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Charlie Hebdo: à qui profite le crime?

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L'attentat terroriste du 7 janvier 2015 contre Charlie Hebdo en France (suivi par d'autres attaques les jours suivants sur les forces de l'ordre et contre la communauté juive) a profondément bouleversé la France et le monde. Quelles peuvent être les conséquences de cet évènement majeur sur l'échiquier politique Français ?

Avantage aux partis de gouvernement

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01/21/2015 - 22:00
Les répercussions politiques du 7 janvier pourraient, paradoxalement, profiter aux partis traditionnels français.

Suite aux attentats du 7 janvier 2015 à Paris, de nombreux commentateurs ont été prompts à annoncer la montée de l’islamophobie et de la droite nationaliste. Pourtant, certains éléments pourraient venir contrarier cette tendance.

Une opportunité « inespérée » pour la gauche de se réapproprier les symboles de la Nation

Le patriotisme et les symboles de la France ont été confisqués par la droite nationaliste depuis des décennies. En témoignent l’effigie, l’emblème et l’hymne du Front National. Un certain nombre d’électeurs se sont portés vers cette formation politique en quête d’un référentiel, d’un socle commun face à la disparition des idéologies et – partiellement – des différentes formes de foi. Ce repère identitaire, longtemps la propriété du Front National, peut donc devenir celui de la gauche actuelle. Les Marseillaises, scandées de part et d’autres comme pour se rassurer depuis le début du mois, semblent indiquer sur quel terrain le discours doit porter. Etant aux commandes de l’Etat, de l’agenda, et détenant l’initiative de la parole, à la gauche de s’en servir habilement. 

Le rôle prépondérant des médias

On peut également compter sur le rôle des médias qui ont pu faire d’une pierre « trois coups » au cours de ces évènements. D’abord, l’attaque contre la presse a mobilisé l’ensemble de la profession qui, par réflexe corporatiste, a probablement abusé de la rhétorique sur la liberté d’expression et de la presse. De fait, et selon son rôle de mise sur l’agenda, on peut anticiper la reprise de ce discours au moment des élections, qui ne fera que mettre à nouveau en lumière la gestion de la crise par François Hollande ainsi que l’unité nationale. Ensuite, audimat et lectorat obligent, la presse a surexploité les évènements, éclipsant les discours marginaux pour mettre en exergue celui de l’union et du refus de l’amalgame, qui correspondent à la ligne de l’exécutif. Enfin, il faut convenir de la bien-pensance des médias et, par sa supposée neutralité, son soutien aux opinions modérées. Sensibilisation extrême, capacité de mise sur agenda et modération… autant d’arguments qui isoleront très certainement les positions de la droite nationaliste. Sans entrer dans une explication de sociologie politique, les médias font très souvent l’élection, est le camp semble par la force des choses d’ores-et-déjà choisi.

La gauche peut prendre le virage sécuritaire

On pourrait avancer que la question sécuritaire était un tabou pour la gauche, ancrée dans le progrès plus que dans l’ordre, laissant ce discours aux partis de droite. Cependant, dans le giron de la question de la défense du pays – car c’est bien de défense qu’il s’agit aujourd’hui et non de sécurité, les deux étant distincts – la gauche pourrait briser le tabou et récupérer un électorat. Car le thème sécuritaire a déjà fait ses preuves, produisant notamment l’affrontement du 2e tour des présidentielles en 2002. Manuel Valls devait aussi sa popularité au moment de sa nomination à Matignon à sa politique sécuritaire au ministère de l’Intérieur, tout comme Nicolas Sarkozy de 2002 à 2004. Ce faisant, il recueille 42% d’opinions favorables chez les sympathisants de droite, contre 4% seulement pour François Hollande – selon un sondage du 17 janvier. Or, c’est vers ces 42% que la gauche devra ratisser avant les présidentielles. Notons enfin que la gestion autoritaire de la récente crise par l’exécutif a fait bondir la côte de popularité du Président et du Premier Ministre.

Les erreurs politiques du Front National

« Charlie Martel », l’appel à un référendum sur la peine de mort… Si le parti nationaliste cultive son discours clivant, le moment a peut-être été mal choisi. Tenu à l’écart de la marche républicaine, il est isolé du reste des formations politiques au moment où celles-ci font bloc. Par ailleurs, le temps est à la libération de la parole (Zemmour, Houellebecq) et l’accent récemment mis sur la liberté d’expression noiera et banalisera très certainement le discours du Front national, habituellement seul sur ce créneau. La droite et l’extrême-droite, promptes à faire des amalgames entre l’immigration, la délinquance et l’Islam, voient leur rhétorique repoussée un cran plus loin : les dangers ne sont plus les incivilités quotidienne qu’ils dénonçaient, mais le terrorisme islamiste, ce qui annulerait la force de leurs propos. A cela, on rajoutera le fait que Marine le Pen a elle-même refusé tout amalgame entre la population musulmane et les actes terroristes, annulant l’ambigüité sur laquelle elle jouait depuis longtemps.

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