L'exploitation des gaz de schiste en Roumanie
L’exploitation du gaz de schiste, une opportunité économique et énergétique pour la Roumanie
Avec un potentiel d’extraction de 1440 milliards de mètres cubes, la Roumanie se situe à la troisième place européenne en terme de potentiel d’exploitation de gaz de schiste.
Il n’est toutefois pas encore établi que ces gisements soient exploitables, c’est pourquoi toute exploitation doit d’abord faire l’objet d’une phase de prospection, dont la durée est estimée entre trois et cinq ans. C’est à cette étape que la Roumanie a donné son feu vert, l’idée étant de connaître les éventuelles difficultés d’exploitation techniques ainsi que les possibles retours sur investissement. Après cette évaluation seulement le gaz peut être exploité, via la méthode de fracturation hydraulique, consistant à injecter de l’eau à très haute pression pour libérer les gaz des gisements.
Or certaines ONG ont protesté contre l’exploitation du gaz de schiste, arguant de possibles risques environnementaux et sanitaires (du fait d’une pollution des eaux). Toutefois, ces risques ne sont pas certains, et il est à noter que même les institutions européennes ne se montrent pas forcément hostiles à l’utilisation du gaz de schiste. Ainsi, la Commission européenne a cité des études favorables à l’exploitation et le Parlement européen ne s’est pas opposé au recours au gaz de schiste.
Un avantage économique
Les bénéfices retirés de l’exploitation seront multiples d’un point de vue économique. Les autorités roumaines s’appuient en premier lieu sur la sécurité énergétique et la réduction des prix. Il s’agit d’un argument fort car il est vrai que les entreprises et les citoyens roumains ont une note énergétique particulièrement salée et dont les prix ne cessent d’augmenter. A titre de comparaison, aux Etats-Unis, grand producteur de gaz de schiste, le prix du gaz est quatre fois plus faible qu’en Europe. De telles économies auraient pour effet de réduire l’endettement des ménages roumains et de doper la consommation individuelle.
Un autre aspect à mentionner est celui de l’amélioration de la situation de l’emploi en Roumanie ainsi que des gains de compétitivité. Il faut en effet noter que de nombreux gisements se trouvent à proximité de petites communes, qui sont les plus touchées par le chômage et la précarité. Le gaz de schiste apparaît alors comme une formidable opportunité de création d’emplois dans ces zones. A contrario, si l’exploitation du gaz de schiste était refusée, le pays continuerait à glisser sur la pente de la compétitivité, conduisant à davantage de délocalisations d’entreprise et par là même à une hausse du chômage. Or la situation économique du pays est telle que le pays ne peut pas se permettre passer à côté d’une telle opportunité pour sa croissance et le redressement de ses finances publiques. La Roumanie se doit d’exploiter ces gisements si elle veut laisser aux générations futures une situation économique saine et de meilleures conditions de vie.
La sécurité énergétique
Outre les gains de compétitivité et la réduction des prix de l’énergie, l’exploitation des gaz de schiste conduirait à diversifier la structure énergétique du pays. La Roumanie, mais aussi l’Europe, éviteront une dépendance accrue aux importations d’énergie depuis l’extérieur de l’Europe (Russie, Azerbaïdjan). En termes de politique énergétique, il existe une règle simple : diversifier les sources d’approvisionnement pour assurer la sécurité de l’énergie. Cette nécessité est bien évidemment renforcée par la perspective d’épuisement des combustibles fossiles comme le pétrole et le charbon : notons à cet égard que la Roumanie a atteint le pic d’exploitation de ces ressources il y a déjà 40 ans.
Le Gouvernement roumain a annoncé l’autorisation de l’exploration des gisements de gaz de schiste dans la Dobroudja (territoires de l’Est de la Roumanie, bordant la Mer Noire). L’argument présenté est assez logique : il faut tout d’abord vérifier si le territoire détient du gaz de schiste exploitable. Cela laisse un long délai avant l’exploitation puisque l’exploration, rappelons-le non polluante, dure 5 ans. Les Etats-Unis ont choisi cette alternative pour sauver leur économie, alors pourquoi pas la Roumanie ? Cela apparaît nécessaire car « s’il y avait une crise à long terme, la production interne demeurerait la seule solution pour pouvoir subsister » C’est ce qu’a affirmé le Premier Ministre Victor Ponta en lançant le pays sur la voie de l’exploitation du gaz de schiste.
This article deliberately presents only one of the many existing points of views of this contorversial subject. Its content is not necessarily representative of its author's personal opinion. Please have a look at Duel Amical's philosophy.
