Gábor Vona mène-t-il le Jobbik dans la bonne direction ?

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Le Mouvement pour une meilleur Hongrie (Jobbik) a subi un changement de profil important ces dernières années. Ce changement spectaculaire sera-t-il bénéfique pour le Jobbik lors des élections de 2018?

Quand le chemin de la facilité et le droit chemin se séparent

Auteur
Anonyme
12/02/2018 - 17:40
Cela peut- il être bénéfique pour un parti d’aller à l’encotre de son identité politique qui certes, lui donnait une base électorale solide, mais ne l’a jamais conduite à la victoire désirée? Serait-ce une bonne idée de réformer voire même de mettre complètement à côté sa politique rigide et son attitude autoritaire afin d’enfin obtenir du succès dans la compétition des parties démocratiques ? Selon moi, oui.

A mon avis, bien que le Mouvement pour une meilleure Hongrie (Jobbik) ait subi une blessure grave au sein de la compétition politique, cela ne signifie pas qu'il a d’avance tout perdu face à son concurrent qui, en s’identifiant avec le gouvernement actuel, a même désormais certaines des caractéristiques politiques du parti unique. Tout comme il est possible d'obtenir le plus grand élan sur les pentes entre les collines, il est également possible de briser de plus bas comme le font, à mon avis, Gábor Vona et le Jobbik. Il est évident pour tout le monde que le Jobbik n’a pas du tout débuté sa carrière comme un parti acceptable par le grand public. Il faut admettre qu’au moment de sa fondation, le Mouvement pour une meilleure Hongrie a commencé son parcours en tant que parti radical d’extrême droite. Politiquement, à la suite de la chute des gouvernements de gauche en 2010, il a réussi à réunir ses 47 candidats parlementaires - au sein d’un Parlement ayant à cet époque 386 membres - mais à long terme cela n’a pas suffi pour que le parti devienne un véritable opposant politique. Bien qu’en 2014 leur participation parlementaire ait augmenté de 16,67% à 20,3%, en raison de nouvelle répartition des circonscriptions, le Jobbik n’a conservé que 23 parlementaires.

Même si l’équipe de Vona était satisfaite de cette croissance à la signification peu importante - ne sachant pas si c’était suite à la suggestion du président du parti ou du personnel de leur équipe de communication – le Jobbik a tout de même initié d'importants changements au cours des législatives de 2014.

Bien que la crise migratoire de 2015 ait pu conduire à une radicalisation et à une xénophobie plus poussées, Gábor Vona et son parti n'ont pas pris cette direction. Beaucoup de gens disent que c’était une erreur de la part de Jobbik de ne pas s’engager au début de la crise migratoire sur ce terrain conformément aux attentes de la plupart de ses partisans. C'est peut-être parce que le Fidesz l'avait déjà fait et que le parti d’opposition ne voulait pas partager le même point de vue que le parti au pouvoir. Mais il se peut aussi que le Jobbik l'ait fait avec une réelle conviction. Le fait est que le parti a abandonné son caractère non-opportuniste et idéalpolitique et a débuté un chemin populiste.

Etait-ce une bonne décision?

C'est ainsi que nous sommes revenus à la question initiale : Gábor Vona mène-t-il le Jobbik dans la bonne direction ? Est-il juste d'avoir dévié de la feuille de route qui a été dessinée pour son parti par ses partisans, ayant une idéologie plus radicale, mais qui lui assurait une base électorale solide ? Peut-être que beaucoup de gens considèrent que la réponse est « non », mais à mon avis, c'est «oui». Bien que je me considère comme un homme conservateur de droite, je ne pourrais jamais m’identifier avec le radicalisme ayant des aspects de nationalisme extrême, parfois même raciste du Mouvement pour une meilleure Hongrie. A mon avis, tout comportement politique extrême n'est pas nécessaire dans une démocratie. Le premier rafraîchissement est intervenu avec un changement dans sa devise « Le futur ne peut être arrêté ! », qui était intrinsèquement sympathique, contrairement à ses moyens d’action qui eux étaient déjà moins attractifs. Je crois que dans un Etat de droit démocratique, tous les partis doivent maîtriser l'art du compromis. Les mouvements politiques extrêmes qui rejettent toute forme de compromis et d’accord n'ont pas leur place dans ces Etats. Le Jobbik a probablement compris pourquoi le nombre de leurs électeurs stagnait ainsi. Il est très difficile pour un parti radical de se faire valoir dans les États de droits modernes, même en Hongrie. Peu importe combien il insiste sur ses principes, il n'y aura pas de changement de gouvernement avec 20% puisque dans la société hongroise le passé du précédent Jobbik de 2015 est loin de faire l’unanimité.

