Immigration: la réaction hongroise est-elle justifiée?

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Le premier ministre Viktor Orban a annoncé il y a quelques mois que la Hongrie fera face à des défis importants en matière d'immigration. Récemment, le public a appris qu'une grille de 175 km sera construite à la frontière serbo-hongroise. Comment évaluer la politique d'immigration du gouvernement hongrois?

Immigration et bon sens

25/06/2015 - 19:00
Avec sa politique anti-immigration, le premier ministre Viktor Orban a repris avec succès la maîtrise des débats publics. Néanmoins, la prise d’une position dure du point de vue humanitaire ne s’explique pas uniquement par des préoccupations électoralistes. La gestion appropriée de l’immigration est l’une des questions européennes les plus importantes à laquelle le gouvernement hongrois propose une solution responsable.

L’immigration est un phénomène trop complexe pour qu’on puisse l’observer uniquement sous l’angle des droits fondamentaux. L’immigration produit des effets tant sur l’économie que sur la société, la culture et la sécurité d’un pays. De plus, il s’agit d’une question de souveraineté par excellence : un Etat qui ne peut pas décider des individus qu’il laisse entrer sur son territoire peut-il être qualifié de libre et autonome ? Naturellement, au moment de la prise de décision, différentes politiques sont possibles. Un Etat peut par exemple choisir d’ouvrir complètement ses frontières. Mais il faut admettre que ce dernier choix constitue l’exception plutôt que la règle. Les frontières sont des conventions qui n’existent réellement que lorsqu’elles sont respectées. Lorsqu’on construit une maison, fruit de longues années de travail, qu’on l’équipe à notre goût pour qu’elle puisse constituer le foyer calme de notre famille, on serait à tout le moins étonné, voir choqué, si de temps en temps des inconnus se mettaient à côté de nous dans le lit, ou tout simplement utilisaient le jardin comme une voie publique. Cela ne signifie pas que l’on refuse d’offrir notre hospitalité à des membres de la famille éloignée et dans le besoin. De la même manière qu’il est parfaitement justifié de protéger sa propriété et vie privées, il est tout à fait logique et attendu qu’un gouvernement cherche à protéger les frontières de son pays, fût-ce en recourant à la mise en place d’une grille. Il est injuste de qualifier une telle mesure de xénophobe, surtout quand le gouvernement en question prend parallèlement en charge l’aide dispensée à des milliers de réfugiés.

Un réel problème non exempt de calcul politique

Selon les données européennes les plus récentes, au cours des cinq derniers mois, environ 50 000 immigrants illégaux sont arrivés en Hongrie. Au sein de l’Union européenne, le pays est donc devenu champion en la matière, dépassant même les scores de l’Italie. Au vu de ces chiffres, il est nécessaire de comprendre que l’immigration est devenue une question majeure pour la Hongrie. Par conséquent, la mise à l’ordre du jour de ce débat par le gouvernement actuel est non seulement une décision légitime, mais également responsable.

Il ne peut être nié que, par son autorité, le premier ministre Viktor Orbán a retrouvé son rôle de meneur du débat public. L’actualité en Hongrie n’est plus focalisée sur les affaires ayant causé la baisse de popularité gouvernementale des derniers mois, mais sur un sujet proposé par le Premier ministre. De plus, la position adoptée est plus populaire dans l’opinion publique hongroise que celle des partis d’opposition de gauche, qui se montrent plus favorable à l’immigration. Il ne fait aucun doute que le parti gouvernemental a entraîné avec succès son opposition dans un match dans lequel sa position de vainqueur est assurée, au moins au niveau national. Les affiches exhibant des slogans anti-immigration ainsi que la consultation nationale postulant un lien entre l’immigration et le terrorisme, mesures très critiquées par les organisations internationales, sont des outils forts pour rendre la position gouvernementale limpide devant l’opinion publique. De plus, leur caractère hautement provocateur incite l’opposition de gauche à réagir brutalement, comme nous l’avons vu à l’occasion de la campagne, lorsque lesdites affiches ont été déchirées. On peut même parler d’un piège politique pour la gauche, puisque la position de l’opposition sera difficile à expliquer aux citoyens hongrois, tandis que les nuisances directement causées par l’immigration (retards de train, problèmes de sécurité, etc.) se multiplient et sont ainsi de plus en plus ressenties aux quotidiens. Certains peuvent y voir un jeu politique de mauvais goût, voire dépassant les limites de l’acceptable. Néanmoins, le simple fait que le gouvernement cherche à tirer des bénéfices politiques du controversé dossier migratoire ne signifie pas en soi que son approche et sa politique ne sont pas justes et bien fondées.

