Attentat du marché de Noël berlinois : quelles conséquences pour Angela Merkel ?
A Berlin, l’émotion laisse place à la colère dans les jours suivant l’attentat ayant frappé le Marché de Noël. La chancelière allemande Angela Merkel est montrée du doigt, et sa politique d’accueil, qu’elle avait défendue becs et ongles lors de la crise migratoire, est exposée à de nombreuses critiques.
Une responsabilité partagée
Avec plus de 16 milliards d’euros débloqués dans le cadre de l’immigration et près d’un million de migrants accueillis, l’Allemagne faisait il y a peu les gros titres des journaux, en sa qualité de « terre promise » pour ceux qui avaient dû quitter leur patrie pour l’Europe. Aujourd’hui, pour de nombreuses personnalités politiques et citoyens allemands, l’attentat de lundi soir à Berlin semble apparaître comme l’une des conséquences inévitables des choix politiques effectués par la chancelière allemande lors de la crise migratoire. Face aux critiques qui avaient afflué contre la politique de « porte ouverte » menée par Angela Merkel, l’Allemagne avait pourtant dès 2016 durci ses conditions d’accueil, en refusant à plus de 13 000 personnes, pour la plupart de nationalité syrienne, afghane ou encore irakienne, l’entrée sur son territoire. Le nombre de réfugiés sur le sol allemand semblait cependant encore trop important pour une grande partie de la population, qui avait protesté lors des attaques de juillet dernier. En effet, les attaques meurtrières du 18 et 24 juillet, dont de jeunes réfugiés déboutés de leurs demandes d’asile étaient à l’origine et qui avaient été revendiquées par « l’Etat Islamique » avaient profondément meurtri l’opinion publique, amenant la chancelière à écourter ses vacances pour défendre ses choix face à la population.
Une aubaine pour les populistes
L’extrême-droite allemande a pu profiter des circonstances pour réaffirmer sa position anti-imigration. En effet, ces partis comme Alternativ für Deutschland (AfD), qui ont connu un réel essor depuis quelques années, ont su tirer parti de l’abattement de la population allemande à la suite de la nouvelle pour condamner les choix d’Angela Merkel et la placer en tête de liste des responsables de l’attaque. Marcus Pretzell, l’un des élus de l’AfD, a même été jusqu’à clamer que les victimes de l’attentat étaient les « morts de Merkel »… Il en va de même pour les formations d’extrême-droite des pays voisins, comme bien entendu le Front National français, qui en a profité pour rappeler les méfaits présumés de l’immigration importante entrée en Europe ces dernières années. C’est le cas de Marion Maréchal-Le Pen, qui a profité du fait que le premier coupable présumé, finalement relaxé par la suite, soit issu de l’immigration pour déclarer que « le terroriste islamiste est un migrant ».
Un coup dur porté avant les élections
Anis Amri, le principal suspect de l’attaque de Berlin, a finalement été abattu à Milan. Il avait 24 ans. Tunisien, il avait séjourné dans le Bade-Wurtemberg, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie puis à Berlin avant de proposer ses services sur des sites djihadistes. Son parcours apparaît comme un désaveu de la politique choisie par la chancelière allemande, puisqu’il faisait partie de ses bénéficiaires. Alors que la chancelière et son parti, la CDU, remontaient dans les sondages depuis peu, et se voyaient même attribuer dans plusieurs enquêtes près de 37% des intentions de vote aux prochaines élections, les circonstances de l’attentat la fragilisent nettement dans la course à son quatrième mandat. Les critiques font également rage au sein de son propre parti, qui s’inquiétait des mesures prises par Merkel et dont la branche bavaroise demande depuis longtemps la fixation d’un plafond annuel limitant les arrivées de migrants. Il relève désormais de la chancelière allemande, qui a dû se résoudre à soutenir la candidature de son ministre des affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier pour les présidentielles, de se relever, reconquérir la confiance de l’opinion allemande et regagner petit à petit sa place dans le cœur des allemands.
Une efficacité contestée de la politique de contrôle
Le principal problème n’est-il pas en réalité l’inefficacité de la politique de contrôle de l’immigration mise en œuvre ? En effet, si Anis Amri s’était au départ vu refuser son permis de séjour sur le territoire allemand, son expulsion n’avait pu être actée, car la Tunisie refusait de reconnaître son statut de Tunisien... Ne faudrait-il pas dans ce cadre persévérer dans l’accueil de migrants en provenance de pays en guerre, comme c’est le cas des Syriens, et statuer plus rapidement sur leur entrée, tout en expulsant sans tergiverser les étrangers radicalisés ?
Ainsi, les critiques pleuvent sur la chancelière allemande et sa gestion de la question migratoire depuis l’attentat de Berlin. Cependant, cela nous permet-il réellement de la blâmer ? Face à la crise migratoire, peu de dirigeants ont su réagir de manière adaptée et solidaire. Il paraît ainsi difficile de lui jeter la pierre. Si d’autres avaient su prendre leurs responsabilités en acceptant la part d’arrivants leur étant originellement attribuée, la problématique migratoire serait aujourd’hui définitivement moins « problématique » sur le territoire européen.
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