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L’or de Roşia Montană – entre enchantement économique et désillusion sociale

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Roșia Montană est un projet d’exploitation minière des ressources d’or situées en Roumanie, initié par la societé Roșia Montană Gold Corporation (RMGC). Ses actionnaires sont Gabriel Ressources (80%) et l’Etat roumain (20%). Quels sont les enjeux du projet et pourquoi tant de manifestations ?

La soif de l’or qui empoisonne la Roumanie

19/11/2013 - 17:27
Les Canadiens de Gabriel Ressources ont obtenu la licence d’exploitation à Roşia Montană, mais pas d'avis d’environnemental. Le projet est remis aujourd'hui sur la table des négociations. Les protestations des Roumains dénoncent l’implication politique dans le rachat du pays et l’impact sur l'environnement.

L’Etat roumain bénéficierait des redevances d’exploitation de 6% et environ 20% du profit total de RMGC (Roşia Montana Gold Corporation). Sous le masque d'environ 3000 créations d'emplois, la compagnie essaie de convaincre afin d’atteindre son but : une exploitation par la cyanure, la seule méthode pour obtenir le métal jaune. Après l’exploitation, le retour au chômage et le début des effets sur l’environnement se feront sentir. Cette exploitation n’est pas une solution de développement durable. Le Parlement roumain a créé une commission spéciale afin d’analyser le projet avant d’être soumis au vote. Pendant ce temps, les protestataires fêtent leur 11ème dimanche dans la rue contre ce projet pour dénoncer l’obstination politique dans cette affaire.

Un danger nommé cyanure – la voie vers un déséquilibre écologique

Le contexte est simple : toute obtention de l’or se fait par le biais du cyanure. Et l’enjeu est colossal pour RMGC – 300 tonnes d’or et 1600 tonnes d’argent. La compagnie a déjà obtenu la concession d’environ 4000 hectares, où elle se permet de reloger des familles dans d’autres villages en échange de sommes séduisantes ou encore de relocaliser les tombes des cimetières et de démolir les églises. Ces déportations forcées remettent en question l’encadrement de l’exploitation dans « l’intérêt public dans le bénéfice économique du pays » et l’Etat roumain risque de se voir pénalisé par la Cour européenne des droits de l’homme.

Par rapport à la législation européenne, une étude réalisée par l’Institut de Droit Européen de l’Université de Vienne montre que l’utilisation du cyanure viole la Directive 80/68/EEC, relative à la protection des nappes phréatiques.

Les expériences des autres pays qui ont utilisé le cyanure (surtout les Etats-Unis) montrent que des risques sont pris lors du traitement des minerais avec le cyanure de sodium. Des accidents peuvent s’y produire. Cependant, le cyanure n’est pas le seul danger. Suite au processus technologique, les eaux et les boues contiendront des métaux lourds et toxiques qui seront difficiles à neutraliser. Le projet de RMGC devrait être soumis à une analyse de l'Institut international de gestion du cyanure (IIGC) pour certifier et analyser l’usage du cyanure dans l’exploitation. RMGC n’a pas encore manifesté l’intention de se soumettre à un tel contrôle, mais prétend rédiger un plan sur la gestion du cyanure.

La pollution qui s’annonce toucherait l’atmosphère, les eaux et la terre de la région. L’exploitation à la surface engendrerait la destruction du paysage, la contamination des eaux et du souterrain et l’élimination de tout autre investissement dans la région. Roşia Montană est à ce moment déclarée site protégé.

Une arnaque qui coûte cher

Le profit de RMGC est estimé à 80%. Vu que le projet cible une zone défavorisée, le projet serait exonéré d’impôts pour une période de 10 ans et bénéficierait de réductions douanières. Les seuls impôts encaissés par l’Etat roumain seront ceux sur les salaires des travailleurs. Le bénéfice de l’Etat roumain s’élève à 580 millions de dollars pour une période de 17 ans d’exploitation tandis que la valeur de l’or est estimée à plus de 2 milliard de dollars.

Cette exploitation mettrait en danger les vestiges archéologiques peu mis en valeur mais qui représentent un fort potentiel touristique. En connaissance de cause et des craintes publiques, RMGC a financé la promotion des zones historiques de la région, mais ce financement se retourne contre le projet. Les publicités de RMGC (avec des villageois de Roşia Montană qui racontent leurs vies sans emploi) diffusées intensivement aux chaînes de télévision ont attiré un fort mépris de cette tendance à la manipulation médiatique. La crédibilité de la plupart des médias roumains a été remise en question à de nombreuses reprises.

