Le Fidesz aura-t-il un véritable concurrent aux élections de 2014?

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Même s’il reste encore un an jusqu’aux nouvelles élections législatives, tout le monde essaie de deviner les résultats éventuels. Le Fidesz-KDNP, l’alliance actuellement au pouvoir, pourrait-elle être battue ? Est-ce qu’une coopération forte de l’opposition devrait et pourrait voir le jour ?

Une coopération de l’opposition pourrait-elle avoir du succès ?

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03/05/2013 - 08:12
« Mon horizon s’étend jusqu’à ce que l’on puisse créer une alternative forte et centrale qui soit capable de concurrencer et de battre le Fidesz. » C’est ainsi que Gordon Bajnai, ancien premier ministre, définit les objectifs de l’association Ensemble 2014 dans l’entretien donné au journal Népszabadság.

Après plusieurs années de silence, Gordon Bajnai est de retour dans l’échiquier politique depuis son discours du 23 octobre. Son but est de créer une collaboration des forces de centre-gauche qui pourrait être le pôle opposé de Fidesz au cours des élections de 2014.

La question ne devrait même pas être posée dans une démocratie réelle s’il existait un concurrent du parti au pouvoir. En Hongrie par contre, c’est l’une des questions politiques les plus importantes, car la majorité de 2/3 que détient actuellement le Fidesz, l’affaiblissement des partis de gauche, et la nouvelle loi électorale favorisant premièrement les grands partis (dans ce cas le Fidesz) remettent en question la possibilité d’un changement éventuel du gouvernement.

Cette situation a poussé Gordon Bajnai, qui est à la tête de trois organisations civiles (Milla, Szolidaritás et Haza és Haladás), à initier une collaboration entre les partis de gauche et tous les acteurs de la politique, qui veulent le départ du gouvernement actuel. Pourtant, cette initiative est encore loin d'avoir trouvé son aboutissement et les obstacles à surmonter sont nombreux.

Clarifier les questions organisationnelles

Il ne faut pas oublier qu’Ensemble 2014 est une collaboration de trois associations, pourtant, selon la loi électorale, il est impossible pour les associations de présenter des candidats aux élections (du fait de l’amendement composé de 227 points de Ferenc Papcsák). Bajnai et ses alliés doivent donc premièrement devenir un parti (s’ils ne veulent pas fusionner avec un parti déjà existant). Ce qui peut poser problème, c’est le fait que certaines personnes trouveraient l’association actuelle sympathique justement à cause de son caractère civil, et elle pourrait perdre ce côté attirant avec la transformation en parti.

Pour le moment, il y a également un manque de clarté sur le but de la collaboration. Coopère-t-on pour ou contre quelque chose (ou quelqu’un) ? Le seul objectif jusqu’à présent est de destituer le plus vite possible le gouvernement d’Orban et de remettre le pays sur « la bonne route », même si personne ne sait ce qu’est cette route et comment on peut y arriver. Même si le Fidesz a prouvé en 2010 qu’il est possible de gagner des élections sans aucun programme concret, il serait pourtant utile que la gauche puisse s'accorder sur autre chose qu'un ennemi commun, car ce dernier ne permet qu’une coopération temporaire. Sans des objectifs de long terme, les différends apparaîtront plus ou moins rapidement au sein du parti/de l’association, ce qui causerait sa chute.

Gagner l’électorat le plus large possible

La définition d’un programme clair est importante non seulement pour l’unité au sein de l’organisme, mais également pour que les électeurs lui accordent leur confiance. Selon les sondages, la tendance la plus importante dans l’électorat est actuellement celle des abstentionnistes. Ces personnes sont déçues par la politique, et attendent, au lieu des discours démagogiques, des solutions concrètes. L’Ensemble 2014 aurait besoin d'environ 2,5 millions de votes pour gagner. Gordon Bajnai aimerait premièrement faire appel aux indécis, non seulement en raison de leur nombre non négligeable (45-50%), mais aussi parce qu’il ne veut pas, pour le moment, « se rapprocher violemment » ni du MSZP, ni de LMP. Il est certain que le ratissage de l’électorat de ces deux groupes pourrait amener des conflits, mais pour avoir la majorité, leurs votes sont nécessaires. Gordon Bajnai dans son discours de 23 octobre faisait attention à parler également aux électeurs modérés de droite. Les lignes qu’il a définies (patrie, avancée, solidarité, Europe) sont également attractives pour des électeurs de droite qui sont déçus par le patriotisme égoïste, exagéré et souvent agressif de Viktor Orban, et qui pensent que le sentiment national est lié à une conscience identitaire européenne.

