La santé publique slovaque : une mauvaise gestion conjoncturelle ou un aboutissement inévitable?

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Vu l´état de la santé publique en Slovaquie, il semble parfois que nous soyons revenus à l'époque soviétique. Les bâtiments sont vétustes, l’équipement insuffisant et apparemment aucun plan de rénovation n'est prévu. Plus de vingt ans après l'indépendance, comment expliquer une telle dégradation de la santé publique ?

L’état de la santé publique, à qui la faute ?

06/05/2013 - 21:14
S’il y a une chose qu’il faut souligner en parlant de l’état de la Santé publique en Slovaquie, c’est la mesure dans laquelle ce secteur est géré par l’État. Un État de cinq millions d’habitants et sans ressources naturelles extrêmement abondantes peut-il investir suffisamment dans la Santé publique?

L’organisation du secteur de la santé en Slovaquie est issue du système socialiste de l’époque soviétique, lorsque l’État en était l'unique gestionnaire. Par conséquent, les habitants et surtout les plus âgés ont du mal à accepter l’idée que ce ne soit plus l’État qui couvre l'intégralité des frais. Toutefois, la question est de savoir si un pays qui est passé à un système capitaliste peut toujours couvrir l’intégralité des coûts. Sachant que le secteur médical est très peu privatisé en Slovaquie, une telle démarche est perçue très négativement par la population slovaque qui y voit forcément une hausse de ses dépenses. Pourtant, une telle décision paraît quasi inévitable, au moins dans une certaine mesure.

De plus, il ne faut pas oublier qu'en Slovaquie, même vingt ans après sa libération du joug soviétique, les problèmes hérités de cette époque persistent. Un de ces héritages est le niveau de corruption, qui reste assez élevé. Ainsi, l'argent collecté par les taxes n'est pas utilisé efficacement, ce qui pose la question de l'allocation effective des ressources. De ce fait, avec un tel degré de financement et de gestion de la santé publique par l’État, tout dépend essentiellement du pouvoir exécutif en place. Ce qui renvoie à la théorie des choix publics, qui fait l'objet de débats dans de nombreux pays européens.

La comparaison avec les autres pays : une comparaison injustifiée

Il est fréquent que les médecins slovaques et le reste du secteur médical mettent en avant qu'ils sont moins payés que dans d'autres pays. Le fait entendu, la comparaison se dresse avec les pays voisins notamment avec l'Autriche ou la République tchèque, des fois même avec l’Allemagne. Toutefois, il faudrait peut-être commencer par l'autre bout de l’histoire et comparer les PIB de ces pays. Est-il réaliste d’espérer que la Slovaquie injecte autant de ressources dans la santé publique que des pays dont le PIB dépasse largement le sien ? De plus, en évoquant les salaires à l’étranger il ne faut pas oublier de souligner que le coût de la vie y est aussi plus élevé, ce qui au final réduit l’écart entre la Slovaquie et ces pays.

Ainsi il est possible d’affirmer que même si le rattrapage économique de la Slovaquie a été impressionnant ces dernières années et n'a pas ralenti même pendant les années de crise, le pays reste quand même derrière ses voisins occidentaux. Par conséquent, il n’est pas justifié de comparer les salaires des médecins à l’étranger et en Slovaquie.

Augmenter les salaires : une mesure contre-productive

Si la motivation des médecins et du personnel médical pour lutter pour la hausse des salaires est grande, il semble que le bilan final leur nuirait encore plus. Même si l’augmentation des salaires paraît au premier abord une victoire du personnel sous-payé, c’est ce même personnel qui la repaie. Même dans le contexte de la crise économique et financière actuelle qui frappe l’intégralité de l'Europe, l'augmentation progressive de leurs salaires leur a été accordée sous le gouvernement d'Iveta Radicova. Depuis 2009, la hausse des salaires d'un tiers est à l’origine des nombreux licenciements des médecins et du personnel médical. Par exemple l’hôpital de Trnava a dû licencier 13% de ses salariés, ce qui s’est directement répercuté sur la qualité des services hospitaliers.

Comme ce sont les hôpitaux qui paient leur salariés, l’attribution de salaires plus élevés n’est une ré-allocation des ressources attribuées aux hôpitaux et ne résout pas le problème, voire l’aggrave. Les médecins et les personnels médical perdent leurs emplois en même temps que la qualité des services se détériore. Quel autre bilan peut-on dresser quand les hôpitaux manquent de personnel et quand ceux qui sont restés travaillent davantage?

