La nouvelle candidate aux élections présidentielles

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La nouvelle candidate Magdalena Ogorek dans les élections présidentielles est-elle une chance ou une erreur pour la gauche polonaise ?

Magdalena Ogorek : Helle Thorning à la polonaise

22/01/2015 - 19:05
La nouvelle candidate se présente comme une bonne alternative, et même si elle ne gagne pas ce sera, dans tous les cas, une avancée pour la gauche polonaise.

Ce n’est pas seulement la beauté et la couleur de cheveux qui lient la première ministre danoise, Helle Thorning, et la nouvelle candidate aux élections présidentielles de Pologne. Toutes les deux sont jeunes, dynamiques et compétentes. La première a déjà mené à la victoire les sociaux-démocrates sur la scène politique danoise. Maintenant, toute la gauche polonaise a les yeux rivés sur Magdalena Ogorek, s’attendant à ce qu’elle fasse de même.


Une élection déterminante

Il est vrai que, de façon générale, le président polonais, exerçant ses fonctions dans un système semi-parlementaire, ne dirige pas la politique du pays (comme c’est le cas notamment en France). Pourtant, ces élections, qui se déroulent au suffrage universel direct à deux tours, font toujours l'objet d'une participation plus élevée que le scrutin parlementaire. De plus, cette année les élections présidentielles auront lieu quelques mois avant celles du Parlement. Par conséquent, le résultat des présidentielles devrait donner le la du scrutin à venir. En effet, au cours des vingt années de la démocratie polonaise, chaque fois que les présidentielles se sont tenues peu de temps avant les élections parlementaires, l'élection du président était corrélée à la victoire de son parti. C’est pourquoi les partis tiennent tellement à ces élections. Selon les sondages, le combat principal s’effectuera entre deux candidats : le président actuel, Bronilaw Komorowski (qui pourrait même gagner dès le premier tour), et le candidat du parti conservateur Droit et Justice, Andrzej Duda. Avec une telle polarisation de la scène politique, nombreux sont les électeurs déçus. Ils recherchent donc une alternative. Dans cette situation, ils espèrent pouvoir s’appuyer sur Magdalena Ogorek, soutenue par le parti Alliance de gauche démocratique, et son chef Leszek Miller.


Un choix bien pensé

Le fait que Magdalena Ogorek ne soit pas issue de la classe politique traditionnelle est, paradoxalement, à son avantage. Non seulement elle est une personnalité nouvelle, mais elle est très bien préparée sur le plan académique (elle a notamment terminé ses études à l'Université de Maastricht), elle parle anglais (ce qui est encore rare dans la sphère politique polonaise), et a déjà beaucoup d'expérience. En effet, elle a travaillé dans l’administration du gouvernement, et pendant les campagnes électorales des élections précédentes, pour la gauche. Par ailleurs, elle sait se comporter devant les caméras, notamment grâce à son expérience en tant que présentatrice à la télévision : elle donne l’image d’une femme calme, qui maîtrise son sujet. On soulignera aussi qu’elle est spécialiste des relations entre l'Église catholique et l’Etat. Et contre toute attente, elle n’entre pas dans la forte rhétorique anticléricale, mis à part l'idée de base concernant le partage de l'Église et de l'Etat, alors que certaines personnes de gauche l’y associeraient bien. Le choix d’une telle personne relève d’un pari politique très fin, quoi qu’un peu risqué. Les idées anticléricales restent toujours peu populaires dans un pays où l'Église catholique reste tellement présente et influente. De cette façon la candidate se montre ouverte pour les nouveaux électeurs, et crédible quand elle parle de devenir une présidente pour tous.


Une femme qui incarne la gauche moderne

Pour finir, l’un des plus grands atouts de Magdalena Ogorek est qu’elle est une femme. En effet, dans un pays où la position et l’influence des femmes est de plus en plus visible, et où celles-ci sont considérées comme les plus actives de toutes en Europe, une femme politique parlant de la baisse des impôts est capable d’atteindre un large électorat. Personnalité émergente, elle peut ainsi porter des idées nouvelles pour son parti, la réécriture du droit pour le rendre plus favorable aux entrepreneurs, les aides de l’Etat aux jeunes pour qu’ils cessent de quitter le pays... et critiquer le président actuel d’être inactif sans risquée qu’on lui reproche la même chose. 

A présent, tout va dépendre de la façon dont sera menée sa campagne électorale. Une chose est sûre : Magdalena Ogorek, tant pour elle-même que pour la gauche polonaise, n’a rien à perdre mais beaucoup à gagner. Même si Magdalena Ogorek ne gagne pas ces élections présidentielles, elle peut contribuer fortement à consolider la gauche, ce qui est plus que nécessaire, et obtenir un résultat qui lancera son parti sur les rails pour le prochain scrutin.

Cet article présente intentionnellement un seul parmi les différents points de vue existant sur cet enjeu. Son contenu ne reflète pas nécessairement l'opinion personnelle de l'auteur. Je vous invite à prendre connaissance de la philisophie de Duel Amical.

Magdalena Ogorek : une candidate manquant de crédibilité

01/02/2015 - 17:05
Cette candidature avait dès le début de quoi surprendre. Arrivée de nulle part, Magdalena Ogorek est devenue la coqueluche des médias, non seulement en Pologne, mais aussi à l’étranger. Cependant, son succès n’est dû qu’à son charme et au fait que la Pologne n’a pas connu de jeune candidate de gauche depuis longtemps. En réalité, elle est tout sauf une candidate crédible.