Dépasser les intérêts personnels

Le projet de Bajnai peut très facilement échouer si les partis de gauche s'avèrent incapables de coopérer et de présenter une force unie face au Fidesz. Il est admis par tout le monde que dans le nouveau système électoral, seule une grande coalition de gauche pourrait remporter les élections, la dissension des partis étant donc favorable à la droite. Il n’est pourtant pas évident que le MSZP ou le LMPs’allient automatiquement à Bajnai. Les sondages montrent que c’est le MSZP qui a le plus large électorat (1-1,3 million). Attila Mesterházy (président du Parti Socialiste) ne serait pas prêt à renoncer à ces votes, même si en théorie il soutient Bajnai, qui est en faveur d’un parti qui n’est pas encore créé. Une alliance éventuelle aurait d’autres conséquences : même si Bajnai a mis en avant le fait que, dans le cas d’une alliance, les partis adhérents garderaient leur intégrité, les partis devraient en quelque sorte changer de visage, et il n’est pas sûr qu’après cela ils pourraient encore convenir aux électeurs. Le LMP doit faire face au même dilemme : au moment de leur naissance, ils ont eu le même but que celui qu’a Bajnai aujourd’hui, c’est-à-dire de devenir une alternative contre l’actuel parti politique au pouvoir. A l’époque ce parti était le MSZP, aussi, créer une alliance avec cet ancien ennemi ne serait pas forcément bien perçu par ses électeurs.

Pour le moment, il est difficile de répondre à la question de savoir s’il y aurait un concurrent du Fidesz en 2014, car cela dépend de nombreux facteurs. Pourtant, si l’association d’Ensemble 2014 arrivait à changer ses plans de long terme afin de convaincre un large électorat et de créer une unité de gauche, il aurait la chance de devenir un acteur important des élections. Le Fidesz ne rend pas cela facile ni avec l’introduction d’un système d’inscription au registre électoral nécessaire pour la participation aux élections, ni avec le nouveau système électoral, mais peut être que le personnage de Gordon Bajnai et les échecs gouvernementaux de ces dernières années encourageront tant les partis que les électeurs à faire les démarches nécessaires pour amener le changement.

Cet article présente intentionnellement un seul parmi les différents points de vue existant sur cet enjeu. Son contenu ne reflète pas nécessairement l'opinion personnelle de l'auteur. Je vous invite à prendre connaissance de la philisophie de Duel Amical.

Une illusion anti-Orban au lieu d’une alternative crédible

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03/05/2013 - 08:13
Les forces politiques sont actuellement en déséquilibre en Hongrie. Avec sa majorité de deux tiers au Parlement, l’alliance Fidesz-KDNP gouverne encore sûrement. L’opposition, qui cherche un point de convergence, est divisée et incapable de présenter une alternative crédible contre les forces gouvernementales.

Il est possible d’accuser, à juste titre ou non, l’alliance des partis Fidesz-KDNP et le gouvernement de Viktor Orban de nombreuses choses, mais on ne peut pas imputer à la droite modérée la décomposition de la gauche en Hongrie. Les partis de l’opposition sont eux-mêmes les seuls coupables de leur échec : aux élections démocratiques de 2010, au cours desquelles les forces de gauche ont été totalement vaincues pour la première fois depuis 8 ans. L’effet concret de la nouvelle loi électorale acceptée par le Parlement n’est pas encore clair. Selon certains hommes politiques de gauche, le nouveau système peut même leur être favorable. Tactique électorale ou non, l’opposition devrait tout d’abord chercher les problèmes en son sein.

Le poids du passé

Après le changement du régime de 1989, les gouvernements de gauche ont été composés de l’alliance de deux partis : le Parti Socialiste (MSZP) et le Parti parti libéral (SZDSZ). Cette alliance a été sans doute un succès du point de vue de la prise du pouvoir. La coopération de ces deux partis a rendu possible une gouvernance d’au total 12 ans, sur une période de 20 ans. Pourtant, en 2006, cette collaboration s’est affaiblie et suite aux luttes internes pour le pouvoir, le SZDSZ a simplement disparu de l’échiquier politique hongrois. Aujourd’hui, le MSZP, un parti affaibli, un géant rétréci, doit faire face à son passé. Celui-ci comprend des scandales de corruption, des crises gouvernementales, des mesures restrictives qui frappaient le peuple, et un énorme endettement de l’Etat dont la population souffre toujours. Le MSZP, tronqué par la séparation du groupe de l’ancien premier ministre socialiste Ferenc Gyurcsány (devenu président d’un nouveau parti, la Coalition Démocratique - DK), est aussi affaibli par les polémiques dues aux clivages générationnels. Le parti est incapable de se renouveler, il retourne chaque fois à l’ethos de « la protection du petit homme pauvre », ce qui semble aujourd’hui non seulement incroyable, mais aussi ridicule venant d’un parti dont le nom est fortement lié au grand capital, à la hausse des impôts, aux politiques d’austérité et aux gouvernements de luxe.