Le « NON » déclaré de la société civile

Les Roumains ont l’habitude de protester devant la télévision, on le dit. Mais depuis déjà deux mois, à Bucarest et dans plusieurs villes, l’esprit civique semble ressuscité. « Uniţi salvăm Roşia Montană! » (trad. « Unis sauvons Roşia Montană ») est la devise des protestataires et du mouvement le plus ample d’après la chute de 1989.

A côté de la société civile, on trouve l’Académie roumaine, des ONG, des institutions d’enseignement supérieur (L’Académie d’études économiques de Bucarest) et encore des personnes publiques engagées contre ce projet de loi. Un projet initié par des ministres tels que Dan Barbu (Culture) et Rovana Plumb (Environnement), et fortement soutenu par le Premier ministre Victor Ponta.

« Uniţi salvăm » a réussi à mobiliser de nombreux manifestants notamment par le biais de Facebook. Certains parlent d’une sorte de printemps roumain vu la forte mobilisation et surtout de la population jeune. Le soutien est venu également de la diaspora roumaine. Régulièrement, des manifestations ont eu lieu devant des ambassades roumaines un peu partout dans le monde : de New York à Shanghai, de Londres à Istanbul…

Les voix des protestataires sont unanimes : ils demandent l’abandon du projet. L’alternative pour les habitants sans emploi est de déclarer la zone au patrimoine mondial de UNESCO, pour développer le site archéologique vieux de plus de 2000 ans. Le projet minier ne justifie pas de prendre de tels risques, les effets collatéraux pour l’intérêt public et l’économie nationale pourraient être à long terme catastrophiques.

A l’extérieur, une forte sympathie accompagne le mouvement contre l’exploitation minière. Pour la première fois, les Roumains ne sortent pas en grand nombre dans la rue pour des aspects économiques tels que les mesures d’austérité. Non, cette fois-ci, le mécontentement est autour d’une question environnementale et de la faiblesse politique. Le projet est toujours en cours de négociation et les milliers de protestataires ne lâchent pas. Certainement, le prochain dimanche « Uniţi salvăm » résonnera à Bucarest.

 

This article deliberately presents only one of the many existing points of views of this contorversial subject. Its content is not necessarily representative of its author's personal opinion. Please have a look at Duel Amical's philosophy.

Un enjeu socio-économique capital

19/11/2013 - 17:27
Représentant un investissement direct de plus de 2 milliards de dollars dans l’économie de la Roumanie, l’enjeu économique de l’exploitation minière à Roşia Montană est indéniable. Riche en 300 tonnes d’or et près de 1500 tonnes d’argent, c’est la zone la plus riche en or et argent de l’UE.

L’activité minière a disparu au moment de la fermeture des deux exploitations d'Etat, RosiaMin et CupruMin, laissant derrière elles 1200 chômeurs dans la zone, ce qui a mené ineluctablement à un exode vers les zones urbaines developpées (en Roumanie ou à l’étranger) et donc à un processus continu de dépeuplement et de vieilissement démographique. Imre Eckhardt, mineur à Roşia Montană explique d’ailleurs que «Les gens sont en difficulté parce que le travail est précaire dans la mine existante et nous savons que l’exploitation minière selon l’ancien système ne peut pas continuer. La nouvelle mine est la seule chose qui puisse sauver le village, et nous avons besoin d’investissements, qu'ils soient locaux ou étrangers.» Le projet proposé par RMGC sera le plus grand projet minier d’or d’exploitation en surface de toute l’Europe et, selon les estimations, permettra à la Roumanie de devenir le plus grand producteur d’or d’Europe.

Des bénéfices pour l’Etat roumain

Si on s’intéresse tout d’abord à l’Etat, les bénéfices seraient de trois ordres. Il faut premièrement mentionner que la part de 19,31% que détient la compagnie RMGC lui assure une cote proportionnelle du profit obtenu par le projet. Ensuite, une autre source directe vient des redevances minières appliquées pour la production d’or et d’argent obtenue. Enfin, les impôts et les taxes sur le profit, salaires, propriétés, taxe d’exploitation sont une autre source de bénéfices pour l’Etat. Ainsi, un des points forts essentiels de ce projet réside dans la création de plus de 2300 emplois directs pendant la période de construction de la mine et de près de 900 emplois directs pendant son exploitation. L’activité minière à Roşia Montană est également synonyme de la création des centaines d'autres emplois directs et indirects dans le cadre de la formation professionnelle pour les membres de la communauté locale.