L’exploitation du gaz de schiste en Roumanie : une politique dont les coûts dépassent les bénéfices
Le 7 mai 2014, des travaux d’exploration des gaz de schiste ont été lancés dans la commune Pungesti, dans l’est de la Roumanie. Si cette commune a été le théâtre des plus longues et des plus violentes protestations contre l’exploitation du gaz de schiste, les institutions locales de sont passées outre et ont donné leur aval pour les travaux d’exploration.
Rappelons au lecteur que l’exploitation des gaz de schiste passe par un processus technologique particulièrement nuisible pour l’environnement, la fracturation hydraulique. La Roumanie n’en est pour l’instant qu’à la phase d’exploration. Selon les entreprises impliquées, cette étape n’a aucun impact sur l’environnement. Les conséquences d’une possible exploitation de cette ressource naturelle seraient en revanche loin d’être neutres, et représentent un enjeu d’autant plus important qu’elles auront un impact non négligeable sur le long terme.
Le débat autour de l’exploitation du gaz de schiste est loin d’être tranché. Cependant il est navrant de constater que les institutions et la classe politique ne s’impliquent pas à la hauteur de l’enjeu.
Un changement de politique énergétique coûteuse pour la santé et l’environnement
L’exploitation du gaz de schiste a bénéficié d’un regain d’intérêt ces derniers mois, en raison de la crise en l’Ukraine et de la position de la Russie. La question de l’indépendance énergétique a ressurgi dans l’actualité roumaine et les partisans du gaz de schiste l’ont utilisée pour légitimer l’exploitation de cette ressource naturelle. Cet argument ne résiste toutefois pas à une analyse plus poussée des coûts et avantages induits par l’extraction du gaz de schiste. En premier lieu, le processus de fracturation hydraulique a des conséquences négatives sur l’environnement en termes de pollution des nappes phréatiques, de l’air et d’une hausse de l’activité sismique. En effet, la fracturation consiste à injecter un cocktail de substances chimiques dans le sol, lesquelles brisent les roches et font ressortir le gaz. Or la plupart des entreprises préfèrent tenir secrète la liste de substances utilisées ou ne la révéler qu’en partie. Les enjeux environnementaux sont déjà un sujet sensible en Roumanie, qui est confrontée à un phénomène de déforestation massive dans les Carpates. Ce sujet est d’autant plus délicat qu’une potentielle exploitation d’or à Rosia Montana, localité de Transylvanie, risque d’accentuer la pression sur l’écosystème. Dans ce contexte, pourquoi faire peser un nouveau danger sur l’environnement ? Par ailleurs, avec le gaz de schiste, la Roumanie serait particulièrement concernée par la hausse du risque de tremblements de terre, car des explorations sont prévues dans des communes non loin de zones présentant de grands risques sismiques. S’ajoutent à cela de potentiels problèmes sanitaires à cause de l’eau contaminée. Autant de raisons qui poussent à abandonner l’exploration pour se tourner vers les énergies renouvelables. Le potentiel hydro-énergétique de la Roumanie est bien connu et des progrès commencent à être réalisés dans d’autres énergies via les éoliennes ou les panneaux photovoltaïques. Les investissements dans ce type de projets sont plus sûrs et bénéfiques à long terme que ceux dans le gaz de schiste.
Un mouvement national conteste l’exploration et l’exploitation des gaz de schiste
Les conséquences d’une exploration des gaz de schiste ont été rapidement comprises par la population, aboutissant à la constitution d’un mouvement d’ampleur nationale : des manifestations ont lieu à Bucarest et dans les autres grandes villes du pays, mais aussi dans les petites communes rurales où les travaux d’exploration doivent commencer. La diversité des protestataires (jeunes, intellectuels écologistes, simples habitants du milieu rural concernés par les conséquences directes) donne de la force aux manifestations, témoignant du désaccord général de la population. L’ampleur du mouvement s’est particulièrement fait ressentir au moment où il a été décidé que le 6 avril serait la Journée nationale contre la fracturation. L’opposition des manifestants repose sur des considérations environnementales, mais le manque de transparence et le flou législatif qui entourent les décisions prises font également partie des griefs. Dans la législation roumaine, il n’existe pas le terme de « gaz de schiste ». En conséquence, tous les contrats qui légalisent l’exploration mentionnent seulement des « hydrocarbures ». Dans ce contexte, non seulement la population a le sentiment que des décisions sont prises contre sa volonté, mais elle se sent également désinformée. Ainsi, même si elle venait à débuter en Roumanie, l’exploration des gaz de schiste devrait faire face à une opposition continue et déterminée.
Si les gaz de schiste apparaissent comme une alternative énergétique ou une voie au développement économique de certaines zones, ce mirage disparaît devant le prix à payer en termes environnementaux et sanitaires. Les coûts d’une politique « fracking friendly » vont finalement bien au-delà des bénéfices attendus.
Liliana Maria Gheorghe
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