La fin du gouvernement Fico?

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Les bouleversements politiques à la suite de l'assassinat de Jan Kuciak et de sa fiancée ont redessiné le paysage politique slovaque. Robert Fico a quitté son poste de Premier ministre, ainsi que d’autres politiciens impliqués dans le scandale, mais son parti reste au pouvoir. Le nouveau Premier ministre Peter Pellegrini va-t-il réussir à changer les choses ?

La fin d’une époque est (espérons-le) arrivée

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18/10/2018 - 12:12
Ça aurait pu être « la poursuite du bordel avec des filles différentes », comme l’a dit jadis l’ex-Premier ministre Robert Fico; mais ce gouvernement est définitivement tombé. Espérons que M. Fico suive le chemin de son assistante et disparaisse de la scène politique.

Le 26 février dernier, le journaliste d'enquête M. Ján Kuciak et sa fiancée étaient assassinés de sang-froid dans leur propre maison. Un tel acte a été qualifié à juste titre comme « sans précédent » par les médias. Il est vrai que rien de semblable ne s’était produit auparavant dans notre République d’Europe centrale. Nous avons vu des gangsters faire exploser des bâtiments en plein jour avec des voitures piégées, la collaboration de la mafia et du gouvernement, l’enlèvement du fils d'un ancien président orchestré par les services secrets slovaques… Cependant, rien de semblable à ce qui se passe actuellement. Les premiers indices de l’enquête ont mis en lumière la piste de redoutables gangsters italiens connus sous le nom de ´Ndrangheta. En effet, le journaliste décédé Kuciak avait mené des reportages et dénoncé leurs opérations en Slovaquie. Mais d’autres députés ainsi que le chef de l’opposition ont déclaré avoir trouvé les auteurs de ce crime parmi les membres de la coalition au pouvoir. J'ai tout d’abord refusé d´y croire et même de prendre en considération une telle proposition. Oui, j'étais au courant des relations de M. Vadala (entrepreneur italien proche de Ndrangheta) avec le Premier ministre Fico par l’intermédiaire de son assistante et d’« une amie commune », Mme Troskova (cette dernière aurait été l’amante des deux hommes et la fiancée de M. Vadala). Je ne me faisais pas d'illusion non plus sur M. Fico (surtout après avoir accusé les médias d'être de « sales prostituées anti-slovaques »), mais j'étais toujours convaincu qu'il était un acteur politique rationnel. Plus maintenant.

Une réponse honteuse

Je pense que c’est une honte que notre Premier ministre soit venu à la télévision dimanche soir, où il a exposé de manière tout à fait démagogique ce qui suit. Premièrement, il a accusé le président Kiska d’être un agent d’une puissance étrangère, pensant que son discours, prononcé ce même dimanche, n’avait pas été écrit en Slovaquie. Secondement, il s’est fendu d’une remarque antisémite qui n'a pas encore reçu l’opprobre qu’elle mérite. (« M. Kiska a rencontré un homme avec un nom dont on doit se méfier – Soros » - a-t-il affirmé). Ce discours m’a finalement ouvert les yeux. Je pensais que M. Fico était un « Trump slovaque », un ambitieux au franc-parler assumé, mais ses propos m’ont convaincu de la nécessité de son départ. Je partage même de plus en plus le point de vue du chef de l’opposition, M. Matovic. Si l’investigation finalement concluait que le gouvernement était à l’origine du meurtre de ce journaliste ou qu’il a agi en complice de la mafia, cela ne me surprendrait pas. Je suis tout à fait d'accord avec le chef de l'opposition libérale M. Sulik quand il dit que « Robert Fico est dangereux ». Une chose est certaine : malgré ses efforts, tout le discours que le gouvernement a mis sur pied pour se présenter comme « un mur contre l'extrémisme » est maintenant inutile. Surtout quand ces événements (c'est-à-dire le meurtre et les déclarations) ont apporté au gouvernement un soutien nouveau de la part des néonazis et des staliniens en Slovaquie.

Le dénouement s'approche

Ce gouvernement s'est révélé criminel et réactionnaire. Le mépris du Smer (parti du Premier ministre) pour la démocratie et la société civile s’est d’autant plus dévoilé lorsque l'un de ses députés, Lubos Blaha, a insinué que les manifestations citoyennes massives conséquentes à ces révélations, ayant pour mot d’ordre la lutte contre la corruption et la chute du gouvernement, étaient un complot anti-gouvernemental dirigé par M. Soros. Cette déclaration elle-même aurait dû discréditer le Smer, et l’amener à ne plus jamais occuper de responsabilité politique quelconque. Par conséquent, la soi-disant reconstruction du gouvernement ne changera rien. J'étais assez naïf pour croire que notre nouveau Premier ministre (arrivé au pouvoir après la démission de M. Fico exigée par son partenaire de coalition Most-Híd) était indépendant et que ses candidats étaient honnêtes. Ce qu'il nous faut, c'est une élection anticipée. Pendant un court instant, ça aurait pu être « la poursuite du bordel avec des filles différentes », (comme M. Fico l’a déjà dit en plaisantant), mais ce gouvernement est désormais définitivement terminé. Espérons que M. Fico suivra le chemin de son assistante (qui a démissionné après que les révélations sur ses liens avec la mafia soient apparues, et dont on n’a plus jamais entendu parler par la suite) et disparaisse définitivement de la scène politique. Et qu'il emmène son parti avec lui. C'est comme ça que la fin de cette période de troubles viendra.

Cet article présente intentionnellement un seul parmi les différents points de vue existant sur cet enjeu. Son contenu ne reflète pas nécessairement l'opinion personnelle de l'auteur. Je vous invite à prendre connaissance de la philisophie de Duel Amical.

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