La Hongrie amoureuse de Poutine?
La Hongrie amoureuse de Poutine?
Depuis l’année dernière, les contacts avec la Russie se sont multipliés. La Hongrie a lancé plusieurs projets augmentant l’interdépendance entre les deux pays. Ceci exprime clairement une priorité pour le partenariat avec l’Orient, aux dépens de la coopération avec l’Union européenne.
Au début de l’année 2014, le gouvernement a signé un accord de 10 millions d’euros sur la construction de Paks 2, une nouvelle centrale nucléaire en Hongrie financée par la Russie. Cette mission a été confiée à l’entreprise russe Rosatom sans appel d’offre. C’est un geste de grande ampleur pour la Russie, mais moins favorable aux entreprises concurrentes qui n’ont alors eu aucune chance de profiter de ce projet de modernisation du nucléaire hongrois.
Il ne s’agissait pas d’un simple geste, mais plutôt d’un signe manifeste de la tendance politique actuelle. En novembre, le Parlement hongrois a accepté un projet de loi sur le gazoduc South Stream. Grâce à celui-ci 2500 km de gazoduc seront construits, permettant à la Russie d'acheminer du gaz vers l'Europe sous la mer Noire tout en contournant l'Ukraine
Ce projet de loi, visant à assurer l’accès au gaz dans les pays d’Europe centrale et orientale, a été déclaré par la Commission européenne contraire au droit européen. Et cela, même si en principe tous les États membres peuvent choisir librement leur fournisseur du gaz. Selon Bruxelles, les États membres doivent respecter les règles du marché intérieur et de la concurrence, afin d’empȇcher la dominance d’un fournisseur dans le secteur, dans ce cas-là de la Russie.
Le gouvernement hongrois a annoncé qu’il ne cédera pas à l'opposition de l’Union européenne, et que la Hongrie aura besoin de ce nouveau gazoduc au cas où la crise ukrainienne s’aggrave. Il est clair que pour le gouvernement hongrois les besoins et les conséquences économiques priment sur les conséquences politiques. Ainsi, il n’a pas hésité à contribuer au renforcement de l’influence de la Russie en Europe centrale et orientale, ainsi qu’à l’affaiblissement géostratégique de l’Union européenne dans l’affaire ukrainienne.
La Russie comme exemple ?
Le gouvernement hongrois paraît impressionné par les succès de la Russie de Vladimir Poutine, et il n’hésite pas à en parler. Il considère que l’Union européenne est trop bureaucratique et incapable de prendre des décisions efficaces; alors que le Kremlin peut assurer le succès de sa nation par ses décisions centralisées. Dans son discours de Tusnádfürdő de juillet 2014, le premier ministre hongrois, Viktor Orbán, allait jusqu’à présenter ce régime comme un exemple à suivre.
L’intérêt de la nation
En réponse aux accusations qualifiant le gouvernement hongrois « russophile », le Premier ministre hongrois a répondu que « la Hongrie est seulement amie de la Russie », c’est-à-dire que ses actes sont dictés par ses propres intérêts. Il a rendu clair que ce qui importe n’est que l’intérêt économique de la Hongrie, ce que le pays ne voudrait pas sacrifier sur l’autel des sanctions de l’Union européenne envers la Russie. Le pays souhaite utiliser toutes ses possibilités, y compris celles résidant dans une coopération russo-hongroise.
D’une part, Viktor Orbán a raison vu que les décisions économiques déterminent le futur d’un pays mais, d’autre part, les intérêts économiques ne peuvent pas primer sur les valeurs démocratiques et sur l’engagement international déjà existant de la Hongrie.
Dieser Artikel präsentiert bewusst nur eine der zahlreichen, divergierenden Meinungen zu diesem kontroversen Thema. Sein Inhalt entspricht nicht zwingendermaßen der persönlichen Meinung seines Verfassers. Bitte sehen Sie hierzu Die Philosophie von Duel Amical.
La Hongrie coupable comme les autres?
Une partie des médias et les experts hongrois évoquent, avec une grande fierté, le projet de nucléaire russo-hongrois. Certains vont même jusqu’à dire qu’il s’agit de l’événement le plus important des quatre années du précédent gouvernement de Viktor Orbán. En termes d’investissements, l’accord entre le gouvernement hongrois et l’entreprise Rosatom s'élèverait à 10-12 milliards d’euros pour une période de trente ans. Cela représente 10% du PIB hongrois par an, et promet de créer des milliers d’emplois. D’où l’importance économique et stratégique de la transaction.
Malgré ces objectifs prometteurs, la coopération est fortement critiquée entre autres par Bruxelles. On suggère que, n’ayant pas procédé à un appel d'offres avant de conclure l’accord avec l’entreprise russe, la Hongrie a violé les règles européennes de la concurrence. En plus, le premier ministre hongrois est souvent critiqué pour avoir mis sous « caution la moitié du pays », car cette transaction augmente la dette extérieure de plus de 10%. Il faut également admettre que l’accord entre les deux pays, datant du début 2014, intervient à un moment où le gouvernement hongrois est considéré comme de plus en plus eurosceptique.
Les intérêts économiques primant sur les valeurs démocratiques
En même temps, il faut voir que de tels types d’accords ne sont pas inédits en Europe. Il ne s’agit pas d’une particularité hongroise. En effet, la compagnie Rosatom a également signé un premier contrat avec la Finlande pour la construction de la centrale nucléaire Hanhikivi.
Ab ovo, nous sommes capables de trouver pleins d’exemples où l’Union européenne, ou bien certains de ses États membres, ont tissé des liens forts avec des pays plus ou moins autoritaires. Les relations entre l’Union européenne et l’Arabie saoudite, voir la Chine, sans oublier l’amitié franco-libyenne en sont des exemples. Et il n’est pas tout-à-fait évident que la Russie doive être placée au sein du groupe des pays autoritaires. Certains hommes politiques, tel que l’ancien chancelier allemand Gerhard Shröder, arrivent à considérer Vladimir Poutine comme un parfait démocrate. Il faut voir clair : l’acceptation du système russe par les dirigeants d’un pays dépend plus de ses intérêts économiques et géopolitiques, que de la situation des libertés publiques en Russie.
Un accord logique et conséquent
Il est d’autant plus injustifiable de tirer des conclusions trop poussées de ce simple accord de l’élargissement de la capacité nucléaire, qu’à l’époque communiste, l’intégralité de la centrale a été construite par les russes, et rien n’est plus logique que de poursuivre avec la même technologie.
De la même manière, l’approfondissement de la coopération russo-hongroise se fonde sur des réalités financières et économiques objectives. Compte tenu des problèmes économiques durables au sein de l’UE, les offres russes pouvaient être plus avantageuses pour la Hongrie; surtout, qu’au moment de la conclusion de l’accord, la Russie ne connaissait pas encore la crise économique qui vient d’éclater tout récemment. De ce point de vue, l’absence d’offre publique n’a que peu d’importance. Effectivement, il est fort probable que même la France, l’un des leaders mondiaux dans la production de l’énergie nucléaire, n’aurait pas été prête à engager des fonds comparables à l’investissement russe dans la centrale hongroise.
Nous pouvons sans doute regretter qu’en politique les intérêts priment souvent sur les valeurs. Mais, il ne s’agit point d’un phénomène hongrois. La balance des intérêts ainsi que les activités de lobbysme sont au cœur du processus de la prise de décision, tant en Europe que dans les autres coins du monde.
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