De plus, la compagnie assure la logistique nécessaire à la réalisation du projet, respectivement des routes, une bonne infrastructure, (tout en écologisant la zone) bénéficies qui, une fois le projet achevé, demeurent la propriété de la communauté. Les gains économiques pour l’Etat roumain sont donc indiscutables.

Des avantages pour la communauté

Afin d’être sûrs que les bénéfices économiques du projet reviendront à la communauté Roşia Montană, l’entreprise a développé une politique de recours à fournisseurs locaux, leur donnant donc une position préférentielle, le tout dans le but de soutenir le développement des entrepreneurs locaux. A titre d’exemple, en 2008, les dépenses pour les biens et services au niveau de la communauté locale ont dépassé les 4 millions de RON. Au total, le projet Roşia Montană devrait générer pour l’Etat roumain des revenus d’approximativement 2,3 milliards de dollars avec un effet direct sur l’économie de la Roumanie d’environ 2,9 milliards de dollars.

Roşia Montana, un projet minier qui va au-delà d’un simple business

En prenant soin du patrimoine, le projet de RMGC est la seule solution viable et responsable. En effet, la compagnie va octroyer au moins 70 millions de dollars pour la recherche, la conservation et la valorisation du patrimoine culturel de la zone et jusqu’ à présent, 15 millions de dollars ont été mis à la disposition des chercheurs. RMGC envisage également la restauration du Centre Historique Roşia Montană et de toutes les zones protégées ainsi que le maintien des maisons classées monuments historiques. L’organisation d’un trajet touristique intégré de toutes les zones protégées est aussi à l'étude.

Il est certain que l’entreprise est de bonne foi car, en plus de générer du profit, elle offre un environnement sain aux habitants de Roşia Montană, une meilleure infrastructure, garantit l’accès à l’école et aux services d’assistance et motive les habitants à développer des habilités entrepreneuriales. L’activité minière moderne et le tourisme peuvent donc cohabiter et constituent un grand atout socio-économique.

Un projet minier soutenu par la population et le Premier Ministre

Le Premier Ministre roumain estime que la décision relative au projet Roşia Montană influence le futur de la Roumanie en tant que pays mais aussi son prestige et sa capacité à se dire qu’elle est un pays ouvert, moderne, avec un potentiel extraordinaire et qui ne revient pas aux années 1990. Le Premier ministre Victor Ponta a raison de rappeler également les difficultés engendrées lorsqu’on ne s’écoute pas les uns les autres, et à travers son projet politique de découvrir l’idée de dialogue, il veut justement donner une chance à la Roumanie par des investissements, tout en respectant des normes européennes garantissant un environnement sain.

Et les Roumains sont bien d’accord. Un sondage effectué par le CSCI au niveau national en septembre 2013 montre que pour 2/3 des Roumains il est bien plus important de créer de nouveaux emplois plutôt que de maintenir un environnement sain et propre et qu’il n’y a qu’un faible pourcentage de 21% qui militent pour la protection de l’environnement. Ces chiffres vont à l’encontre des nombreuses manifestations sans fin qui ont pris d’assaut la Roumanie entière et dont le but est peut-être dans une certaine mesure aussi politique. Plus d’une fois, le milliardaire d’origine Hongroise Soros a été accusé d’orchestrer une partie des mouvements massifs de protestation anti-Roşia Montană car beaucoup d’ONG et associations qu’il a financées au fil des années se retrouvent en première ligne dans les mouvements protestataires. On dit oui à une véritable manifestation spontanée mais on dit non à des protestations (partiellement) instrumentalisées au service d’intérêts cachés. Comme l’exprimait d’ailleurs le Premier Ministre Victor Ponta, on ne peut pas ignorer les manifestations et personne ne les a ignorées mais on ne peut pas non plus prendre des décisions seulement sur cette base. Dans un pays civilisé la place du débat s’avère essentielle et ceux qui protestent doivent le faire dans un cadre démocratique qui est le Parlement.

La Roumanie est un pays à fort potentiel économique qui a achevé sa transition démocratique, s’est ouverte sur le monde. Il présente donc tous les atouts nécessaires afin de poursuivre son développement et sa croissance économique de long terme.

 

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