L'abstentionnisme : une solution pour le deuxième tour ?

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Après le premier tour, les deux candidats Emmanuel Macron et Marine Le Pen s'affrontent pour accéder à l'Elysée. L'abstention semble pour beaucoup de français comme une "troisième voie" préférable au vote.

Dimanche 7 mai, je m'abstiendrai

Auteur
Anonyme
27/04/2017 - 18:29
Dans moins de deux semaines se jouera l’affrontement final d’une campagne, davantage semblable à une dénonciation collective, qu’à une confrontation d’idées et de visions pour la France. Mais cela semble s’estomper avec ce deuxième tour surréaliste opposant deux candidats singulièrement différents qui persuadent sans convaincre.

Voter, c’est adhérer à une vision, à un programme. Or choisir entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen, c’est choisir entre un ultra-libéralisme où l’ubérisation de la vie économique est perçue comme l’avènement d’une nouvelle ère, et un protectionnisme nationaliste qui nous rapproche d’une époque révolue depuis longtemps. Il suffit en effet de regarder les propositions sur l’Europe : d’un côté, on nous promet plus d’Europe, une Europe cosmopolite, où la citoyenneté serait synonyme d’une volonté malsaine de se définir en appartenance à un groupe; et de l’autre, on nous promet de quitter l’Europe si les caprices Français ne sont pas respectés. Entre ces deux visions, il y a un monde.
Alors que faire lorsque l’impression que donne un vote, est tantôt une France qui se plonge dans une dématérialisation de tous ses principes, tantôt une France qui s’enracine à ses idées traditionnels obsolètes ? Et bien s’abstenir. Mais je parle ici d’une abstention citoyenne, qui marque un éloignement des idéologies proposées, je parle également d’une abstention démocratique dans le sens où l’on doit respecter le choix de tous les Français.

Un « front Républicain » qui ne veut plus rien dire 

A la sortie du premier tour, des politiques de tous côtés, se définissant eux-mêmes comme garant de la République Française, sortent de terre pour nous inciter à voter Emmanuel Macron sous peine de ne pas faire partie des citoyens modèles. Mais n’y a-t-il pas plus anti-Républicain, que de mettre sous silence tout une partie de la population qui a choisie de voter extrême ? De les pointer du doigt et de se réfugier sur Emmanuel Macron, notre sauveur à tous ? S’abstenir, c’est aussi se soulever contre cette hypocrisie bien trop répandue chez nos politiques, qui tanguent d’un bord à l’autre, et se rattrape dans l’opinion en dénonçant les méfaits des extrêmes. Ce front Républicain, censé nous protéger d’un mal, nous place nous, citoyens Français, dans une situation infantile, où notre choix est dicté pour les hautes sphères.

S’abstenir, est-ce aider Marine Le Pen ?

Non. Et cela paraît d’ailleurs une idée assez incongrue. En quoi ne pas voter, avantagerai un candidat ? Effectivement, Mr Macron passe à côté d’un vote, mais Mme Le Pen n’en bénéficie pas n’ont plus. Il s’avère que mon vote n’ira pour aucun des deux candidats car aucun des deux ne me représente. A tous ceux qui prétendent que ne pas voter peut faire élire, je répondrai que voter contre son grès peut faire rougir.
Le rôle d’un candidat à l’Elysée est de transmettre l’envie de voter pour lui, si ce rôle n’est pas remplie, et bien pourquoi devrions nous remplir le nôtre ?

L’abstentionnisme, premier parti de France

Et oui, vous avez bien lu. Le parti abstentionniste a cumulé plus de 10 millions de voix lors du premier tour. Mais je dois avouer que pour arriver à la tête des forces politiques Française, nous avons été un peu aidés. En effet, cette campagne aura été marquée par les affaires, au point où les citoyens ne votent pas pour mais contre. On vote aujourd’hui contre F.Fillon et ses emplois fictifs, contre Marine Le Pen et ses opinions extrêmes, contre E.Macron et sa vision ultra-libérale, contre Jean Luc Mélenchon, le "chavez Français". Finalement, on en vient à voter contre tous, et donc à s’abstenir. Et cela fonctionne, regardez nos résultats en 2012, 20.5% dès le premier tour, ou encore 28.4% en 2002 (d’après politiquemania).