Des intérêts divergents au sein de l’opposition

L’Assemblée nationale s’est élargie avec l’arrivée de deux nouveaux partis après les élections de 2010. Il s’agit du LMP, qui se définit comme libéral et vert, et du Jobbik, qui se déclare ouvertement d’extrême droite. L’opposition au gouvernement de Viktor Orbán est donc formée de ces deux partis, auquel s'ajoutent encore celui de l’ancien premier ministre Ferenc Gyurcsány (DK) et de diverses organisations civiles. Ces dernières ont choisi de ne pas prendre le statut de parti politique. Par conséquent, elles ne bénéficient pas d'avantages (par exemple du droit de participer aux élections) et ne sont pas liés non plus par des obligations (par exemple des règles contraignantes du financement) qui incombent normalement à une formation politique. Mais à part ces finesses juridiques, la question majeure est celle du désaccord entre ces différents acteurs de l’opposition. Comment pourraient-ils se rapprocher ? Une sorte de coalition socialiste–libérale, qui a déjà échoué, se reconstitue-t-elle de nouveau afin d’accaparer le pouvoir ? Ou bien le LMP ou le MSZP s’allieraient-ils avec l’extrême droite, même s’ils ont peur pour la démocratie ? La nouvelle plateforme de Ferenc Gyurcsány fusionnerait-elle de nouveau avec le MSZP, avec qui elle vient de faire sécession ? Ou bien les sympathisants de cette formation s’allieraient-ils avec le LMP et leur leader, Ferenc Gyurcsány ? Le Jobbik, qui considère tout le monde sauf lui-même comme des traîtres de la patrie, s’allierait-il avec les autres partis qui souhaitent voir partir le gouvernement actuel ? Même si tout cela se réalisait, une telle alternative gouvernementale, avec éventuellement une participation forte de l’extrême droite pourrait-elle être crédible et capable de gouverner ?

Bajnai : un animal politique apolitique ?

Sans la formation d’un parti crédible à gauche, avec leader assurant sa cohésion, le seul concept qui réunit l’opposition est la volonté de voir partir le gouvernement de Viktor Orban. Certains attendent la réunification de l’opposition par Gordon Bajnai. Ce dernier fait tout son possible pour apparaître comme « un homme politique neutre », capable de faire ce qui n’est pas encore fait : trouver le point de convergence parmi les partis de l’opposition. Pourtant, Bajnai n’est pas un nouvel acteur de la politique hongroise. Il était déjà ministre à l’époque du gouvernement socialiste de Gyurcsány. Après la démission de ce dernier, il est même devenu premier ministre entre 2009 et 2010 ! Quand l’énorme majorité des électeurs a voté pour l’alliance conservative de Fidesz-KDNP lors les dernières élections législatives en 2010, elle a donné en même temps son opinion concernant la politique et le personnage de Bajnai… Malgré cela, Bajnai se présente sans aucune hésitation sous cette image de « spécialiste neutre ». Ce n’est pas la première fois qu’il essaie de jouer cette carte. Quand il était encore Premier ministre, il a déclaré au Parlement « qu’il n’avait pas d’ambitions politiques ». Pourquoi a-t-il alors progressé sur l’échelle politique jusqu’au poste de Premier ministre ? Et pourquoi est-ce lui encore une fois qui veut être non seulement à la tête du MSZP, mais aussi à la tête de l’opposition toute entière ? Bien sûr, il prétend qu’il ne le veut pas, et qu’on lui a toujours « demandé » de faire ainsi. Où est la sincérité ? Serait-il vraiment bénéfique pour la Hongrie si le gouvernement de centre-droite de Viktor Orban, qui présente franchement (même parfois trop) les mesures qu’il fait, était remplacé par une force politique divergente, dirigée par un messie politique dont l’image est construite également des dollars américains ? Il ne suffit pas de gagner les élections. Il faut ensuite gouverner. Cela ne serait pas possible par une coalition très hétérogène formée uniquement dans le but de mener au changement de gouvernement.

L’opposition hongroise est malade et instable. Sa maladie est pourtant la conséquence de son propre comportement. Personne ne peut attendre d’un parti gouvernemental, qui est arrivé au pouvoir par une voie démocratique, de se couper l’herbe sous le pied volontairement pour créer un équilibre des forces avec l’opposition. De la même manière, il n’est pas obligé de soutenir cette dernière. Le gouvernement doit faire attention à une seule chose : qu’on ne puisse pas l’accuser de la destruction intentionnelle de l’opposition par des moyens non légitimes.

 

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