Avec des yeux professionnels aussi

Egalement d’un point de vue d’un étudiant en science politique, je trouve avantageux le redressement du Jobbik puisque, comme je l'ai mentionné plus tôt, pour qu'un parti puisse se faire valoir à long terme – bien qu’il soit antipathique pour les hommes de tous les jours- les compromis sont nécessaires. A mon avis, avec le fait que le Jobbik ait modéré ses opinions politiques et se soit délivré des éléments extrémistes et de ses anciens politiciens, il est considérablement plus proche de la création d'une nouvelle coalition gouvernementale rassemblant les deux côtés de la gauche et de droite, qui pourrait alors même remplacer la coalition gouvernementale actuelle. A ce titre, le Jobbik, en tant que principal parti d'opposition, deviendrait le membre directeur d’une coalition et le rêve de Gábor Vona de devenir premier ministre pourrait se transformer en réalité. Toutes les personnes sceptiques quant à la possibilité de créer une telle coalition peuvent se rappeler la manifestation de l'opposition le 15 décembre 2017, qui a été initiée par le Jobbik, à laquelle se sont joints des partis diamétralement opposés au Jobbik comme la „Politique peut être différente’ (LMP), Ensemble – Le parti de l’Ere des transformateurs et le Mouvement Momentum. Comme l'a dit Róbert Puzsér lors de la manifestation, le "skinhead, le gitan et le rabbin se sont réunis pour sauver l’Etat de droit. Ceux qui à la suite d’un tel événement historique transmettaient un sentiment de solidarité et d’unité - même si celui-ci n’amènera vraisemblablement pas de coopération électorale - doutent encore que le Jobbik pour une meilleure Hongrie et Gábor Vona, malgré leurs changements de profil politique, puissent trouver leur place dans un Etat de droit en voie de développement.

 

Cet article présente intentionnellement un seul parmi les différents points de vue existant sur cet enjeu. Son contenu ne reflète pas nécessairement l'opinion personnelle de l'auteur. Je vous invite à prendre connaissance de la philisophie de Duel Amical.

La droite a tourné à gauche : c’est difficile à justifier !

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12/02/2018 - 17:40
Jobbik (signifiant « mieux », abréviation de « Mouvement pour une meilleure Hongrie ») a vu le jour en 2003 en tant que parti radical d'extrême droite, mais au cours des dernières années, il a considérablement adouci sa politique. Gábor Vona, le leader de Jobbik, tente désormais de former une alliance avec la gauche dans l'espoir d'une victoire aux élections législatives de 2018. Quelques commentaires sur la politique à deux visages du Jobbik.

« Nous avons été déçus de voir comment les partis fondés après 1990 ont rapidement volé en éclats, se sont corrompus et vidés, retournant leurs vestes et s'écartant de leurs lignes philosophiques originelles. » précise Le Mouvement Jobbik dans sa Charte Fondatrice d’une Meilleure Hongrie (« Manifeste»).

Politique de la girouette et déviations

Seulement quelques-uns remarqueront que la citation ci-dessus est au passé. Cependant, considérant le déplacement de Gábor Vona vers la gauche, il n’est pas improbable que ce choix du passé fut intentionnel ! Les fondateurs du Mouvement ont certainement été déçus d'observer les phénomènes susmentionnés uniquement jusqu'à ce qu'eux-mêmes entrent en politique.

La question est de savoir ce que les désormais anciens électeurs du parti ont à dire au sujet des reliquats du Jobbik. Ils doivent, sans aucun doute, être déçus tant il est difficile d'expliquer comment un parti auparavant radical s'est tourné vers la gauche après sa tentative ratée de devenir un parti populaire. Déception d’autant plus grande si nous prenons en compte d'autres déclarations du Manifeste. Par exemple, le Jobbik aspire à être « la conscience de l’actuel gouvernement de droite au Parlement ». La conscience est une ligne directrice morale, un ensemble de valeurs qui sert de référence permanente pour déterminer si nos actions sont bonnes ou mauvaises. Un point de référence permanent n’est pas censé dévier, en tout cas certainement pas, soyons honnêtes, de droite à gauche. En parcourant le Manifeste, on peut découvrir que « le principal défi pour le mouvement Jobbik pour une meilleure Hongrie est d’évincer les successeurs du parti communiste et les extrémistes libéraux». Après la rencontre avec la gauche dans le café Spinoza, les électeurs ont tous le droit de penser que l'histoire de Jobbik est elle aussi marquée par des déviations.

