Sebastian Meinhof
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Traduit par: Sebastian Meinhof
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2013. Mars 20. 14:19
En comparaison avec le 3 octobre, le 9 novembre est l'occasion pour les médias de présenter un récapitulatif de quelques événements historiques. Il serait dans l'intérêt de l'Allemagne de changer sa fête nationale et d'enfin reconnaître la signification différente des deux dates historiques.
Le fait qu'en Allemagne même, le 3 octobre soit l'objet de peu de respect est devenu clair en 2004 quand le chancelier fédéral de l'époque Gerhard Schröder proposa de plutôt célébrer la fête nationale le premier dimanche d'octobre. Un jour férié de moins par an pour encourager la croissance économique, telle fut la justification. Mais une journée de travail supplémentaire dans l'année, ce fut évidemment catégoriquement refusé par la population allemande.
Ainsi, le 3 octobre laisse jusque'à ce jour les Allemands assez "froids". Des cérémonies ont lieu devant la chancellerie et le Parlement fédéral – le reste de la République en prend note. Le drapeau noir-jaune-or est hissé devant les institutions de l'État – les gens passent devant. Mais une telle façon d'appréhender le jouir de la fête nationale n'est pas sans dangers.
La conscience nationale des Allemands est actuellement atteinte. En tant qu'Allemand pourtant, on doit bien trop souvent défendre sa nationalité à l'étranger. Ou bien l'on essaie de la taire complètement. Car même alors que presque trois générations sont passées depuis la fin de la seconde guerre mondiale, de l'Allemagne sous régime nazi et de la tentative d'anéantissement des Juifs, le fait de se dire Allemand devant des non-Allemands est avant tout associé avec le génocide, la dictature prusso-nazie et la responsabilité dans le déclenchement et le déroulement de la guerre. Néanmoins, si cela fut pendant des décennies un mécanisme international jute et nécessaire, de nos jours le danger est grand de nier tout sentiment national sain, comme il est vécu dans d'autres pays comme le Royaume-Uni, la France ou les États-Unis.
L'Allemand, ainsi que son État, agit par suite de façon maligne. Il ne prend pas au sérieux la responsabilité qu'il a en tant que membre de la communauté internationale, ou uniquement de façon limitée. Il en est ainsi en matière de problèmes internationaux, d'interventions militaires de l'OTAN ou de la lutte cotre le terrorisme ainsi qu'en ce qui concerne la gestion "germano-européenne" de l'Europe lors de la crise de la zone euro. Dans la mesure où les gens en Allemands ne peuvent pas être fiers de leur système moderne, alors il ne peuvent pas bien remplir leur fonction en Europe et dans le monde. Dans ce sens, un jour de la fête nationale non célébré et ainsi un État dont les performances ne rendent pas ses citoyens fiers pose un problème.
*Le 9 novembre est le bon jour
Mais pourquoi le 9 novembre ? D'abord, il faut évoquer certains événements historiques : la double proclamation de la République "socialiste" et "allemande" par Scheidemann et Liebknecht en 1918 ; en guise d'intermède, la tentative ratée de coup d'État par Hitler en 1923 à Munich ; le grand pogrom envers les Juifs par l'Allemagne nazie en 1938, qui détruisit des centaines de synagogues et de magasins juifs et représenta un pas important vers le meurtre de six millions de Juifs ; et finalement la chute du Mur de Berlin au soir du 9 novembre 1989, qui n'eut pas comme unique conséquence l'unité allemande mais aussi l'ouverture du Rideau de fer et la fin du conflit Est-Ouest. Et que se passa-t-il le 3 octobre 1990 ? L'entrée de la République démocratique allemande dans le giron fédérale prit une dimension légale – ce qui était en pratique de toute façon le cas depuis longtemps.
En conséquent, une ambitieuse reconnaissance officielle de l'importance de cette date et de l'attribution à cette dernière du statut de fête nation ale contribuerait à la la conscience historique et à une plus forte dignité des Allemands.
Le fait que les 9 novembre 1918 et 1989 soient de grands jours pour l'État allemand uni, organisé selon les principes de la République ne rentre même pas en question. La date de l'entrée en vigueur de l'appartenance du territoire de l'Allemagne anciennement dite "de l'Est" au domaine de l'Allemagne "de l'Ouest" n'est donc qu'un pâle prétexte. Mais qu'en est-il des 9 novembre 1923 et surtout 1938 ? Les événements qui se sont déroulés ces deux années sont-ils une raison pour ne pas déclarer le 9 novembre jour de la fête nationale ?
Pourtant, même dans de telles conditions, le 9 novembre 1923 doit continuer à être vu comme un jour au cours duquel la première République allemande a été défendue avec réussite et a ainsi pu survivre dix années supplémentaires. En ce qui concerne le cas du 9 novembre 1938, cette date n'est pas irrévérencieuse envers les six millions de Juifs assassinés, mais bien au contraire, c'est un moment de mémoire. Pourquoi ? C'st simplement une caractéristique d'un jour de fête nationale. La fonction principe d'une fête nationale n'est justement pas de fournir l'occasion d'une fête mais bien plutôt celle d'un souvenir. La "vieille" République fédérale d'Allemagne déjà avait cette conception d'un jour d'État, car elle l'avait appliqué au 17 juin 1953, jour de l'intervention de trouves soviétiques en République démocratique allemande et la répression sanglante du soulèvement qui s'y déroulait. Dans cette perspective, el 18 juin servait de souvenir pour l'un des événements les plus terribles de l'histoire récente du pays. Ce n'était pas un jour de fête, mais de larmes et de souvenirs, qui visait le but de former une République fédérale réunie. Et c'est exactement de cette manière que la communauté juive, et tous les Allemands, devraient comprendre cela une fois pour toute : un jour de cérémonies officielles pour se souvenir des étapes joyeuses de la construction de l'État mais aussi de ce que justement cet État a commis de plus horrible. En cons"quelque, le 9 novembre doit et peut seulement renouveler et conserver vivante la mémoire des meurtres de masse – de façon bien différente du 3 octobre donc, qui accélère bien davantage l'oubli des événements historiques.
Ainsi, le 9 novembre est une bonne base pour la mémoire nationale et pour un renouveau de l'honneur du pays. Il contribuerait à une nouvelle Allemagne, qui construit l'avenir sans oublier le passé.
À peine soixante-dix ans après la fin de la seconde guerre mondiale, les Allemands doivent recouvrer leur droit d'éprouver une conscience nationale "saine". L'attribution au 9 novembre du statut de fête nationale allemande serait dans ce sens une réforme pleine de sens et de force. Elle n'est pour le moment pas à l'ordre du jour, mais il serait d'intérêt général de l'y inscrire.