Mots clairs, actions réfléchies

Le Premier ministre hongrois, se libérant de l’étouffante langue de bois politicienne définissant les normes du « politiquement correct », reste fidèle à son habitude de parler plus franchement d’un phénomène sérieux que ses homologues occidentaux. Il attire l’attention à temps sur les dangers issus de l’immigration illégale et, au lieu de mettre l’affaire sous le tapis, il cherche des solutions responsables. Malheureusement, dans de nombreux pays, le rôle du franc-parleur a été monopolisé par les partis extrémistes. Le problème est que les solutions proposées par ces partis sont également extrémistes. A long terme, le Premier ministre hongrois essaye justement de prévenir les tensions sociales qui risqueraient de faciliter la montée de l’extrême droite. Si la Hongrie faisait preuve de laxisme dans sa gestion de l’immigration illégale, en accueillant des populations qu’elle ne peut plus ni installer ni intégrer correctement, les partis extrémistes ne tarderaient pas à se renforcer. La prévention de la prolifération des formations nationalistes ou des organisations terroristes est en effet nécessaire.

Sans doute, une fois de plus, la Hongrie aura du mal à former un consensus avec les élites d’Europe occidentale à ce sujet. Une des raisons de cette difficulté réside dans les connotations, voir les définitions différentes que prend le terme « immigration » dans certains pays occidentaux. Par exemple, si un Français entend le mot « immigration », il pensera non seulement aux immigrés illégaux, mais également aux immigrés et leurs descendants étant arrivés au pays il y a des décennies. Le terme « immigration » étant définit de cette façon, le risque de voir la question de l’immigration illégale amalgamée avec celle de l’intégration d’une minorité déjà présente sur le territoire est accru. Dans le cas de la Hongrie, le discours de Viktor Orbán à propos de l’immigration n’est pas polysémique, et est strictement cantonné à l’immigration illégale. Ainsi, le président hongrois peut faire l’économie d’un discours politique plus prudent, en parlant plus ouvertement de l’immigration. En Hongrie, à l’instar d’Etats comme la France qui font face à des difficultés concernant une minorité importante issue d’une immigration de longue date, l’immigration est plutôt une source potentielle de problèmes qui pourrait aboutir à des tensions sociales dans l’avenir.

Enfin, par sa politique stricte contre l’immigration illégale, Viktor Orbán ne dévoile pas seulement des dangers nationaux. Il pointe aussi du doigt certaines injustices de l’ordre international. Souvent, les pays riches et développés de longue date ont une responsabilité importante dans le développement et le maintien de conditions de vie inadmissibles de larges pans de la population d’Etats en voie de développement. Ce sont ces conditions de vie, faites d’extrême pauvreté et de guerres, qui poussent les populations à quitter leur maison pour rejoindre les pays voisins du continent européen. Par exemple, combien de guerres civiles ou de coups d’Etats en Afrique n’ont été influencés par la politique internationale de grands Etats occidentaux ? Compte tenu de l’absence de passé colonial en Hongrie, et plus généralement d’un poids plus limité dans la politique internationale, il n’est pas intellectuellement honnête, pour les Etats occidentaux, de placer ce pays au centre du banc des accusés en matière d’immigration et d’asile.

Cet article présente intentionnellement un seul parmi les différents points de vue existant sur cet enjeu. Son contenu ne reflète pas nécessairement l'opinion personnelle de l'auteur. Je vous invite à prendre connaissance de la philisophie de Duel Amical.

