La Hongrie mérite-t-elle autant de critiques?

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La récente procédure de sanction enclenchée par le Parlement européen à l'encontre la Hongrie s'inscrit dans la dégradation constante des relations européano-hongroises. Ce pays est-il le véritable vilain petit canard de l'Union ou au contraire n'est-il qu'un simple bouc-émissaire?

Pour la fin du "Hungary bashing"

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06/07/2017 - 19:35
Entre la crise migratoire, la loi CEU, et les déclarations polémiques de Viktor Orbán, la Hongrie est devenue une cible facile des médias occidentaux, au point de voir surgir un véritable "Hungary bashing". Ce bashing systématique pose la question de la légitimité du traitement médiatique du cas hongrois.

Au début du mois de mai 2017, le Parlement Européen a voté une résolution visant à déclencher une procédure de sanction contre la Hongrie, avec en ligne de mire le recours à l’article 7 du Traité sur l'Union europénne. Cet article prévoit en effet d’importantes sanctions, allant jusqu'à la suspension du droit de vote au Conseil, contre tout Etat-membre qui violerait les valeurs européennes, et ne respecterait ni l’État de droit ni la démocratie.

S'il est clair que les positions du gouvernement de Viktor Orbán se sont durcies ces dernières années, avec plus récemment le vote de la loi CEU ou la gestion de l’immigration, il convient de rester néanmoins prudent et de ne pas céder à la tendance médiatique occidentale du "Hungary bashing". Les actions hongroises sont facilement critiquées par les médias des pays d'Europe occidentale, à commencer par l'Allemagne et la France. Or ce bashing nous éloigne profondément de la réalité.

Des résultats économiques incontestables

Premièrement, l’économie est le juge de paix pour les leaders de l’Union. Cependant en Hongrie la situation économique par rapport à certains de ses voisins européens n’est pas si alarmante. Bien au contraire, depuis 2013, l’économie hongroise a renoué avec la croissance, sortant de la récession, avec des taux de croissances annuels du PIB compris entre 2 % et 4 % (n-b: 2,9 % en 2015 selon Eurostat). En comparaison, la France peine depuis les subprimes à atteindre les 2 % de croissance. De plus la Hongrie a consenti à de nombreux efforts pour répondre aux critères de convergence.

L’endettement public a considérablement baissé depuis 2010, mais reste supérieur à 60 % du PIB (n-b: 75,3 % en 2015 selon Eurostat), tandis que le déficit public inférieur à 3 % du PIB correspond désormais aux attentes de Bruxelles. La Hongrie de Orbán a également réussi là où la France de Hollande a échoué: baisser, d’une manière considérable et continue le taux de chômage, se situant aujourd’hui entre 4% et 5%. Après la crise, Viktor Orbán a choisi de faire davantage payer les multinationales et les banques que les citoyens, par l’instauration en 2010 de nouvelles taxes sur ces secteurs. Cela peut paraître pour nombre de socialistes occidentaux beaucoup plus juste que la constante augmentation des impôts dans certains pays depuis la crise, sachant que la pauvreté était déjà grandissante en Hongrie même avant celle-ci.

Mieux vaut balayer devant ses portes

A propos de la détérioration des liens entre l'Union européenne et la Hongrie, les pays d'Europe occidentale donnent de nombreuses leçons à la Hongrie sans vraiment regarder ce qui se passe chez eux. Nombreux sont les dirigeants français, allemands, et bruxellois qui blâment l’attitude des autorités hongroises à la frontière avec la Serbie. Le problème n’est pas tant que l'Union européenne condamne ces attitudes contestables sur le plan humanitaire, mais surtout qu'elle abandonne réellement l'un de ses États-membres. Il ne faudrait pas oublier que cette frontière avec la Serbie constitue une frontière extérieur de l’Union, et que de fait si l'Union était une véritable union, l'ensemble des États-membres devraient se préoccuper de la sécurisation et de la gestion de celle-ci. Au lieu de ça, l’Allemagne comme la France préfèrent donner des leçons, et laisser la gestion première des flux à l’Italie, la Grèce ou la Hongrie. De même, la Commission Européenne a appelé récemment les pays du groupe Visegrad à respecter les quotas. Or si la Hongrie n’a pas appliqué le mécanisme des quotas, la France non plus ne l’a pas fait, en restant encore aujourd’hui loin de l’objectif fixé, à savoir l’accueil de 30 000 réfugiés.

L’activisme d’une opposition libre dans le pays

Aussi, les spécialistes évoquent sans cesse la mise à mal de la démocratie en Hongrie. Or la démocratie n’est-elle pas plus vivante en Hongrie qu’ailleurs en Europe? En Europe occidentale, et surtout en France, la société civile m’apparaît endormie. Dès que les citoyens souhaitent un changement majeur, ils en appellent aux partis politiques, et ne s'engagent pas réellement. Même le mouvement En Marche, pourtant issu de la société civile, se structure de plus en plus comme un véritable parti politique. Les citoyens français ont des difficultés à sortir de la logique de parti, et se désintéressent de plus en plus de la politique. Or en Hongrie la société civile est éveillée, et l'opposition politique au Fidesz ne vient pas des partis, mais plutôt d’un engagement direct de certains citoyens hongrois, notamment les jeunes. L’émergence de mouvements aussi divers que Momentum et le Kétfarkú Kutya Párt symbolisent l'existence d'une démocratie vivante dans le pays. D’ailleurs, les manifestations spontanées contre l’arrêt du journal Népszabadság, contre l’organisation des JO 2024 à Budapest, ou la loi CEU témoignent de la résurgence d’une démocratie libre et directe en Hongrie.

