La Slovaquie entre l’UE et le groupe de Visegrad

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Le groupe de Visegrad (V4) compte parmi ses membres la Pologne, la Hongrie, la Slovaquie et la République tchèque et défend les intérêts de l’Europe centrale au sein de l’Union européenne. La Slovaquie pourrait devenir un pilier du V4, mais la situation actuelle ne va pas dans ce sens. La Slovaquie choisira-t-elle de se ranger plutôt du côté de l’Union Européenne, en délaissant l’opportunité d’une plus grande coopération avec le groupe de Visegrad ?

La position slovaque vis-à-vis du V4 risque de changer

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06/11/2017 - 18:49
La situation actuelle au V4 est morose. En réalité, il s’agit surtout d’un « V2 » pour l’instant : la Hongrie et la Pologne coopèrent, mais la Slovaquie et la République Tchèque se rapprochent de plus en plus de la ligne ouest-européenne de l’Union Européenne.

L’année dernière, le V4 luttait farouchement contre la vague d’immigration en Union Européenne. Même si le V4 est officiellement toujours opposé aux migrations vers l’Union Européenne, la situation au sein même du V4 change. Les gouvernements de Slovaquie et de Pologne se sont probablement rendu compte qu’une coopération étroite avec le cœur même de l’Union Européenne dans un futur proche serait bien plus avantageuse que de se ranger du côté des « rebelles » du V4. Ces avantages ne sont pas uniquement des financements, mais il s’agit de l’intégration totale des États membres qui servirait de garanties économiques.
L’Union européenne a un pouvoir décisif sur le V4 en termes d’économie et de questions juridiques. Par exemple, la Slovaquie et la Hongrie viennent de recevoir une décision de la Cour Européenne qui a rejeté leurs contestations au sujet des quotas de migrants. Robert Fico, Premier ministre de la Slovaquie, a déclaré : « nous devons accepter cette décision, mais nous pouvons encore résoudre la crise des migrants autrement », sous entendu qu’il veut soutenir les États qui ont des problèmes face à l’afflux de réfugiés, à l’instar de l’Italie et de la Grèce, sans les quotas. Il veut ainsi dire que la Slovaquie peut soutenir ces États en participant notamment à la protection de leur frontière et en envoyant des approvisionnements alimentaires, donc en mettant de côté les quotas de migrants.
Tous les États du V4 sont dépendants des investisseurs étrangers et des employeurs venant de l’Europe de l’Ouest, sans oublier non plus leurs exportations vers l’Europe de l’Ouest. La perte de ses avantages économiques pourrait sérieusement affecter les économies du V4, étant donné que les relations difficiles avec le reste de l’Union Européenne décourageraient les nouveaux investisseurs.
D’un autre côté, se ranger du côté du V4 signifie pour la Slovaquie une coopération culturelle et une protection contre les migrations plus poussées. Néanmoins, un V4 fort – avec donc une coopération régionale forte et une identité culturelle régionale – n’est clairement pas un souhait de l’Union Européenne. Bruxelles fait pression pour inciter le V4 à se focaliser avant tout sur une unité au niveau Européen, étant donné qu’un V4 fort éliminerait d’office une cohésion totale au sein de l’UE. 

Une force centripète

Le cœur de l’Union européenne compte en son sein les premiers États membres comme la France ou l’Allemagne. Que se passerait-il si la Slovaquie s’immisçait dans ce cœur ?
Premièrement, il connaîtrait plus d’avantages et de garanties de la part de l’Union Européenne, qui en échange lui demanderait plus de quotas pour les réfugiés. Mais R. Fico ne veut pas en entendre parler. Il se concentre avant tout sur les avantages d’une coopération plus développé avec le cœur de l’UE : les avantages sociaux, économiques etc. Les intérêts slovaques reposent surtout sur la limitation des migrations en Slovaquie, position maintenue par les discours de R. Fico. Ainsi, il semble très plausible que Fico préfère se ranger du côté du cœur de l’Union européenne plutôt que du côté du V4, pour des raisons avant tout économiques. Ce serait évidemment un paradoxe, puisque Fico s’opposait à la politique migratoire de l’Union Européenne et les quotas de réfugiés politiques. Pourtant, il parle maintenant de rejoindre le cœur de l’Union Européenne, et de bénéficier des avantages que cela implique. Dernièrement, le Premier Ministre Fico déclarait même : « Je suis très intéressé par la coopération régionale au sein du groupe de Visegrad, mais les intérêts vitaux de la Slovaquie résident en l’UE ».
Une coopération plus poussée avec le cœur de l’Union européenne peuvent procurer à la Slovaquie de nombreux avantages, comme une armée européenne commune, un salaire minimum plus élevé, des impôts peut-être plus bas… mais les Slovaques peuvent-ils accepter la politique migratoire de l’UE ? C’est peu probable. Le cœur de l’Union européenne pourrait devenir un nouvel État avec de grands pouvoirs; par conséquent, entrer dans ce cœur doit être décidé non pas par le monde politique, mais par le peuple.