Une "campagne de haine" anti-immigration

Auteur
Anonyme
25/06/2015 - 19:16
Au lieu de rechercher une solution acceptable sur le plan européen, le gouvernement hongrois attise les tensions dues à l’immigration. Après cette nouvelle série de mesures xénophobes, la Hongrie est de nouveau placée au ban de l’Union européenne.

La question des réfugiés est un problème qui divise l’opinion publique en Hongrie. Le premier roi de Hongrie, Etienne Ier (Szent Istvàn), insistait sur l’importance des valeurs de diversité et d’hospitalité lors de ses admonestations à son fils, Imre. Le roi saluait les étrangers, dont les capacités peuvent enrichir le pays, et qui peuvent transmettre leur savoir aux Hongrois. Pourtant, cette leçon du premier roi de Hongrie semble oubliée par l’actuel gouvernement, en particulier concernant la question des réfugiés. Quelle peut être la raison de cette politique gouvernementale teintée de xénophobie et d’arrogance ?

Une solution intolérante en réponse à une situation difficile

Par rapport à la taille de sa population, la Hongrie est le deuxième pays au sein de l’Union européenne qui accueille le plus de réfugiés, après la Suède. A l’heure actuelle, ces réfugiés viennent essentiellement des territoires de Syrie et d’Irak sous l’autorité de l’Etat islamique.

Pour le premier ministre Viktor Orbán, c’est un problème qu’il faut absolument traiter. Péter Szijjàrtó, ministre des Relations économiques extérieurs et des Affaires étrangères de la Hongrie, a quant à lui déclaré qu’il fallait trouver une solution à cette question à l’extérieur de l’Europe. Il propose d’aider les populations dans le besoin à utiliser les aides financières d’une façon optimale, pour leur permettre d’avoir une vie décente dans leur pays d’origine.

Selon les données de l’Office de l’Immigration et de la Nationalité, au cours des cinq premiers mois de cette année, le nombre des réfugiés arrivés en Hongrie a augmenté de plus de 50 000 (le nombre de réfugiés enregistrés était de 2 500 en 2012, 18 000 en 2013 et 42 000 en 2014). Parmi eux, moins de 800 immigrants étaient éligibles au statut de réfugié, les autres pouvant être qualifiés d’immigrants économiques. De plus, le vice-président exécutif du Fidesz, Lajos Kosa, estime que les autorités allemande, autrichienne et suisse souhaitent utiliser le traité de Dublin. Selon ce traité, l’Etat par lequel les demandeurs d’asiles sont passés pour la première fois en entrant dans l’Union européenne est responsable de la gestion de la demande d’asile. Ainsi, si ce traité était utilisé, de nombreux demandeurs d’asile pourraient être renvoyés en Hongrie.

Quelle est la réaction du gouvernement Orbán face à cette nouvelle donne ? Il semble privilégier des valeurs obsolètes qui, au lieu de donner l’image d’une Hongrie ouverte et confiante, discréditent le pays sur la scène internationale. Le gouvernement soutient une Europe chrétienne et non pas une Europe multiculturelle. Il estime que le plus grand danger qu’amène la vague d’immigration est que l’identité civilisationnelle du continent européen puisse changer irréversiblement. D’après le gouvernement, quiconque immigre en Hongrie doit respecter les lois et la culture hongroise. Le problème est que cette proposition est corrélée à la doctrine de la « Hongrie aux Hongrois ». Pour Viktor Orbán, le multiculturalisme signifie « la coexistence de l'Islam, des religions asiatiques et du christianisme. » Le premier ministre a clairement dit que « nous ferons tout notre possible pour épargner cela à la Hongrie » parce que cette coexistence en Europe est restée sans résultat.

L’Union européenne étant fondée sur la diversité et la tolérance, comment être surpris qu’après des affirmations aussi radicales les Hongrois deviennent le mouton noir de l’Europe ?