 

L’Alliance de la Gauche démocratique (SLD) est en grande difficulté. Après plusieurs années d’inaction, beaucoup demandent que leur leader, Leszek Miller (ancien Premier ministre polonais, de 2001 à 2004), se mette en retrait et laisse une personnalité n’ayant pas de passé communiste reconstruire le parti. Et pourtant, Miller a décidé de démettre des individus charismatiques et, de manière autoritaire, a proclamé Magdalena Ogorek candidate du parti aux élections présidentielles.

 

Une candidate inexpérimentée

Certes, cette fonction est avant tout représentative et le Président est aidé par une myriade de conseillers, restant observateur de la prise de décision dans le pays. Mais qu’attend-on du chef de l’Etat ? Charisme, expérience, des capacités de leadership et de représentation de 40 millions de citoyens, c’est-à-dire des individus issus de groupes sociaux très divers.

Malheureusement, il semblerait que ni Mlle Ogorek, ni ses soutiens n’aient de vision politique claire. Le fait qu’elle ne soit pas autorisée à répondre aux questions des journalistes, et qu’elle n’ait fait que deux apparitions publiques officielles, est très révélateur. Dans chaque cas, elle est arrivée avec un discours prêt à l’avance, empêchant toute spontanéité. Certes, Miller peut mettre en avant son expérience : elle a travaillé à la Chancellerie, dans des cabinets ministériels et a occupé un poste d’« expert » dans une banque nationale. Pourtant, en creusant un peu, il semble qu’il ne s’agisse que de courts stages non rémunérés. Cela signifie qu’elle n’a jamais occupé un poste à responsabilités. Le plus ridicule reste son poste à la banque centrale (oui, celui d’« expert »). Mlle Ogorek y travaillait au département de l’éducation et produisait des courts métrages sur l’histoire de la monnaie. Cela n’empêche pas M. Miller de vanter son incroyable parcours.
Heureusement, elle n’est pas seulement belle et expérimentée, puisque titulaire d’un doctorat. Il importe peu qu’elle l’ait eu dans une université de seconde zone, ou que le sujet porte sur l’histoire de l’Eglise, ou encore que ses deux publications aient été descendues par des critiques dans les revues scientifiques il y a quatre ans. Bien sûr, une jeune femme ambitieuse qui n’a peut être pas autant d’expérience que les poids lourds habituels de la politique ne devrait pas être mise à l’écart de toute fonction politique. Pour autant, peut-on tolérer une candidature fondée sur le mensonge ?

 

Une candidate pleine de contradictions

En admettant que les critères personnels ne sont pas si importants, regardons son programme politique. En premier lieu, Mlle Ogorek se présente comme le porte-parole des jeunes. Elle ne veut pas les laisser partir à l’étranger et, affirme : « nous allons montrer à la jeunesse qu’il vaut la peine de prendre des risques ». Cela ressemble davantage à une publicité pour un camp de survie ; mais peut être que c’est ce que recherchent les jeunes, une vie risquée. De plus, elle souhaite créer une commission parlementaire pour « réécrire le Droit depuis le début ». La raison ? Beaucoup de gens ne comprennent pas les paragraphes compliqués, il est donc essentiel de tout réécrire. On attendrait plutôt d’un Président des améliorations sur le plan de l’exécutif, mais Mlle Ogorek préfère se concentrer sur des sujets relevant des compétences du Parlement. Bonne chance ! Dernier point, mais non des moindres : la réforme de l’économie polonaise. Pour mémoire, Mlle Ogorek représente le parti de gauche polonais le plus important. Cependant, elle s’est distanciée du programme du parti en annonçant que l’imposition, trop forte, est le problème le plus important aujourd’hui. Elle veut représenter les entrepreneurs et réduire les coûts de l’embauche. Ainsi, au lieu d’améliorer les conditions des défavorisés, elle décide de diminuer le taux de chômage, ce qui est une proposition populiste. L’incohérence et le caractère aléatoire de son projet démontrent que sa vision et ses capacités en tant que leader sont bien maigres.

 

Une candidate superflue

S’agit-il d’une blague ou d’un signe de désespoir ? De nombreux observateurs avancent que la campagne présidentielle à venir n’est qu’une répétition générale des élections législatives qui se tiendront dans cinq mois. Il est à peu près certain que le président sortant, Bronislaw Komorowski, briguera un nouveau mandat. Et comme la construction des coalitions va bientôt débuter au Parlement, quiconque souhaitant rejoindre la coalition de son parti, la Plateforme Civique, a peur de présenter un candidat sérieux. Il semble que le SLD et Miller aient le même plan. Ce qui est dommage est que sa candidature, qui n’est pas prise au sérieux, aura des conséquences sur le long terme. Le plafond de verre pour les femmes est loin d’être brisé.

 

Cet article présente intentionnellement un seul parmi les différents points de vue existant sur cet enjeu. Son contenu ne reflète pas nécessairement l'opinion personnelle de l'auteur. Je vous invite à prendre connaissance de la philisophie de Duel Amical.

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Commentaires

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Merci pour cet article très intéressant ! Est-ce que au-delà de la personnalité de cette femme, la gauche en Pologne a une chance de devenir une alternative crédible aux yeux des citoyens ?

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