel Amical.
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