Une peur entretenue dans l’opinion publique

Le but du gouvernement est d’être le plus populaire possible, pour attirer les électeurs du florissant parti d’extrême droite, le Jobbik. Pour ce faire, Viktor Orbán multiplie les mesures visant à manipuler l’opinion. La dernière en date est une consultation de nationale consistant en 12 questions posées aux citoyens sur l’immigration, l’immigration économique et le terrorisme. Tous les électeurs sont invités à y prendre part, et les réponses sont attendues pour le 1er juillet. Le but caché de cette consultation nationale semble clair, ratisser le plus largement possible les voix du corps électoral pour les prochaines élections. La manipulation de l’opinion par ce questionnaire est également claire : la plupart des questions sont orientées pour entraîner une réponse souhaitée par le gouvernement. Cette ruse fait de cette consultation nationale un instrument de propagande du gouvernement. Plusieurs citoyens ont exprimé leur mécontentement en renvoyant un questionnaire vide.

Dans la même optique, le gouvernement a fait imprimer plus de 300 affiches anti-immigration, placardées sur le territoire national. Ces affiches comportent les slogans suivants : « Si vous venez en Hongrie, vous ne pouvez pas prendre les emplois des Hongrois », ou encore « Si vous venez en Hongrie, vous devez respecter notre culture ! » Les affiches étant rédigées en hongrois, il ne fait aucun doute qu’elles s’adressent aux citoyens hongrois, et non pas aux immigrés qui font face à la barrière linguistique. Le mécontentement de plusieurs partis d’opposition et de citoyens face à ce train de mesures s’est manifesté par des campagnes d’arrachages des affiches. Le gouvernement, qui se préoccupe peu des finances publiques lorsque son pouvoir est mis en question, a envoyé des gendarmes en tenue civile pour protéger les affiches contre ce « vandalisme ». Au lieu de dépenser l’argent du contribuable pour embaucher des gendarmes supplémentaires afin de défendre une campagne indigne d’un Etat démocratique, on pourrait se demander qui est le véritable vandale : le contribuable dont l’argent est dépensé dans cette propagande, ou bien ceux qui ont initié cette « campagne de haine » ?

Cet article présente intentionnellement un seul parmi les différents points de vue existant sur cet enjeu. Son contenu ne reflète pas nécessairement l'opinion personnelle de l'auteur. Je vous invite à prendre connaissance de la philisophie de Duel Amical.

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Une "campagne de haine" anti-immigration
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Anonyme

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1) "L’immigration produit des effets tant sur l’économie que sur la société, la culture et la sécurité d’un pays." Quand on part de ce raccourci, difficile de raisonner qui que ce soit... L'immigration apporte à l'économie, ne serait-ce pour doper la concurrence - surtout dans une population hongroise amorphe et assistée.
2)La mesure ne peut être que qualifiée de xénophobe (la "peur" de l'étranger) et rien d'autre.
3)"Au sein de l’Union européenne, le pays est donc devenu champion en la matière, dépassant même les scores de l’Italie. Au vu de ces chiffres" a la différence qu'il s'agit d'un transit. Vu l'accueil réservé par l'intelligentsia et la population,ils ne restent pas.
4)L'UE a ouvert sa porte à une population pauvre et sans guère d'atouts en 2004. Celle-ci a la mémoire courte et claque la porte au nez des plus pauvres. Belle charité (chrétienne, Viktor?). J'arrête là, l'article est une ineptie complète (à commencer par la question de l'intégration et de l'immigration illég

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joseph
Je me rappelle que dans les années 50,les immigrés ne pouvez rentrés en occident que
si, il avait un contrat de travail.
Leurs pays est en guerre mais, en Hongrie il n'y à pas la guerre !!!
Que veulent t-ils exactement?
Chez nous c'est certainement l'Eldorado pour tous le monde!!!
Nous agissions comme si nous étions responsable de ces guerres ...étonnant!!!!
Nous verrons bientôt les conséquences de ces différentes politiques migratoires.
Je souhaite en tout cas que, ces personnes nous remercie de cette politique migratoire.

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