Les pays d'Europe occidentale devraient faire preuve d'humilité face à l'histoire. Les pays d'Europe centrale et orientale ont retrouvé leur souveraineté pleine et entière au début des années 1990. Deux décennies sur le temps historique c'est court. L’histoire à son rythme, un rythme qui doit être respectée. La Hongrie avance ainsi à un rythme qui est le sien, et la France et l'Allemagne à un autre. Il serait injuste de juger la situation actuelle en Hongrie aux prismes des situations allemandes et françaises, car celles-ci ne sont pas comparables. De plus la montée du groupe Visegrad, dont fait partie la Hongrie, ne fait pas reculer la construction européenne. Au contraire, il l'a fait progresser vers une Europe plus réaliste et pragmatique, c'est-à-dire une Europe à plusieurs vitesses et aux multiples coopérations. Alors cessons ce bashing systématique de la Hongrie, car les Magyars font bien vivre la démocratie en Europe, et n'ont pas tous le même style piquant que certains de leur représentants.

Cet article présente intentionnellement un seul parmi les différents points de vue existant sur cet enjeu. Son contenu ne reflète pas nécessairement l'opinion personnelle de l'auteur. Je vous invite à prendre connaissance de la philisophie de Duel Amical.

Pour le bien de l’Europe, critiquons la Hongrie!

07/12/2017 - 13:40
Alors même que le projet européen est profondément remis en cause un peu partout sur le Vieux Continent face à l’émergence des populismes et de l’extrême droite, il devient de plus en plus urgent de faire émerger dans l’ensemble des scènes politiques nationales un véritable débat autour du futur de l’Union Européenne. La critique de la Hongrie et de ses réformes, en tant que héraut d’une nouvelle forme d’organisation de l’Etat, est alors non seulement souhaitable, mais surtout indispensable.

Si la Hongrie se distingue au regard de ses performances économiques, bien meilleures que ses homologues français ou même allemand, elle souligne également ses divergences sur le plan social ou politique. Depuis 2011, le pays a connu de multiples transformations constitutionnelles qui ont pour certaines profondément remis en cause les fondements démocratiques du régime.

Des réformes toujours plus controversées

L’abaissement brutal de l’âge légal de départ à la retraite dans le domaine judiciaire a notamment amené le remerciement prématuré de 274 juges et procureurs nationaux, alors même que le tout nouvellement créé Office National de la Justice, alors dirigé par une proche de Viktor Orban, se voit obtenir le pouvoir de nommer leurs remplaçants.

Plus récemment, le Premier Ministre s’est également illustré par sa lutte continue contre « l’empire transnational de Georges Soros », milliardaire philanthrope et principal opposant au régime, au travers de nombreux projets de lois visant à contrôler et limiter l’action et le financement des ONG disposant de fonds étrangers. Mais c’est surtout la nouvelle mouture de la loi relative à l’éducation supérieure nationale, adoptée à 76,4% des voix en présence en avril 2017 par le Parlement hongrois, qui constitue la pierre d’achoppement des critiques à l’encontre du gouvernement magyar. La Central Eastern University (CEU), l’une des plus prestigieuses universités de la capitale dont le propriétaire est Monsieur Soros, serait alors la principale victime d’une législation l’obligeant à disposer d’un campus sur le sol américain pour pouvoir continuer son activité sur celui hongrois, alors même qu’elle n’a aucun intérêt ni les fonds suffisants pour pouvoir répondre à cet impératif.

Un nouveau projet pour l’Europe

Cependant, si les exactions du gouvernement hongrois sont discutables en soi, la critique gagne en nécessité à mesure où se dessine une volonté de redéfinir le projet européen à l’échelle du continent. L’émergence en Autriche, en Allemagne, en Suède mais aussi et surtout en Pologne d’une droite identitaire et eurosceptique fait largement écho aux nombreuses déclarations du Premier Ministre magyar à l’encontre de Bruxelles. Soucieux de dénoncer avec véhémence la Commission Européenne et son fonctionnement via une consultation nationale « Stop Bruxelles », Viktor Orban souhaite construire une autre Europe, bien éloignée du principe de supranationalité pourtant cher aux institutions bruxelloises. L’Europe hongroise serait alors éminemment interétatique, où l’intégration toujours plus politique serait reléguée au second rang derrière une simple coopération entre nations.

Qui plus est, au-delà même du projet européen, c’est aussi un nouveau contrat social que Viktor Orban souhaite passer avec la population. Sa volonté affichée en 2014 de construire un « Etat non-libéral » rompt avec les traditions et les aspirations libérales des pays d’Europe occidentale. Soutenue par la Pologne dans sa démarche, ainsi que son bras de fer constant avec Bruxelles, la Hongrie vise à construire un nouvel idéal-type de l’Etat non libéral dont elle se veut le héraut. Ce projet s’oppose alors à la nature même de l’Union Européenne, fondée sur le respect de l’Etat de Droit, des droits fondamentaux ainsi que des principes inhérents à toute démocratie libérale.

Critiquer le régime magyar revient alors à défendre un système ayant permis d’assurer la paix et l’intégration de l’ensemble des populations européennes à un idéal commun.

Cet article présente intentionnellement un seul parmi les différents points de vue existant sur cet enjeu. Son contenu ne reflète pas nécessairement l'opinion personnelle de l'auteur. Je vous invite à prendre connaissance de la philisophie de Duel Amical.

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