Cet article présente intentionnellement un seul parmi les différents points de vue existant sur cet enjeu. Son contenu ne reflète pas nécessairement l'opinion personnelle de l'auteur. Je vous invite à prendre connaissance de la philisophie de Duel Amical.

La santé slovaque mal gérée par l´État

06/05/2013 - 21:14
L´état de la Santé slovaque est toujours mauvais. Le personnel médical est mal payé donc mécontent, de même que les patients en général, les vieux bâtiments des hôpitaux sont une catastrophe. Tout cela parce que l´État n´est pas capable de faire de la santé sa priorité et de gérer correctement son financement.

Les secteurs de la Santé publique et de l´Education sont probablement les plus importants de ceux gérés par l´État. Paradoxalement, en Slovaquie, la santé et l´instruction des citoyens ne semblent pas être suffisamment valorisées par les gouvernants en général puisque cela fait déjà de longues années que la situation ne s'améliore pas. Pour ce qui est de la Santé publique, c´est évidemment un problème extrêmement délicat, car l´état de santé est important pour chaque personne et d´autant plus quand les difficultés apparaissent. Les soins médicaux et leur faible qualité préoccupent alors tout le monde, mais avant tout les citoyens slovaques qui accusent à la fois l´État et le personnel médical. Si les deux sont vraiment fautifs, c´est quand même l´État qui l´est davantage du fait puisque c´est lui qui gère et finance.

Les grèves du personnel médical

Le personnel médical, ce sont des gens qui sont censés sauver des vies et qui pour ce faire doivent être instruits. De ce point de vue, il est honteux qu´ils gagnent si peu en comparaison avec d´autres professions nécessitant de longues études et avec leurs collègues de l´étranger. Il n´est alors pas surprenant que les meilleurs partent et que ceux qui sont restés réclament une revalorisation de leur rémunération. D´où la grève des médecins de 2011 qui s'est soldée par une augmentation progressive de leurs salaires, accordée par le gouvernement d´Iveta Radičová et donc par le ministre de la Santé Ivan Uhliarik. Ce n´était qu´un succès relatif et pourtant les infirmières et les sages-femmes s'en sont, elles aussi, inspirées et ont donc lancé une grève fin 2012. Cependant, le gouvernement a entre-temps changé et le Ministère de la Santé, avec la ministre Zuzana Zvolenská (sans-parti dans le gouvernement du SMER de Robert Fico) à sa tête leur ont accordé plus difficilement cette augmentation de salaires. Ces mouvements sont intervenus dans un contexte de crise, où les employeurs ont licencié quelques infirmières ou les ont poussées à signer des avenants à leurs contrats de travail, faisant d'elles de simples employées administratives. L´État n´y a réagi que lentement et de façon insuffisante.

Le manque d'argent

Il faut encore une fois souligner que la source de ces problèmes réside dans la gestion et le financement du secteur, qui est entre les mains de l´État. Le problème fondamental reste celui de la mauvaise allocation des maigres ressources affectées à la Santé et notamment aux hôpitaux. Alors, non seulement le personnel est mal payé parce que les hôpitaux n´ont pas d´argent, mais de plus la plupart des bâtiments sont en mauvais état et continuent de se détériorer car l´État n'a pas les moyens d'investir. Mais le manque de financements n´est parfois qu'un prétexte.

Quelle solution ?

La question de savoir si l´État sera capable de résoudre la situation une bonne fois pour toutes reste posée. Même M. Zvolenské a récemment dit qu´il ne fallait pas verser plus d´argent dans la Santé mais seulement savoir mieux utiliser et investir ce qui est disponible. Mais énoncer cette vérité si éclatante est une chose, agir en est une autre. D´où des propositions de privatisation des hôpitaux. Cela pourrait être l'une des solutions. La privatisation représenterait des investissements donc aussi des réparations, l´efficacité et probablement une véritable amélioration des conditions et de la situation générale. Cependant, personne ne sait s´il existe des investisseurs qui voudraient reprendre des hôpitaux endettés, combien d´hôpitaux cela toucherait et dans quelle mesure l´État est ouvert à la privatisation.

Cet article présente intentionnellement un seul parmi les différents points de vue existant sur cet enjeu. Son contenu ne reflète pas nécessairement l'opinion personnelle de l'auteur. Je vous invite à prendre connaissance de la philisophie de Duel Amical.

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