Cet article présente intentionnellement un seul parmi les différents points de vue existant sur cet enjeu. Son contenu ne reflète pas nécessairement l'opinion personnelle de l'auteur. Je vous invite à prendre connaissance de la philisophie de Duel Amical.

Histoire de la Slovaquie parle d’elle-même : le groupe de Visegrad a précédé l’Union Européenne

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06/03/2018 - 23:23
Le fait que la Slovaquie veuille se développer et devenir un État leadeur de l’Union Européenne n’est pas une mauvaise nouvelle ; en réalité, c’est une ‘’bonne ambition’’. Cependant, il ne faut pas oublier que la Slovaquie est un petit État comparé aux mastodontes européens que sont la France, l’Allemagne, l’Italie… et a, par conséquence, une représentation plus réduite dans le Parlement Européen et donc, in fine, moins de pouvoir. La Slovaquie a peu de chance de s’imposer dans l’Union Européenne sans le V4.

L’importance politique du V4 pour la Slovaquie

Tous les États membres de l’Union Européenne sont représentés au Parlement européen, mais tandis que l’Allemagne a 96 députés et la France 74, la Slovaquie n’a que 13 représentants ; ainsi, les Slovaques n’ont aucune chance de décider quoi que ce soit. La Slovaquie peut se développer au sein de l’EU en s’associant avec des États similaires, comme la République Tchèque ou la Hongrie. Ainsi se profile déjà la plus grande mission du V4 : en développant sa coopération entre les trois membres, la Slovaquie a plus de pouvoir pour atteindre ses objectifs.

L’importance historique du V4 pour la Slovaquie

Cependant, le V4 est plus qu’une communauté régionale. Il regroupe une même histoire, une identité nationale similaire, une culture, une mentalité… Être membre du V4 est capital pour la Slovaquie, et l’histoire le prouve.

Le Groupe de Visegrad a été fondé en 1991 comme la communauté de trois États voisins (la Tchécoslovaquie, la Hongrie et la Pologne) puis, deux ans plus tard, avec la dissolution de la Tchécoslovaquie, quatre États voisins. Le V4 devint alors une entité importante pour la transition des régimes totalitaires vers les démocraties. Tous les États se sont donc entraidés sur ces 20 dernières années.

La communauté est plus qu’une organisation politique ; c’est une union naturelle entre quatre États dont l’histoire commune remonte à plus de 1000 ans. Le V4 s’est affirmé bien avant que la Slovaquie ne joigne l’Union Européenne, mais il est apparu au moment de l’effondrement de l’URSS et nous savons que changer de régime est un processus exigeant. Après la chute des régimes communistes, la coopération de ses États a joué un rôle important : tous les efforts ont été supportés par le fait que ces États ont souvent suivi le même chemin, comme en témoigne leur entrée dans l’OTAN et l’intégration de l’Union Européenne le 1er mai 2004.

Être membre du V4 ne compromet pas l’intégration dans l’Union Européenne

Lorsque nous avançons, nous pouvons voir que l’importance du V4 ne peut qu’être approfondie du fait de l’intégration européenne grandissante, qui peut mener à l’établissement d’une identité européenne au-dessus de l’identité nationale et de ses particularités.

Enfin, en aucun cas le V4 ne représente une alternative à l’intégration européenne. Ces activités ne mèneront jamais à une isolation, ou même un affaiblissement des relations avec les autres États. Au contraire d’ailleurs, le but de ce groupe est d’encourager une coopération optimal et profitable à tous, surtout avec les voisins, pour se développer.

Cet article présente intentionnellement un seul parmi les différents points de vue existant sur cet enjeu. Son contenu ne reflète pas nécessairement l'opinion personnelle de l'auteur. Je vous invite à prendre connaissance de la philisophie de Duel Amical.

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