 

En conclusion, l’abstention est totalement respectable dans le sens où le vote est aujourd’hui un droit et non un devoir. De plus, en sachant que le président ne gouverne pas sans Assemblée Nationale avec lui, le choix du futur président ne changera en rien la situation actuelle car ni Emmanuel Macron, ni Marine Le Pen ne détient une majorité gouvernementale. Et d’ici les législatives, les intentions de vote pourraient bien avoir changées.

Cet article présente intentionnellement un seul parmi les différents points de vue existant sur cet enjeu. Son contenu ne reflète pas nécessairement l'opinion personnelle de l'auteur. Je vous invite à prendre connaissance de la philisophie de Duel Amical.

L’abstention : un choix risqué

Auteur
Anonyme
28/04/2017 - 13:28
La carte électorale, le mentionne : "Voter est un droit, c’est aussi un devoir civique". Aujourd’hui, ce droit est considéré comme acquis et est traité avec méfiance. Alors oui, l’offre politique est loin d’être satisfaisante pour tous. Oui, le vote de conviction est de plus en plus rare. Malheureusement, c’est surement le principal défaut de la démocratie représentative tel qu’elle est aujourd'hui. Mais à moins de changer l’intégralité du système, et ce n’est pas l’objet du débat, il s’agit de regarder la réalité en face: Le Front National a toutes les chances de passer au second tour, et l'abstentionnisme lui profite.

Le 7 mai prochain, vont s’affronter deux candidats différents en tous points: l’ouverture de Macron sur le monde et l’Europe contre le protectionnisme et la "préférence nationale" de Madame le Pen; le conservatisme des moeurs contre un certain progressisme, Une immigration légale ultra-contrôlé, etc. Sur tous les points, les deux candidats sont opposés.

Alors il ne s’agit en aucun cas de plébisciter le programme d’Emmanuel Macron, qui ne satisfait évidemment pas tout le monde. Mais regardons les choses en face: ne vaut-il pas mieux voter pour le moins pire, quitte à mettre sa fierté de côté, et combattre les idées du candidat par d’autres voies, que de ne pas voter du tout et prendre le risque de voir un programme réactionnaire et profondément injuste imprimer une marque inéluctable sur notre vie ? 

Un barrage au Front National

Ne pas voter Macron par conviction est une chose respectable, et un choix sûrement réfléchi pour ceux qui prévoient de s’abstenir. Il ne s’agit absolument pas de dénoncer ce choix, et d’accuser ceux qui ne voteront pas de jouer le jeu du FN.
Néanmoins cet article s’adresse aux indécis , afin de leur faire prendre conscience des risques : la victoire de Macron n’est pas jouée du tout !
Sans alimenter la peur inutilement, il s’agit de voir à quel point nous sommes face à une situation risquée. L’exemple de 2002 ne joue pas en faveur de ceux qui combattent l’abstentionnisme. En effet, Jacques Chirac a bien été élu avec 82,21% des voix, contre 17,79% pour Jean Marie Le Pen. Mais ce n’est pas parce qu’à l’époque, Chirac a bénéficié d’autant de voix, qu’aujourd’hui il va se produire exactement le même scénario. La situation est différente, rien que par le fait qu’aujourd’hui le parti frontiste arrive au deuxième avec 21% des voix et non plus 16% et le contexte est éminemment différent car le vote pour Marine le Pen est bien plus qu’avant un vote d’adhésion.