 Première explication

Mais ne soyons pas si dur ! Donnons-nous une chance de plus pour trouver d'autres explications sur le comportement du Jobbik, que leur politique consistant à vider le parti de son essence. Mentionnons donc toutes les raisons qui pourraient expliquer, aux anciens électeurs du Jobbik, comment un parti radical d'extrême droite peut se joindre à la gauche après avoir échoué à devenir un parti populaire.

Gábor Vona a peut-être lui-même reconnu que le Jobbik ne respecte pas son Manifeste, selon lequel le parti veut « montrer la vision de la nation pour l'avenir, ainsi notre programme politique représentera la nation entière ». Il a découvert que le racisme et l'antisémitisme ne peuvent guère représenter la nation entière. Pour résoudre cette contradiction, Vona serait maintenant disposé à représenter la gauche aussi. Le problème est qu'il exclut toujours les nombreux électeurs du Fidesz-KDNP (coalition gouvernementale actuelle).

 Deuxième explication

Gábor Vona a reconnu qu'il n'a pas réussi à atteindre l'objectif principal énoncé dans le Manifeste, à savoir "évincer les successeurs du parti communiste et les extrémistes libéraux" de la politique. Il a changé sa tactique et tente désormais d'infiltrer ses nombreux ennemis pour les déranger de l'intérieur. Un plan intelligent - nous devons l’admettre -, mais alors, quid de l'apparence ouverte et sincère du Jobbik?

Une meilleure Hongrie est déjà là, il n'y a donc plus besoin du Jobbik

La véritable explication est que Gábor Vona abandonne toute morale et essaie d'agir selon une logique consumériste : "Si je n’aime pas ceci, je vais trouver autre chose". Il abandonne simplement ses anciens électeurs, parce qu'ils ne pouvaient pas lui fournir assez de votes. Il est vrai qu'auparavant, le Jobbik prétendait détecter de multiples problèmes dans la société hongroise et, en promettant de les résoudre, le parti a su s'adresser à suffisamment de citoyens pour entrer au Parlement européen en 2009 et au Parlement en 2010. Cependant, depuis cette date, la belle dynamique du Jobbik s’est enrayé, Vona a perdu son intérêt pour ses électeurs, qui l'avaient pourtant soutenu et avaient même réussi à faire entrer son parti au Parlement. Ainsi, il ne veut pas résoudre les problèmes, il veut juste prendre le pouvoir. S'il ne l'a pas fait avec ses anciens électeurs, il en trouvera de nouveaux. Il est vrai que « avoir un meilleur avenir » est une bonne chose, mais avoir la chaise de velours du premier ministre est encore plus attrayant. Il est cependant légitime de se demander, si Vona pouvait, d'une manière ou d'une autre, être Premier ministre, ce qu’il ferait du pays qui lui serait confié. Si ses propres intérêts le dictent ainsi, remplacerait-il son pays, comme il a remplacé ses électeurs ?

Gábor Vona a reconnu que tandis qu'il profitait de milliers de personnes vulnérables en vendant de fausses « vérités » et de faux espoirs en échange de confiance et de votes, le Fidesz a placé la Hongrie sur la voie de la prospérité par des actions gouvernementales tangibles et professionnelles. Il doit être difficile pour Vona de comprendre que le Premier ministre Viktor Orbán a stabilisé la Hongrie et a ainsi achevé le « changement de régime » le 25 avril 2011, tout en augmentant le bien-être et protégeant le pays contre plusieurs menaces (accident d'usine d'aluminium Ajka, blizzard du 15 Mars l'an passé, la crise migratoire, les doubles standards de Bruxelles ou les tentatives libérales impérialistes) et en renforçant l'unité nationale. Il nous a apporté une meilleure Hongrie. Le programme du Jobbik est donc devenu inutile, caduc.

La position de la Hongrie s'est stabilisée au cours des huit dernières années, un véritable changement de régime s'est produit en 2011 et le gouvernement Fidesz-KDNP avec Viktor Orbán en tête a créé de fait une meilleure Hongrie. L'effondrement du soutien au Jobbik l'indique, car il est bien connu qu'un parti radical ne peut guère prévaloir dans un état de droit moderne, ce qu’est la Hongrie actuellement. Gábor Vona, leader d'un parti de plus en plus apathique avec une politique futile, s'accroche donc désespérément au pouvoir. Pourquoi ? La réponse se trouve elle aussi dans le Manifeste du Jobbik: "De nos jours, l'égoïsme humain définit la voie du monde". Même si cette affirmation n'est pas si catégoriquement vraie pour le monde entier, elle l’est certainement pour certains dirigeants du Jobbik.

Cet article présente intentionnellement un seul parmi les différents points de vue existant sur cet enjeu. Son contenu ne reflète pas nécessairement l'opinion personnelle de l'auteur. Je vous invite à prendre connaissance de la philisophie de Duel Amical.

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