Macron : le moindre mal

Un argument récurrent est celui selon lequel voter pour Macron aujourd'hui pourrait participer à son futur plébiscite, et l’encourager à se penser comme très majoritairement approuvé par les Français. Malheureusement, on peut penser que c’est un risque à prendre. Mais malgré tout, élire Macron s’apparente au moindre mal. Ce qu’il propose n’est pas irréparable : il ne propose pas de sortir de l’Union Européenne, ni de réduire le nombre d’immigration légale à 10 000 par ans. Alors que le projet du Front National est irrémédiable. 
Choisir Macron dans ces circonstances ne correspond pas forcement à un vote de conviction, mais à un vote utile. Oui, c’est triste, et on rêve tous de mieux : mais en attendant l’idéal, il faut voter en son âme et conscience. 

Il est très difficile de défendre le même point de vue défendue par 90% des grands médias français, sans être directement associé aux hautes sphère de la société qui veulent dicter la conduite à tous les électeurs qui ne peuvent pas réfléchir par eux même. L’abstention (pour une part, parce qu’il faut rappeler que différents types d’abstention existent et qu’ils ne sont pas tous politique) est un symptôme du mal de la démocratie, c’est un rappel qu’on espère mieux de la part des candidats, de la part du système. 

Mais rappelez vous de 2016 et de la Victoire de Donald Trump. Rappelez vous comme 99% des médias, intellectuels et grandes sociétés ont appelés à voter Clinton, persuadés que Trump n’avait aucune chance. Il existe un parallèle avec la situation d’aujourd’hui : la victoire de Macron n’est pas faite. La réalité est celle ci : si on ne vote pas pour lui, on fait grandir les chances de Madame le Pen de se faire élire. La volonté d’abstention grandissante traduit bien un certain malaise vis à vis des classes dominantes. On a envie de partager notre colère, nos revendications, nos envies. On a envie de montrer que le décalage de la réalité vécues par les élites sociales ou par les classes moins bien dotés. Mais il ne faut pas que cette haine, cette colère conduisent à laisser au pouvoir une autre forme de terreur, celle là bien institutionnalisée.

L'abstention : une forme de vote 

L’abstention ne provoquera rien. Elle ne changera pas le système. Si elle avait une chance d’être reconnue, ou d’invalider l’élection, sans doute qu’elle serait utile. Mais dans le cas présent, ne pas voter conduit à laisser les autres faire le choix pour vous, laisser aux autres le soin de choisir par qui on sera gouverné pendant 5 ans. L’abstention est une forme de vote, et l’abstention bénéficiera à Marine le Pen, pas à Emmanuel Macron.

 

Qu’on soit bien clair, quel que soit le choix de l’électeur, il faut le respecter. Mais on est en démocratie, le débat est au coeur des principes du régime : on doit pouvoir parler, à tout le monde. Pour ma part, je rajouterai simplement que chacun vote en son âme et conscience. Il s’agit simplement d’avoir conscience, et pleinement conscience, des conséquences de son choix.

Cet article présente intentionnellement un seul parmi les différents points de vue existant sur cet enjeu. Son contenu ne reflète pas nécessairement l'opinion personnelle de l'auteur. Je vous invite à prendre connaissance de la philisophie de Duel Amical.

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L’abstention : un choix risqué
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Commentaires

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Mon cher Jean-Baptiste,
Bien que je vous rejoigne entièrement sur la question d’un point de vue théorique, je ne suis pas d’accord avec vous sur l’aspect pratique. En effet, quelque soit l’abstention, une élection aura lieu et un président sera choisi. L’Histoire nous rappelle la portée d’une élection, qui plus est dans un contexte de crise. Choisirons nous donc d’observer la montée d’une idéologie malsaine ou nous battrons nous contre un danger, non pas contre la république, mais bien contre la société entière ? De laisser notre malaise actuel nous faire abandonner nos propres valeurs ?
Car oui, bien que le parlement influence la politique, le président possède de nombreux pouvoirs - 49.3, ordonnances, dissolution parlementaire - lui permettant de passer outre. Je préfère laisser ces pouvoirs au candidat que je déteste le moins.
Néanmoins je partage avec vous ce dégoût du barrage républicain qui contraint le peuple à un vote unique, ce qui est bien loin de l’idéal républicain.

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